Christine Lagarde aux femmes : "Ne lâchez rien ! "

À Washington, la directrice générale du FMI garde un regard sur les Françaises, entrepreneuses et managers qu'elle a soutenues et soutiendra. Entretien exclusif.
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LA TRIBUNE - Dans un entretien accordé à La Tribune&Moi alors que vous étiez " Bercy, vous avez déclaré : « La réussite n'est jamais acquise. C'est un combat perpétuel. Je suis profondément pénétrée de la nécessité d'avancer pas à pas. » Est-ce qu'aujourd'hui, à la tête du FMI, c'est toujours votre conviction?
CHRISTINE LAGARDE -
Je n'ai pas changé. On doit constamment se remettre en question. Ne jamais considérer que le succès est acquis, et qu'une fois parvenu en haut de n'importe quelle échelle, on a fait ce que l'on devait. Cette philosophie me vient de mon enfance. Mon père nous répétait « rien n'est dû, tout est devoir ». On ne peut jamais se contenter d'avoir fait le job. Chaque journée est une bataille.

Vous voyagez énormément, renforcez votre connaissance internationale. Diriez-vous que partout, dans le monde, les femmes aujourd'hui gagnent en visibilité?
Elles gagnent en visibilité, oui, mais pas partout. Dans certains pays, les femmes n'ont ni la place, ni la liberté de choix qu'elles devraient avoir. Dans des pays en transition, mais aussi dans des pays avancés, comme le Japon qui vient d'engager des vrais progrès pour permettre aux femmes d'accéder au monde du travail et d'obtenir des postes de direction dans des entreprises. Je ne parviens plus aujourd'hui à m'ôter de l'esprit le problème de l'accès à l'éducation pour les jeunes filles dans des pays comme l'Afghanistan. En Inde, la sécurité des femmes n'est pas garantie. La visibilité dans des pays avancés progresse, on le voit avec la participation des femmes aux parlements, la gestion des entreprises, mais ce n'est pas une généralité. En Chine, parmi les banquiers, les chefs d'entreprise, les cercles gouvernementaux, je ne croise pas beaucoup de Chinoises. Je n'ai jamais rencontré une femme à la banque centrale de Chine.

Ceci étant, au FMI vous vous trouvez de nouveau confrontée à un monde d'hommes. Vous avez déclaré: « À compétences égales, je privilégie toujours les femmes. [...] Pouvoir casser un peu les plafonds, c'est important. » Est-ce toujours le cas? Comment faites-vous?
Au FMI, nous avons des objectifs chiffrés de réalisation. On vient de lancer le programme de recrutement annuel des jeunes économistes talentueux. Et, de mémoire, nous allons recruter 156 femmes parmi les 306 économistes. Les objectifs chiffrés sont formidables, car ils permettent d'avancer plus vite. La France en a fait la démonstration avec le dispositif de la loi Copé-Zimmermann.

Vous avez oeuvré pour la promotion des femmes au sein des entreprises, soutenu la création de réseaux comme Financi'Elles. Comment analysez-vous les avancées dans ce domaine aujourd'hui, en France?
Depuis que je suis installée à Washington, je voyage énormément dans le monde entier, mais pas souvent en France. Ce qui ne m'empêche pas, bien sûr, d'avoir un regard et une attention pour des réseaux comme Financi'Elles. J'aimerais leur dire toute mon admiration et mon soutien pour les encourager à poursuivre la cause qu'elles défendent ; faire de la place pour les femmes et s'assurer qu'elles peuvent réaliser leur potentiel. Et les engager à se soutenir les unes les autres. C'est un des enseignements que je tire de l'environnement socio-économique aux États-Unis, les solidarités entre femmes sont fortes et efficientes. Il faut poursuivre, ne rien lâcher.

Sheryl Sandberg, directrice générale de Facebook (COO), avec qui vous vous entretenez régulièrement, publie le 11 mars son livre sur les femmes, Lean in. Quel regard portez-vous sur son combat? Quels sont vos points communs?
Je suis beaucoup plus âgée ! Et, en plus, elle est beaucoup plus fortunée que moi, ce qui lui permet de financer une fondation dont je trouve le principe formidable avec la mise en oeuvre de cursus pour apprendre aux femmes à mieux progresser dans les entreprises, négocier, se présenter ; tout ce qui peut les aider à avancer. C'est une magnifique initiative. J'ai beaucoup de sympathie pour elle. Car, quelles que soient les ambiguïtés du projet - certains lui reprochent de trop se « marketer » -, peu importe, il faut tirer parti de toutes ces initiatives. Moi, je soutiens son projet de fondation. Certains encore lui reprochent de voir le monde à travers la lorgnette d'une privilégiée, c'est vrai que les femmes du Pakistan, de Tunisie ou du Cambodge ne sont pas armées comme elle l'est. Ces femmes n'ont pas les mêmes problématiques, mais je crois que quel que soit l'endroit où l'on se trouve le combat est commun. C'est restaurer une meilleure égalité, permettre la liberté du choix de vie. C'est universel.

