Quand Wallis et Futuna se rappellent au bon souvenir de la métropole

Oubliées à 22.000 kilomètres de Paris, les deux îles aux trois rois se sont retrouvées sous les feux de l'actualité, le vote de leurs militants UMP n'ayant pas été pris en compte.
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Merci l?UMP! Parce que les votes de ses militants de Wallis-et-Futuna n?ont pas été pris en compte dimanche dans le comptage final du scrutin pour la présidence de l?UMP, les deux îles se retrouvent exceptionnellement sous les feux de l?actualité. Certes, les votes des militants de la Nouvelle-Calédonie et de Mayotte ont également été «oubliés». Mais le pays d?outre-mer (POM) et le département d?outre-mer (DOM) n?ont pas besoin de ce type de psychodrame pour se rappeler au bon souvenir de Paris.

Petit rappel, le clan Fillon affirme que les votes des militants UMP de Nouvelle-Calédonie, Mayotte, de Wallis-et-Futunades et des autres territoires français dans le Pacifique et l'océan Indien ont été oubliés dans le comptage. Selon eux, cette nouvelle donne fait basculer le vote en faveur de leur candidat, avec 26 voix d'avance sur Jean-François Copé. "Dans le calcul final, 1304 militants ont été privés de leur choix. Leur réintégration conduit donc à 88.004 voix pour François Fillon, et Jean-François Copé 87.978 », a déclaré le député Eric Ciotti, le directeur de campagne de François Fillon."

La collectivité la plus éloignée de la métropole

Cette actualité nous permet de donner un petit coup de projecteur sur ce qu?est cette petite partie de France. Situées à 22.000 kilomètres de Paris, en plein océan Pacifique, les îles de Wallis et Futuna sont la collectivité la plus éloignée de la métropole. En 2008, 13.445 habitants y étaient recensés dont 9.207 à Wallis (68,47%) et 4.238 à Futuna (31,52%). Pour la première fois depuis plus d?un demi-siècle, la population a diminué par rapport au recensement de 2003. A cette date, les deux îles comptaient 14.944 habitants.

Sur le plan politique, Wallis et Futuna sont constituées de trois monarchies traditionnelles : le royaume wallisien d'Uvéa et les deux royaumes futuniens de Sigave et d'Alo, ces deux dernières n?étant pas des monarchies héréditaires mais électives : ce sont les familles nobles, les Aliki, qui désignent ou destituent les rois. Chaque roi - Lavelua à Wallis, Tu'i Agaifo et Tu'i Sigave ou Keletaona à Futuna - compétent en matière de droit coutumier, est assisté d'un premier ministre et de cinq ministres. Il nomme les chefs de district, qui ont eux-mêmes autorité sur les chefs de village et dispose d'une dotation annuelle.
Kapeliele Faupala, le Lavelua, c'est à dire le roi de Wallis a été intronisé le 25 juillet 2008 à Mata-Utu sur l'île d'Uvéa.

Trois monarchies traditionnelles

Ces trois monarchies traditionnelles gouvernent avec des conseils élus et le représentant de l'État français, qui porte le titre d?administrateur supérieur. Wallis et Futuna disposent d?une assemblée territoriale composée de vingt membres élus pour cinq ans au scrutin de liste à la représentation proportionnelle. Il existe cinq circonscriptions électorales, trois à Wallis, une dans chacun des deux Royaumes dans l'île de Futuna.

Le pouvoir judiciaire en matière pénale et civile est détenu par l'unique tribunal de première instance qui est compétent pour tout le territoire et dont le siège est à la préfecture de Mata-Utu, à Wallis.
Dans le domaine économique, c?est plutôt le calme plat. « Le développement économique et social du territoire est contraint par des handicaps naturels et structurels, accentués par plusieurs facteurs : un coût du transport élevé, l'éloignement des marchés potentiels, la faible taille du marché intérieur, des coûts de production supérieurs à ceux observés dans les pays voisins », notait le Sénat dans le document présentant le projet de loi de finances 2012.

Le PIB de Wallis et Futuna est essentiellement non marchand. Il représente 75 % de la valeur ajoutée totale alors que dans les autres collectivités d'outre-mer, le PIB non marchand ne présente qu'un tiers du PIB total. En effet, le secteur administratif concentre plus de la moitié de la création de richesse (54 % du PIB). Par ailleurs, plus de 70 % de l'emploi salarié déclaré provient de la fonction publique et semi-publique.

