Coût du travail : le gouvernement bluffe-t-il avec les entreprises ?

Cet été, l’exécutif a multiplié les messages bienveillants en faveur des entreprises et de leurs représentants. Pour l’instant, ce ne sont que des mots. Seront-ils bientôt suivis d’effets ?
Fabien Piliu
Pierre Moscovici multiplie les annonces en faveur du patronat... Du bluff ? (c) Reuters

Depuis le début de l'été, le gouvernement multiplie les déclarations de bonne volonté en direction des entreprises. Lors des universités du Medef fin août, Pierre Moscovici promettait que les prélèvements obligatoires pesant sur les entreprises seraient stabilisés en 2014 avant de baisser les années suivantes. Quelques jours plus tard, Bernard Cazeneuve, le ministre délégué au Budget lui emboitait le pas en déclarant que l'objectif de stabilisation des prélèvements obligatoires serait atteint en 2014 avec un an d'avance.

>> Lire aussi : Pierre Moscovici tend la main au Medef... Qui n'a pas l'intention de la lâcher

 L'Élysée s'en mêle

Même François Hollande s'est exprimé sur le sujet. « Le temps est venu de faire - plus tôt qu'il n'avait été prévu - une pause fiscale », a déclaré le président de la République dans un entretien au Monde.

Est-ce tout ? Lundi, Pierre Gattaz, le président du Medef, obtenait l'engagement du gouvernement de l'ouverture d'une concertation à court terme sur la baisse du coût du travail et de la fiscalité pesant sur les entreprises.

>> Lire aussi : Le Medef annonce le lancement d'une concertation sur le coût du travail

La CGPME a aussi eu des assurances

Enfin, reçue ce mardi à Bercy, la CGPME n'est pas non plus repartie les mains vides. « MM. Moscovici et Cazeneuve, réaffirmant leur volonté de compenser toute éventuelle hausse de cotisations, se sont déclarés soucieux de ne pas peser sur le coût du travail ni dégrader les conditions de production, tout en exprimant leur volonté de simplifier et de rationaliser l'imposition pesant sur les entreprises », annonce la Confédération dans un communiqué.

Après le risque de « ras-le-bol fiscal » évoqué un peu plus tôt au mois d'août par Pierre Moscovici, toutes ces déclarations viennent réchauffer les relations entre l'exécutif et les entreprises qui réclament encore et toujours un choc de compétitivité. Un choc estimé à 100 milliards d'euros par Pierre Gattaz, le président du Medef.  

Un départ raté

Comment expliquer ces jolies déclarations d'intention ? Simplement, le gouvernement essaie encore et toujours d'effacer les dégâts causés la loi de finances rectificatives 2012, la loi de finances et la loi de financement de la Sécurité sociale 2013 qui ont alourdi de plus de 13 milliards d'euros la charge fiscale des entreprises. Le lancement du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) en février puis l'organisation des Assises de l'entrepreneuriat en mars n'ont semblent-ils pas suffi. Le gouvernement peine encore à refaire son retard après ce départ raté. Sa cote d'amour est encore faible auprès des chefs d'entreprises.

Pragmatique, l'exécutif sait aussi que son action dans le domaine économique ne pourra produire pleinement ses effets si les entreprises se défient de lui et ne jouent pas le jeu, notamment pour faire baisser le nombre de demandeurs d'emplois. En juillet, celui était estimé à 3,3 millions en catégorie A par Pôle emploi. Comme on le concède au ministère du Travail, le contrat de génération et le contrat d'avenir ne sont pas des dispositifs assez puissants pour inverser la courbe du chômage comme le souhaite désespérément le gouvernement. En revanche, ces dispositifs permettent de réduire le chômage des jeunes, en baisse quasi constante depuis la fin du printemps.      

Paroles, paroles…

Mais pour l'instant, les entreprises ne se payent que de mots. Cette séquence estivale de calinothérapie indique-t-elle que les entreprises seront réellement épargnées par le projet de loi de finances et le projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2014 ? Rien n'est moins sûr.

