Vente de médicaments en ligne : vers une plus grande concurrence ?

Ce mercredi, l'Autorité de la concurrence a rendu public son avis défavorable sur le projet d'arrêté du gouvernement concernant la vente en ligne de médicaments. Les Sages de la rue de l'Echelle souhaitent que la vente en ligne soit élargie à l'ensemble des médicaments non soumis à prescription.
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Ce mercredi, l'Autorité de la concurrence a rendu public son avis défavorable sur le projet d'arrêté du gouvernement concernant la vente en ligne de médicaments. Le texte gouvernemental tente de freiner la vente de médicaments sur Internet alors que le Conseil d'Etat a autorisé le 14 février le commerce en ligne de l'ensemble des médicaments non prescrits. Ce projet d'arrêté émet une série de bonnes pratiques, encadrant les conditions de ventes en ligne des médicaments, dans lequel de nombreuses mesures restrictives sont envisagées.

Les Sages de la rue de l'Echelle, où siège l'Autorité, considèrent que ces dispositions "restrictives de concurrence" visent "à limiter le développement de la vente en ligne de médicaments par les pharmaciens français, voire même à dissuader ces derniers d'utiliser ce canal de vente", indique-t-elle dans un communiqué.

Des opportunités de développement bridées

"Il serait regrettable de marginaliser les officines françaises en les privant d'opportunités nouvelles de développement, alors que leurs concurrentes établies dans d'autres Etats membres en bénéficieraient, y compris en servant la demande française", a-t-elle ajouté. Pour mémoire, si une directive européenne datée de 2011 permet la vente de médicaments sur Internet, elle laisse toutefois la possibilité aux Etats membres de l'encadrer. Le projet d'arrêté gouvernemental doit la transposer dans le code français de la santé publique.

"S'il était adopté en l'état", le projet d'arrêté "aurait pour conséquence de brider toute initiative commerciale en termes de prix, de gammes de produits et de services nouveaux et de priver le patient-consommateur des avantages liés à la dématérialisation des ventes", prévient l'Autorité qui plaide pour que la vente en ligne ne soit pas limitée aux seuls médicaments que le pharmacien est autorisé à présenter en accès direct au public. En clair, elle doit être élargie à l'ensemble des médicaments non soumis à prescription. En 2011, plus de 7 millions de Français ont acheté des médicaments sur Internet, en France ou à l'étranger.

Un alignement obligatoire des prix contesté

Concrètement, les pharmaciens devraient également pouvoir proposer médicaments et produits de parapharmacie sur un même site Internet. Autre pierre dans le jardin du ministère de la Santé, l'Autorité conteste également l'alignement obligatoire "des prix de vente sur internet avec ceux pratiqués en officine"."La vente sur Internet est un vecteur de la concurrence par le prix, qui doit bénéficier au pouvoir d'achat du consommateur ou du patient, tout en permettant aux pharmaciens de développer leurs ventes", considère-t-elle.

La Toile n'ayant pas de frontière, l'Autorité de la concurrence a également rappelé les problèmes de distorsion de concurrence avec les entreprises étrangères que le projet d'arrêté du gouvernement pourrait entraîner. « Les opérateurs installés dans les autres pays de l'Union européenne n'étant bien entendu pas soumis aux bonnes pratiques établies par le ministère français des affaires sociales et de la santé, l'ensemble des restrictions du projet d'arrêté qui ne sont pas justifiées par des considérations de santé publique conduiraient par conséquent à favoriser le développement, sur le marché français, de sites localisés dans d'autres Etats membres - ces derniers étant en capacité de proposer des offres plus attractives en prix, en gamme et en services - et à marginaliser les sites Internet gérés par les pharmaciens français », explique l'avis. « Or, le développement futur de l'activité de vente en ligne doit permettre aux pharmaciens français de saisir de nouvelles opportunités, d'augmenter leur chiffre d'affaires et de faire émerger de nouveaux modes de commercialisation. Enfin, une réglementation excessive de l'activité de vente en ligne de médicaments pourrait avoir pour effet de placer la France en situation de manquement à ses obligations au regard du droit de l'Union européenne", complète l'Autorité.

L'UFC Que Choisir salue la décision de l'autorité

Dans la foulée de la publication de cet avis, l'UFC-Que Choisir a salué l'avis défavorable de l'Autorité de la concurrence. "L'UFC Que choisir se réjouit de l'avis rendu par l'autorité de la concurrence, qui va très clairement dans le sens de l'amélioration de la concurrence. Le projet d'arrêté a été très clairement piloté en sous-main par les pharmaciens. Sous des prétextes fallacieux de sécurité sanitaire, tout a été fait pour entraver la concurrence et ne pas permettre de baisse de prix", a déclaré à l'AFP Mathieu Escot, en charge des questions de santé pour l'association de consommateurs. "A partir du moment où les prix sont les mêmes en ligne qu'en magasin", comme le prévoit le décret et "que l'on y ajoute les frais de port, l'achat en ligne sera forcément plus cher. C'est un vrai coup porté à la concurrence qui ouvrira un boulevard à des ventes depuis des sites étrangers", a-t-il poursuivi.