« L'emploi public a été considérablement accru depuis le milieu des années 1970. Cette politique a atteint ses limites, compte tenu du poids de la masse salariale au sein du budget territorial, sans que le relais en matière de recrutement n'ait pu être assuré par le secteur privé », explique la chambre haute du Parlement.

On recensait 68 chomeurs en 2010 !

Dans le secteur privé, l'économie locale est concentrée autour de trois secteurs d'activité : le commerce, les services marchands et la construction. En 2010, ceux-ci totalisent les deux tiers du nombre d'entreprises en activité.

Concrètement, évalué en 2008, à partir des données de l'année 2005, le PIB de Wallis et Futuna a été évalué à environ 1,8 milliards de francs CFP par habitant, soit un peu plus de 15 millions d?euros. S?élevant à 10.148 euros, le PIB par habitant se situe au-dessus des petits États et territoires de la zone, mais au-dessous de la moyenne atteinte dans l'outre-mer français. En 2010, 2.007 salariés étaient recensés sur le territoire selon les dernières statistiques de la Délégation générale à l'outre-mer. Quant au nombre de chômeurs, il s?élevait à 68, contre 110 en 2009, soit une chute de 38,2% de leur nombre en un an !

Une balance commerciale structurellement déficitaire « Ces particularités expliquent que la balance commerciale du territoire soit structurellement déficitaire, du fait de la quasi-absence d'exportations et de la forte dépendance des populations aux produits importés. L'augmentation des importations dans toutes les catégories de produits en 2010 témoigne d'ailleurs d'une reprise économique encourageante après une année 2009 particulièrement morose.

Un paradis fiscal français

A noter, une partie des recettes publiques de Wallis et Futuna est constituée par la taxe annuelle forfaitaire sur des sociétés extraterritoriales, qui n'ont aucune activité sur leur territoire de Wallis et Futuna, appelées aussi sociétés « offshore »? Leur implantation sur ce petit territiore leur permet d'échapper à la plupart des impôts et taxes en vigueur en France comme la TVA, l'impôt sur le revenu, l'impôt sur les sociétés, l'impôt de solidarité sur la fortune, les droits de succession... Les deux îles sont également spécialisées dans les pavillons de complaisance pour les paquebots de croisière.. Ces pavillons également appelés pavillon de libre immatriculation permettent d'immatriculer un navire dans un pays qui offre la possibilité à ces propriétaires de placer leur bateau sous leur juridiction. Le choix par les armateurs de ce pavillon s'explique par son caractère peu contraignant en matière de fiscalité, de sécurité du navire ou de droit du travail.

Un peu d?histoire

Depuis quand la drapeau français flotte au dessus de cet archipel ? Depuis le 5 avril 1887, date de la signature par la reine Amalia de Wallis d?un traité de protectorat ratifié par la France. L?année suivante, les rois d'Anise Tamole pour Sigave et ceux de Futuna, Malia, Soane, Musulamu pour Alo demandent eux aussi leur rattachement à la France.


 

Commentaires 3
à écrit le 27/11/2012 à 22:45
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Je pense qu'il y a une erreur : "On recensait 68 chomeurs en 2010 ! " Il y a que 45% de la population qui travaille http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_id=ip1251

le 19/09/2014 à 12:53
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C est l état qui est dopé par la fiscalité immobilière ( 60 milliards de recettes contre 40 milliards d aides à la pierre) , fiscalité la plus lourde du monde , contradictoire car elle a généré la bulle immobilière et génère tout un ensemble de lois...

le 24/09/2014 à 10:00
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c est normal qu un particulier cherche une carotte fiscale pour investir dans l immobilier ..vu le degré de protection des locataires , les taxes les charges ...louer est un metier risquer..sans incitation fiscale personne n investirait ! si on faisa...

à écrit le 22/11/2012 à 17:12
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Ces DOM-TOM coûtent une fortune et sont diriges en fait la franc maçonnerie. L?Allemagne a eu le bonheur de s'en debarasser en 1919. En 1989 elle a récupéré la RDA. Ces territoires ont été remis a flot alors que la France ne cesse de sombrer.

le 23/11/2012 à 0:33
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@Gilles1: révision de l'Histoire. Je ne crois pas que les Allemands se soient «débarrassés» de ces colonies, mais plutôt qu'elles ont été « confisquées ».

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