Financement des start-up : le retour des « Anges »

Après une chute de près de 10 % des investissements des « business angels » français en 2012, leur activité s'est stabilisée au premier semestre 2013, selon l'association France Angels. La volte-face du gouvernement sur l'imposition des plus-values de cession est pour beaucoup dans ce dégel des investissements.
Tanguy de La Fouchardière, vice-président de France Angels, se félicite des messages « devenus positifs » des pouvoirs publics.. /DR

Il y a un an, si l'on avait dit à Jean-David Chamboredon que les levées de fonds des start-up de l'Internet connaîtraient un excellent premier semestre 2013, le patron du fonds d'investissement Isai n'en aurait rien cru. Pour la bonne raison que l'homme venait de déclencher la révolte des « pigeons » contre les velléités du gouvernement d'alourdir la taxation des plus-values de cession de valeurs mobilières, dans le cadre du projet de loi de finances 2013. Un rude coup en perspective pour les fonds de capital-investissement et les business angels, ces particuliers qui injectent de l'argent dans de jeunes pousses, avec pour seule récompense de leur prise de risque la plus-value empochée lors de la revente de leur participation.

De fait, dès le quatrième trimestre 2012, le nombre de levées de fonds réalisées par les start-up françaises de l'Internet auprès de business angels s'était écroulé de 39 %, pour des montants engrangés en chute de 30 %, à 6 millions d'euros environ, d'après le baromètre Fibamy (French Internet Business Angel Money Yardstick), élaboré par Jean-David Chamboredon. Mais, après « ce trimestre catastrophique, expliqué par la stupeur créée par la loi de finances 2013 », le même Chamboredon a pu se réjouir d'un premier semestre 2013 « historique », avec un bond de 108 % du nombre de levées de fonds dans l'Internet français, et une envolée de 80 % des sommes récoltées, à près de 15 millions d'euros. Plus globalement, l'association France Angels observe une « stabilisation de l'activité » au premier semestre 2013, qu'il s'agisse du nombre de projets financés ou des montants investis. Pour mémoire, pour la première fois depuis douze ans, les investissements des business angels français avaient plongé l'an dernier de près de 10 %, à 40 millions d'euros, selon France Angels.

Désormais reconnus comme co-entrepreneurs

« Cette forte baisse est terminée, nous avons fermé la parenthèse d'un second semestre 2012 rendu catastrophique par les messages du gouvernement », assure Tanguy de La Fouchardière, vice-président de France Angels.

Mieux, près du quart des réseaux de business angels interrogés par l'association tablent sur une hausse du nombre de projets financés et des montants investis au cours des prochains mois. L'explication de ce revirement de tendance ?

« Il y a un an, nous étions considérés comme des rentiers-spéculateurs, alors que nous jouons un rôle de co-entrepreneurs auprès des start-up. Les signaux totalement négatifs envoyés par les pouvoirs publics sont devenus positifs depuis le début de l'année 2013, notamment grâce aux Assises de l'entrepreneuriat », explique Tanguy de La Fouchardière.

À l'issue de ces assises, le 29 avril, François Hollande avait annoncé une nouvelle réforme de l'imposition des plus-values de cession, applicable, cette fois-ci, tant aux investisseurs qu'aux entrepreneurs, alors qu'une première concession faite aux « pigeons », en octobre, concernait uniquement les chefs d'entreprise.

« Il s'agit d'un pas en avant intéressant car la nouvelle imposition des plus-values de cession s'appliquera à tous ceux qui prennent des risques », avait déclaré France Angels à La Tribune.

De son côté, l'Association française des investisseurs en capital (Afic) - le lobby du capital-investissement - saluait un dispositif fiscal « juste et simple ».

De quoi espérer, peut-être, une reprise de l'activité des capitaux-investisseurs, à l'image de celle des business angels. Les chiffres de l'Afic devraient être publiés au début du mois d'octobre.

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