Votre venue est annoncée au Davos des jeunes, du 2 au 3 mai prochain, à l'université de Saint-Gall en Suisse, pourquoi, est-ce important d'y être présente ?
Je suis une fidèle. J'ai commencé à y participer il y a une quinzaine d'années. Depuis quatre ans, je n'ai pas pu m'y rendre. Mais je voulais y retourner, car c'est un rassemblement préparé, conçu, mis en place, médiatisé, uniquement par les étudiants. Il faut soutenir ce type d'événement créé par et pour les jeunes ; c'est un beau projet avec une qualité de débats supérieure à bien des forums. Cela permet de prendre le pouls. D'écouter les jeunes sur ce qu'ils pensent du développement économique, de leur avenir et de leur philosophie de la vie.

Votre mandat au FMI s'achève en juillet 2016, qu'aimeriez-vous faire ensuite ? Certains vous voient briguer les plus hautes fonctions en France... Je sais que de par votre position vous ne pouvez pas vous exprimer, mais peut-on imaginer vous voir de nouveau au service de l'Etat ?
D'abord, peut-être que le FMI aura envie que je poursuive mon mandat. C'est un mandat renouvelable. D'autres Français avant moi ont été renouvelés. En m'engageant pour la stabilité internationale, en réfléchissant et en dialoguant sur des questions économiques fondamentales qui ne sont certainement pas résolues aujourd'hui, j'ai le sentiment de servir aussi la France.

Traversons-nous seulement une crise économique, conjoncturelle, ou s'agit-il d'un changement, plus profond, de civilisation ? Auquel cas quel rôle les femmes devraient-elles jouer dans cette métamorphose?
C'est un changement plus profond. C'est d'abord une crise financière et immobilière, qu'on a appelée la grande récession, qui entre dans sa sixième année. Mais c'est aussi, au-delà, une modification des grands équilibres dans le monde, avec un renforcement du rôle des pays émergents - tels qu'on les a nommés jusqu'à maintenant -, qui prendront un rôle de plus en plus important dans l'économie, et un réexamen des valeurs et des équilibres qui vont bien au-delà de la seule équation économique. On parle de rééquilibrage macro-économique entre les différents pays. Les femmes doivent prendre l'intégralité de leur part dans cette évolution. C'est-à-dire toute leur place.

Commentaires 40
à écrit le 11/03/2013 à 14:47
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Mme LAGARDE, vous c'est un * Un nouveau pas dans la subordination à l?Union européenne, donc aux exigences du capital financier ; * Moi c'est une remise en cause du peu de souveraineté (du Parlement et de la nation) subsistant après les coups...

à écrit le 09/03/2013 à 9:00
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silence svp.

à écrit le 08/03/2013 à 21:16
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Vous c'est la justice qui ne va pas vous lacher!!

à écrit le 08/03/2013 à 17:59
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Mme Lagarde ne pense pas qu'uux Femmes la preuve elle a fait cadeau de plusieurs millions d'euro à Bernard dit nanar!!!

à écrit le 08/03/2013 à 17:23
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en 2050 on aura la journee de l'homme pour les encourager a revenir travailler

à écrit le 08/03/2013 à 13:45
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Merci beaucoup Madame car je pense qu il devrait avoir égalité de l homme et de la femme car ce ne doit pas etre des betes de sommes comme on le fait depuis la nuit des temps; et je pense que c'est la raison pour laquelle les femmes votent plus que l...

le 08/03/2013 à 14:28
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et, SURTOUT, c'est que ce n'est pas NOUVEAU!! il y a belle lurette qu'elle s'évertue à le dire, et c'est bien ce qui arrive, donc, elle a RAISON !! maintenant, qu'elle ne fasse pas de gros miracles...mais elle fera sûrement mieux que nos incapables, ...

le 08/03/2013 à 15:03
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En bref Marine on te suit !

le 08/03/2013 à 15:12
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..et NOUS aussi !

à écrit le 08/03/2013 à 13:36
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C'est le quatre à la suite ! Je rappelle que vous êtes sur FR3 " Questions pour un champion"! Surtout ne zappez pas ! Ce soir nous avons: 1) la journée mondiale du Sida 2) la journée mondiale du cancer 3) le thème mystère 4) la journée mond...

à écrit le 08/03/2013 à 12:32
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Cette femme défend d'abord les intérêts de ceux qui l'on formée à Wall-Street. Avec Baroso, c'est la meilleure servante que les USA aient trouvée. D'ou ce commentaire d'un éminent média américain datant de 1970: L'Europe sera américaniséee

le 08/03/2013 à 13:18
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Fin du précédent message: L'Europe sera américanisée ou ne sera jamais ! Europe will be Americanized or will never be ! Signé Jack Anderson New-York Time 1970A cela j'ajoute un autre proverbe made in USA: Avec de tels amis; qui a besoin d'ennemis ! ...

