La restauration à nouveau au menu du gouvernement

Après le contrat d'avenir signé en 2009 entre les professionnels et le gouvernement en compensation de la baisse de la TVA, désormais caduc, Sylvia Pinel, la ministre du Commerce, lance son plan en faveur de la restauration. Il tient en dix points. Aucune aide financière n'est prévue.
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Sylvia Pinel réussira-t-elle là ou Nicolas Sarkozy a échoué ? Le 25 mars, Sylvia Pinel, la ministre du Commerce annonçait le lancement d'un nouveau plan en faveur de la restauration. Quelques mois plus tard, à l'issue de nombreuses réunions d'un groupe de travail qui réunissait les professionnels et les experts de la question, ce plan de soutien a été dévoilé ce lundi. Il tient en dix points.

Son objectif : redynamiser la filière restauration qui, avec plus de 200.000 entreprises, 700. 000 salariés - soit 2,8% de l'emploi en France métropolitaine - et  58,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires, est un acteur majeur de l'économie nationale. Redynamiser ? La question est sensible, ce secteur s'apprêtant à subir une augmentation de la TVA de 7% à 10% le 1er janvier prochain, rigueur oblige.

Il faut donc éviter que le secteur supprime des emplois, ou fasse appel au travail clandestin, mais aussi favoriser la montée en gamme de la gastronomie, l'un des symboles du « made in France » entrée au patrimoine mondial immatériel de l'humanité de l'Unesco en 2011.

Informer, dialoguer, former et valoriser

Ce plan tient en trois points. Le premier tentera de « Mieux informer les consommateurs et promouvoir la qualité dans la restauration », notamment en faisant la promotion du « Fait maison », en valorisant les produits fabriqués en France dans la restauration et en simplifiant le titre de maître-restaurateur. Le deuxième objectif consistera à améliorer les conditions de travail des professionnels et favoriser le dialogue social. Comment ? En établissant une convention cadre entre l'État et les organisations professionnelles pour lutter contre le travail illégal, en accompagnant les partenaires sociaux pour élaborer le rapport de branche. Sur ce point, la tâche paraît plus que délicate au regard de l'atomisation du secteur.

Enfin, le plan Pinel souhaite renforcer les formations et valoriser les métiers de la restauration grâce la mise en place des contrats d'avenir, le développement de l'apprentissage. Favoriser l'emploi dans les métiers en tension participe de cet objectif.

Déjà en 2009

Ce n'est pas la première fois que l'exécutif tente de dynamiser le secteur. En 2009, Hervé Novelli, le ministre du Commerce, s'était vu imposer une baisse de la TVA de 19,6% à 5,5% par Nicolas Sarkozy, sans avoir eu le temps de négocier quoi que ce soit avec les professionnels ! Ainsi est né le contrat d'avenir dont le bilan fut plutôt mitigé ? Selon la Cour des comptes, le coût de cette mesure, estimé à plus de trois milliards d'euros par an, n'a pas eu les résultats escomptés.

Dévoilé en octobre, le rapport de la Direction générale de la compétitivité, de l'industrie et des services (DGCIS) dont les conclusions furent reprises par Sylvia Pinel ne fut guère plus élogieux, un certain nombre d'objectifs majeurs n'ayant pas été atteints. Ainsi, selon la DGCIS, « la baisse de la TVA n'a été que partiellement répercutée sur les prix pratiqués dans le secteur de la restauration », les engagements en matière d'investissements et de modernisation du secteur n'ont pas été tenus, en témoigne la sous-exploitation du fonds de modernisation de la restauration,

Pas d'incitation pour les restaurateurs

En revanche, si « les résultats sont en dessous des attentes en matière de formation, avec 3.800 nouveaux apprentis contre les 20.000 promis... les chiffres de l'emploi dans le secteur mettent en évidence un solde de création d'emplois supérieur aux objectifs sur la période du contrat d'avenir avec plus de 50.000 emplois créés. Dans le domaine de la protection sociale, des avancées particulièrement « remarquables » ont été observées par le DGCIS.

Si les termes du contrat d'avenir étaient un peu faussés, la baisse de la TVA ayant été accordée d'office aux restaurateurs, Sylvia Pinel peut-elle atteindre ses objectifs sachant que son plan n'a pour contrepartie qu'une hausse de 4,5 points de la TVA ?

 

Commentaires 5
à écrit le 25/06/2013 à 11:30
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3 milliards par an en échange de 50 000 emplois sur 4 ans, ça nous revient à 240 000 euro par emploi crée. On recrute après un doctorat et une formation d'astronaute dans la restauration? Je vous invite à lire le rapport en entier: http://www.dgcis.g...

à écrit le 25/06/2013 à 10:52
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Ah bon ? Madame Pinel lit les rapports maintenant... et elle suit les conseils qu'on lui donne ! ça change de sa charge contre les autoentrepreneurs sans aucune raison concrète. C'est qu'elle doit trouver là un intérêt électoral.

à écrit le 25/06/2013 à 8:20
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Et si on commençait par instaurer l'obligation d'un CAP Restauration pour pouvoir s'installer, comme pour les boulangers, les bouchers, les coiffeurs. Comment peut-on prétendre nourrir des gens quand on ne sait pas cuisiner, qu'on ne connaît ni les ...

à écrit le 24/06/2013 à 23:50
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3800 apprentis sur 20 000 escomptés, mais par contre 50 000 emplois d'avenir créés (et donc payés par le contribuable) et on se demande pourquoi les résultats sont si mauvais?

à écrit le 24/06/2013 à 21:59
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le mieux, ca serait qu'elle ne fasse rien, au moins elle ne cassera pas plus que ce qu'elle a ft jusqu'a maintenant...

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