Si l'avis de l'Autorité de la concurrence devait permettre la modification du projet d'arrêté gouvernemental, reste à savoir comment l'exécutif s'y prendrait pour lutter contre la contrefaçon. Selon une étude de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), un médicament vendu en ligne sur deux est contrefait.

 

 

 

 

 

Commentaires 18
à écrit le 16/05/2013 à 18:17
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Pharmacien et possédant un site de venté en ligne de médicament, je suis ravi de cette décision. Enfin, mêmes les bastions les plus solides vont enfin évoluer vers le modernisme. Pour moi qui ait une petite officine, je pense très vite doubler mon c...

à écrit le 16/05/2013 à 16:38
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Les substances actives viennent quasiment toutes de Chine, parfois d'Inde. Les labo chez nous, c'est juste de la mise en boîte. Pour le prix d'une boîte en pharmacie, j'achète 1kg de poudre sur le Net. Certes, on ne sait pas trop la garantie sur le ...

le 16/05/2013 à 17:09
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Je lis que vous connaissez bien l'industrie pharmaceutique : "de la mise en boite" ! Et si on remplacer le mot "industrie" par "conserverie". Ce serait plus représentatif de ce que vous imaginez, non ? Et le pharmacien prendrait pleinement le sens d'...

à écrit le 16/05/2013 à 0:46
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Vieux pharmacien à la retraite , je peux vous dire que le monopole des pharmaciens est une ânerie qui a nui durant 50 ans aux pharmaciens, et ils se battent encore contre leurs propres intérêts !!! Il faudrait aussi supprimer le côté Mafieu (voire C...

le 16/05/2013 à 1:49
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La bonne nouvelle c'est que Derrick est retiré de l'antenne, visiblement ça commençait à faire de dégâts. Tonio, éteins la télé... et prends tes gouttes !

le 16/05/2013 à 7:47
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Merci Antonin pour ce brillant témoignage d'une époque que tu as bien connu ! Si tu as été pharmacien titulaire d'une licence d'officine, je t'imagine désormais rentier à la retraite bien content d'avoir vendu ton officine survalorisée et réussi une ...

le 16/05/2013 à 12:04
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J'ai ri du commentaire initial, et de la première réponse qui lui a été apportée. Merci pour ce divertissement. Tout ce que je retiendrai pour mon rapport de stage c'est : "En réalité les pharmaciens sont des nazis." - Source : Antonin92

à écrit le 15/05/2013 à 22:49
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c'est une bonne chose ! les pharmaciens abusent !!!!

à écrit le 15/05/2013 à 22:37
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@mougeon Le dimanche vous trouverez un pharmacien de garde sur internet ......

le 16/05/2013 à 16:42
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Oui, c'est le système qui va pas. Les hôpitaux devraient tous avoir une pharmacie ouverte au publique en continue, tous les jours, 24h/24.Pour les campagnes, loin des hôpitaux, le système des tours de garde est une aberration.

à écrit le 15/05/2013 à 20:43
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Les pharmaciens ont trop longtemps abusé de leur situation privilégiée et ont pris leurs clients pour des quiches. Ne dit on pas "c'est un prix de pharmacien..." pour qualifier une chose de chère? Internet va les ramener sur terre et les forcer à...

à écrit le 15/05/2013 à 18:48
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les pharmaciens piégés par eux même ,ils ont voulu la vente accès libres ,favorisé les hausses de prix des déremboursements,bridé l'installation des jeunes en limitant les nouvelles pharmacies pour se concentrer sur des grosses unités et se plaignent...

le 15/05/2013 à 19:24
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Il est logique d'acheter sur le net dans une pharmacie bien implantée en France, à Caen pour être précise, où je commande mon médoc non remboursé, près de chez mois prix d'une boite de 30 cachets : 15,90 ?, sur le net, en achetant la même boite, même...

le 15/05/2013 à 20:16
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Tant pis pour la pharmacie de proximité ? Et qu'allez vous faire quand vous aurait besoin d'un médicament en urgence un samedi soir et que votre pharmacie de proximité aura fermé boutique pour faillite.... Vous irez sur internet.... Mdr ufc=union fra...

le 15/05/2013 à 21:20
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je pense que mon propos n'a pas été compris...je dis bien que si la proximité disparaît c'est bien la faute des pharmaciens eux-mêmes...en empêchant toute création ils défendent férocement leur pré carré, en se regroupant ils organisent la fermeture ...

le 16/05/2013 à 0:25
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A Bobo : Quelle méconnaissance de la profession !! C'est l'Etat qui décide de l'implantation d'une pharmacie et non le pharmacien car le pharmacien assume une mission de service publique et un monopole d'Etat (la vente de médicament) lui est confié...

le 16/05/2013 à 14:24
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Le problème c'est que l'interêt d'un pharmacien est de maximiser son chiffre d'affaire dont une énorme partie sert à rembourser le coût exorbitant de son acquisition. Un effet pervers du systeme en place qui si il a ses avantages ( proximité ) a a...

le 16/05/2013 à 15:45
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Raccourcis et incohérences... 85% du CA d'une pharmacie traditionnelle (ce qui représente 90% des pharmacies de France) provient des prescriptions de médicaments et autres produits de soins à prix administrés (remboursés). Donc 85% du CA dépend uniqu...

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