à écrit le 08/03/2013 à 12:17
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Lettre à Mme le Pen : http://librepolitique.wordpress.com

à écrit le 08/03/2013 à 12:16
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Notre future Présidente ferait bien de transmettre sa déclaration à Mme Vallaud Belkacem afin qu'elle brief ses correligionnaires sur le sujet. Il y a du boulot!

à écrit le 08/03/2013 à 11:43
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Ne lâchez rien... sauf à Tapie!

à écrit le 08/03/2013 à 11:35
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Attention, femmes 'et hommes), on vous manipule ! Cette cause a été et est toujours utilisée pour diviser et détruire la famille nucléaire. Les services secrets américains, tout comme ils ont acheté et manipulé les soi-disants pères fondateurs de l'E...

le 08/03/2013 à 12:21
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Toutes les mesures et l'évolution actuelles de la société ne conduisent qu'à la destruction de la famille, et donc de tous ses membres. La nature cependant est immuable et une femme et un homme, complémentaires, n'ont pas à être opposés. Le reste n'e...

le 08/03/2013 à 13:22
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Et que faites vous de toutes les violences contre les femmes: viols,mutilations sexuelles , mariage forcés de fillettes,traite des femmes pour prostitution generalisée, corps de femmes pornographiés, violence conjugale , statut inferieur legalisé, no...

le 08/03/2013 à 14:01
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Franchement ce qui se passe dans les reste du monde ne justifie pas cette victimisation perpétuelle des femmes en France... C'est fatigant à la longue... Et je suis une femme et je ne me sens pas en danger à chaque instant et je bosse dans un univer...

le 09/03/2013 à 19:22
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@celine: Vous pensez qu"en france il n'y pas de violence, que faites vous des 75 000 viols et 198000 agressions sexuelles annuelles, des violence conjugales, des excisions illegales, des femmes trafiquées a qui ont retire tous droits pour les mettre...

à écrit le 08/03/2013 à 11:26
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Alors Mme Lagarde, vous ne regrettez toujours pas les 400 millions 'lâchés' à B.Tapie?

le 08/03/2013 à 11:58
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Elle pensait, naïvement, que le fisc allait en récupérer la moitié ! Nanard a tout placé en Belgique...

à écrit le 08/03/2013 à 10:43
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ca n'empeche, que c'est la femme politique preferée des francais, qui z'ont dit les sondeurs...

le 08/03/2013 à 14:49
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ouais! soi disant! que de commérages..

à écrit le 08/03/2013 à 10:34
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qu,elle belle exemple de Femme qui à vécu de piston et passe droit ......la honte ! Femme vous valez mieux que sa ....

à écrit le 08/03/2013 à 10:16
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Il y a quand même la CAF, le plus grand organisme féministe et la plus grande avancée pour les femmes.

le 08/03/2013 à 14:51
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ah! ça ! pour certaines , oui, c'est sûr !!

à écrit le 08/03/2013 à 9:55
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Christien Lagarde, c'était pas cette Dame visionnaire qui nous disait en 2009 que la crise était finie ?

le 08/03/2013 à 11:42
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+++

le 08/03/2013 à 13:07
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Elle a eu raison, la crise est finie...pour elle !

le 08/03/2013 à 14:26
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"Ne lâchez rien !", ... mais lâchez Lagarde !

à écrit le 08/03/2013 à 9:39
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Ne lâchons rien ! Surtout pas des belles indemnités qui ne sont pas allées dans les poches de Bercy !

le 08/03/2013 à 10:03
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Nanard vous avez raison elle ne lâche rien puisqu'elle prépare uniquement son second mandat au FMI pour continuer à se remplir les poches.

le 08/03/2013 à 14:52
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comme tous!......comme tous! elle ne fait pas exception, vous pensez !

à écrit le 08/03/2013 à 9:30
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Il y a 30 ans dans l'ancien gouvernement Mitterrand, Yvette Roudy avait déclaré, "je veux l'égalité des sexes, et je prendrais moi même les mesures"!.

le 08/03/2013 à 9:48
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Je confirme, elle a pris les mesures !

à écrit le 08/03/2013 à 9:09
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Bravo Mme Christine? quand montez-vous en première ligne pour remplacer Flambi 1er ?

le 08/03/2013 à 15:38
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Pendant ce temps, il y en a qui monte lagarde...

à écrit le 08/03/2013 à 9:06
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Battez vous pour avoir le droit de porter le voile en entreprise...

le 11/03/2013 à 20:52
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@ il cavalière, une dose d'humour dans ce monde de brute, cela fait du bien venant de vous.

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