Christiane Taubira souhaite rendre des terres aux descendants d'esclaves

Par latribune.fr  |   |  278  mots
La ministre de la Justice Christiane Taubira plaide pour une politique foncière qui permettrait aux descendants d'esclaves d'avoir accès aux terres, notamment dans les territoires d'outre-mer. /Photo prise le 26 avril 2013/REUTERS/Jean-Paul Pélissier
Dans un entretien au Journal du Dimanche, la ministre de la Justice a également affirmé ne pas vouloir s'inscrire dans le débat sur les demandes de compensations financières, relancées vendredi par le Cran.

Vers une ?politique foncière? en faveur des descendants d?esclaves ? La ministre de la Justice, Christiane Taubira, s?est dite en faveur de telles mesures, dans un entretien au Journal du Dimanche.

Evoquant les discriminations et le racisme qui sont "les survivances de cette violence", elle affirme que "nous sommes tous comptables des injustices qui s'entretiennent et se reproduisent, parce qu'elles sont enracinées dans cette période d'esclavage et de colonisation".

"Je sais qu'il y a des demandes de compensation financière, mais c'est un débat dans lequel je n'ai jamais souhaité m'inscrire", ajoute-t-elle, précisant qu'elle maintient, "à cet égard, une position constante depuis une quinzaine d'années". Le Conseil représentatif des associations noires (Cran) a annoncé vendredi, à l'occasion de la journée de commémoration de l'abolition de l'esclavage, qu'il assignait en justice la Caisse des dépôts (CDC), lui reprochant d'avoir tiré profit de la traite négrière.

Plus délicat aux Antilles

En revanche, la garde des Sceaux évoque la "confiscation des terres" dans les territoires d'outremer qui "fait que, d'une façon générale, les descendants d'esclaves n'ont guère accès au foncier". "Il faudrait donc envisager, sans ouvrir de guerre civile, des remembrements fonciers, des politiques foncières. Il y a des choses à mettre en place sans expropriation, en expliquant très clairement quel est le sens d'une action publique qui consisterait à acheter des terres", affirme Christiane Taubira.

"En Guyane, l'Etat avait accaparé le foncier, donc là, c'est plus facile. Aux Antilles, c'est surtout les descendants des ?maîtres ? qui ont conservé les terres donc cela reste plus délicat à mettre en oeuvre", reconnaît-elle.