En 2013, les organisations patronales avaient également eu droit à de nombreux messages positifs avant de subir un nouveau relèvement de la pression fiscale, notamment dans le cadre du PLFSS. Symbole de cette charge de l'Etat sur les entreprises ? La forte augmentation de la taxation des plus-values de cession qui fut à l'origine de la création du mouvement des Pigeons. Par ailleurs, les organisations patronales ont toujours à l'esprit le message du gouvernement qui, avant l'été, indiquait sa volonté de « verdir » la fiscalité pesant sur les entreprises pour financer la transition énergétique.

Au Medef, on reste prudent

Résultat, au Medef, on ne s'enflamme pas. « Nous attendons de savoir si ces belles paroles se traduiront dans les faits. On sait déjà que les mesures 'exceptionnelles' de la loi de finances 2013 et qui ont rapporté 4,5 milliards d'euros seront reconduites en 2014 car le gouvernement n'a pas de recettes de substitution. C'est de l'exceptionnel qui dure ! », regrette Geoffroy Roux de Bézieux, le vice-président du Medef en charge de la fiscalité.

Dans le dossier des retraites, si les entreprises pourraient voir une partie des hausses de cotisations compensées par une baisse des cotisations famille dès 2014 et ce, tout au long du quinquennat, une cotisation « pénibilité » à la charge des entreprises est d'ores et déjà à l'ordre du jour.

Quant au relèvement de la fiscalité écologique, il est également programmé. Les propositions faites au début de l'été par Christian de Perthuis mandaté par le gouvernement seraient déjà actées. Le scénario de l'économiste prévoit un démarrage à 7 euros la tonne de carbone en 2014 avant de grimper jusqu'à 20 euros la tonne en 2020. Ce calibrage impacterait directement le prix des carburants à la pompe. Ainsi, le prix du litre de diesel augmenterait de 1,86 centime la première année et continuerait à progresser. En 2020, le prix du litre augmenterait ainsi de 5,3 centimes. D'autres mesures sont attendues comme la suppression de niches jugées peu écologiques, comme celle qui bénéficie aux biocarburants.

 

 

Fabien Piliu
Commentaires 28
à écrit le 04/09/2013 à 16:53
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comme ils ont les neurones oxydés par l'idéologie et les dogmes, impossible de raisonner de façon rationnelle ! développer l'emploi, c'est baisser les impôts et taxes pour augmenter le pouvoir d'achat et faciliter l'emploi chez les entreprises. et la...

le 04/09/2013 à 17:56
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c'est effectivement la schizophrénie permanente chez les socialos, totalement coincés par la contradiction permanente entre l'idéologie, les propos gratuits qui font plaisir, et la vraie vie, les vraies relations de cause à effet pour diminuer le cho...

à écrit le 04/09/2013 à 15:01
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journaliste : a question idiote, réponse idiote, bien sur qu'ils tentent d'amadouer les entrepreneurs, ce sont les derniers riches du système socialo rakett d'après les membres du PS. de grands discours et les impots au 1er janvier qui vont augmenter...

à écrit le 04/09/2013 à 10:25
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Faut-il répéter encore une fois la dure loi de l'économie: ce sont les marges d'aujourd'hui qui permettent les investissements de demain et les emplois d'après-demain. Comme les marges des entreprises françaises ont été laminées par les impôts, la ré...

à écrit le 04/09/2013 à 10:12
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On vous voient demander des baisses d'impôts pour gagner de l'argent et relancer votre compétitivité, mais jamais d'aide à l'innovation (pas le CIR qui ne sert à rien sauf à baisser votre impôts), vous voulez être compétitif sans investir. Du matérie...

le 04/09/2013 à 10:28
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méchants patrons, méchants riches, et toi qu ' as tu fait de tes 20 ans ?

le 04/09/2013 à 10:49
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A mais y à pas de méchant patrons ou riches. Le but d'une entreprise et de gagner de l'argent. Je dis simplement que aucun investissement n'est fait en R&D principalement. Et que beaucoup de personne disent que la France n'innove pas, mais des que qu...

à écrit le 04/09/2013 à 9:50
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Mais si l'on retrouver la compétitivité par l'abolition de toute fiscalité sur le travail et l'entreprise, à combien pourrait on obtenir les prêts sur les marchés étrangers?

