Au bord du lac Léman, CroissancePlus relance le mouvement des "Pigeons"

Ils viennent discuter du "monde de demain". mais ce sont bien les grandes questions d'aujourd'hui qui agitent les quelque 300 entrepreneurs réunis à Evian par l'association CroissancePlus du 21 au 23 mars. A quelques lieues de la Suisse, ils appellent le gouvernement à revoir la taxation des plus-values de entrepreneurs et soutiennent pour la tête du Medef un de leurs anciens présidents, Geoffroy Roux de Bézieux.
MT

Les partis politiques ou le Medef ont leurs universités d'été. CroissancePlus à son "campus" du printemps. Trois jours de débats, ateliers et séances de "networking" pour ces 300 patrons de PME "de croissance" réunis à Evian par cette association d'entrepreneurs créée en 1997. Sur les bords du lac Léman, l'ambiance paraît plutôt bon enfant. Le tutoiement est de rigueur pour ces chefs d'entreprise en majorité quadragénaires qui arborent rapidement le foulard rouge (ou gris) offert au début du séminaire. Mais, en dépit d'un petit air de colonie de vacances, le fond de l'air reste frais.

"Trop de complexité administrative", "pas assez de flexibilité", et surtout le sentiment de ne pas être assez "reconnus comme un levier de croissance"... dans la bouche des participants, les mêmes mots reviennent qui visent des dirigeants politiques taxés d'être "coupés de la réalité de l'entreprise". C'est que, si le but affiché de ce séminaire est de faire réfléchir les entrepreneurs sur "le monde de demain", c'est bien de la France d'aujourd'hui dont il est question chez ces entrepreneurs dont certains se revendiquaient comme des "Pigeons". Rappelons-le, CroissancePlus et ses dirigeants ont fait partie de ce mouvement qui a fait en partie reculer le gouvernement sur la taxation des plus-values de cession.

"On a plutôt intérêt à organiser l'événement de l'autre côté du lac l'an prochain"

"Avec les projets fiscaux du gouvernement, on a plutôt intérêt à organiser l'événement de l'autre côté du lac l'an prochain", lance, dans la même veine, leur président Olivier Duha lors de son discours d'introduction. Un clin d'?il au projet de taxation des hauts revenus à 75% (ou à 66,66% si les préconisations du Conseil d'Etat sont suivies).

Même l'historien et journaliste Alexandre Adler, invité pour parler des grandes questions géopolitiques y va de sa petite pique. La sienne contre le ministre du Redressement productif. En guise de conseil à François Hollande en matière de relations internationales, il conseille ainsi de "mettre Arnaud Montebourg immédiatement à la retraite". Une proposition accueillie dans l'assistance par des applaudissements nourris.

Mêmes acclamations, un peu plus circonspectes toutefois, à l'occasion des analyses de l'économiste Philippe Aghion, professeur à Harvard, et proche du chef de l'Etat qui dit craindre un scénario où l'exécutif choisirait l'immobilisme plutôt qu'une poursuite des réformes "dans la lignée du pacte de compétitivité". "Je crois que François Hollande doit dire 'c'est moi le leader'", conseille-t-il avant de prédire que "le quinquennat se joue dans les trois mois".

Wifi en berne chez les web-entrepreneurs

Prônant une "social-démocratie de l'offre", l'économiste insiste sur la nécessité de réduire certaines dépenses dans l'administration tout en évitant "le coup de rabot généralisé", surtout dans les domaines stratégiques que sont l'enseignement supérieur et la recherche, vecteur d'innovation. Et d'innovation, il est bien sûr question tout au long des débats de ce séminaire. Mais, manque de bol pour une association qui compte parmi ses champions des web-entrepreneurs, la connexion avec l'économiste présent par visioconférence, tout comme l'accès au wifi, connaissent quelques ratés... signe que ce "monde de demain", ultra-connecté, ultra-rapide et multipolaire chanté sur la scène du Palais Lumières d'Evian, n'est pas encore pour aujourd'hui...

Geoffroy Roux de Bézieux en campagne auprès des Pigeons

Non, ce jeudi, des considérations bien plus terre à terre agitent les membres de l'assemblée. Notamment, la bataille qui se joue au Medef où Laurence Parisot tente de négocier une révision des statuts pour conserver son poste de patronne des patrons. Dans les rangs des membres de Croissance Plus, celle-ci n'y est pas en odeur de sainteté. "S'il y a des adhérents pro-Parisot, il serait de bon ton de quitter les lieux", suggère ainsi Olivier Duha - en ne plaisantant qu'à moitié - lorsqu'il accueille Geoffroy Roux de Bézieux.

Le grand rival de l'actuelle dirigeante de l'organisation patronale et ancien président de CroissancePlus conclue d'ailleurs cette journée en faisant ouvertement campagne. Son "comme vous le savez je suis candidat à l'élection, du moins s'il y a bien une élection..." suscite des rires fournis dans l'assistance. Le détail de son programme y est attentivement écouté. Le président de Virgin France promet notamment une présidence plus proche des "réalités des entrepreneurs" et surtout une implication dans l'un des dossiers que ces entrepreneurs tiennent le plus à c?ur : la fiscalité. "Il y a un point tabou au Medef, c'est la fiscalité personnelle, une question qui a été portée par les Pigeons. Comptez sur moi pour la porter au Medef". Si les fameux Pigeons n'ont pas encore officiellement repris du service, au bord du lac Léman ce 21 mars, ils sont en tous cas clairement courtisés.

Commentaire 1
à écrit le 27/03/2013 à 14:57
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Excellente approche! Félicitations!

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