à écrit le 04/09/2013 à 8:40
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A gauche comme à droite c'est le même refrain depuis des décennies. Les recettes sont connues. Mais les technocrates préfèrent les usines à gaz. Sinon à qui serviraient-ils ?

à écrit le 04/09/2013 à 8:08
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Le gouvernement ne bluffe pas il veut continuer a massacrer les entreprises car il ne connait pas le milieu de l'entreprise, il ne comprend que les impots. Pour ceux qui en doute encore regardez le CICE tous ceux qui ont demandé à en beneficier subi...

à écrit le 04/09/2013 à 2:14
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"son action dans le domaine économique ne pourra produire pleinement ses effets si les entreprises se défient de lui et ne jouent pas le jeu". Moi qui croyait aux lois infaillibles du marché, et voila que l'on me dit que les entreprises jouent ! Mais...

le 04/09/2013 à 6:52
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pas de croissance pas de reprise en France et pour cause les charges sont les plus elevées de l 'OCDE ; PERSONNE NE VEUT LE VOIR ILS VERRONT LE RESULTAT .................................................

à écrit le 04/09/2013 à 1:30
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On se contrefiche du coût du travail ! les patrons veulent des bras et des cerveaux et bien qu'il les payent et déstockent leurs managers inutiles et pompe fric. Sinon, qu'ils dégagent se faire plumer au Bangladesh on ne les retient pas et surtout qu...

le 04/09/2013 à 8:58
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Et perso, vous en avez créé combien, des emplois sans employeurs (hors financement par nos impôts bien sur) ???

à écrit le 03/09/2013 à 22:44
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Dès ce mois-ci (réforme des retraites, TVA de janvier 2014, taxe carbon et autres taxes à gogo...) On sera bannané jusqu'au bout...

à écrit le 03/09/2013 à 21:48
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qui c est qui va payer l augmentation des fonctionnaires tous des menteurs de profession

à écrit le 03/09/2013 à 20:20
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Comment les croire ? Ils ont tellement menti !! C'est vrai que "les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent" En tout cas , l'Etat , c'est nous ! Alors tant que les français paieront , tout ira bien !

à écrit le 03/09/2013 à 19:35
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Je viens d'entendre notre chef des armées parler de"massacre chimique" en Syrie, que ne parle t il pas de "massacre fiscal" en France

le 03/09/2013 à 20:22
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Allons, Monsieur, un peu de décence !

le 04/09/2013 à 0:49
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@trioc +10000000000

le 06/09/2013 à 11:34
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a trioc : ++++++++++++++ 1000000000000000000000000!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

à écrit le 03/09/2013 à 19:28
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On recommence à voir poindre les promesses électorales.... Le changement, le rêve français, vous vous souvenez ?

à écrit le 03/09/2013 à 19:12
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la reponse est dans la question! les paroles qui n'engagent a rien, tt le monde s'en fout...

à écrit le 03/09/2013 à 18:41
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Sur le terrain ....Les chefs d'Entreprises de TPE et PME ne se contentent pas de belles paroles et de belles promesses . Pour avoir assisté depuis la rentrée a plusieurs réunions de patrons de PME ....le ton monte et certains veulent agir et manife...

le 04/09/2013 à 0:52
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Sinon rien du tout !!!!! Il n y aura pa s de revolution !!!!!! la seul alternative est le depart, d aileiurs c est la solution choisie par tout ceux qui le peuvent

à écrit le 03/09/2013 à 18:39
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Z'avez pas vu la tete à Bozzo qui se marre, meme pas en coin

à écrit le 03/09/2013 à 18:37
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Devinez qui va payer in fine ? VOUS ! Car le gouvernement n'envisage toujours pas de faire des économies du train de vie de l'état malgré toutes les études convergentes à ce propos. Or il faut bien que 'argent vienne de quelque part. Si le gouverneme...

le 03/09/2013 à 19:26
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Pourquoi voulez-vous que le gouvernement fasse des économies ? La place est bonne et les français n'ont qu'à payer....

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