Pleyel, la "Ferrari du piano", va cesser sa production

Par latribune.fr  |   |  517  mots
Les prestigieux pianos Pleyel ne ne seront bientôt plus fabriqués après la fermeture annoncée en fin d'année de la manufacture de Saint-Denis
200 ans après la création de la marque, la manufacture de Saint-Denis doit fermer ses portes d'ici la fin de l'année.

Une page se tourne. Chopin, Liszt, Debussy, Saint-Saëns... les compositeurs les plus prestigieux ont joué leurs plus belles partitions sur les célèbres pianos Pleyel. Mais la manufacture de Saint-Denis doit fermer ses portes, 200 ans après la création de la marque, comme l'a confirmé son président Bernard Roques dans un communiqué:

"L'entreprise Pleyel confirme la fermeture de l'atelier de production de Saint-Denis, qui emploie 14 salariés, compte tenu de la situation de pertes récurrentes et du très faible niveau d'activité" (...) "Une première solution permettant d'assurer la poursuite d'une certaine partie de la production n'a pas abouti. Compte tenu du niveau des stocks des produits finis, le maintien de l'activité commerciale est assuré. Des solutions alternatives seront recherchées".

Pleyel n'a pas résisté à la concurrence étrangère

Fondée en 1807, la société Pleyel n'a pas pu résister à la concurrence, notamment venue de Chine et de Corée du Sud, en dépit d'un recentrage stratégique opéré en 2007 vers le piano haut de gamme.

La manufacture Pleyel de Saint-Denis avait ouvert ses portes en 1865, dans un vaste atelier de 50.000 m2. En 1961, la production avait été délocalisée en Allemagne, puis rapatriée en France, à Alès, dans le Gard, de 1996 à 2007.

Le groupe était ensuite revenu s'implanter à Saint-Denis, au nord de Paris, à l'occasion du bicentenaire de la marque. Le nouvel atelier était tourné vers le luxe (pianos à queue, de designers, d'artistes, commandes spéciales...) et fabriquait également des meubles design.

Conséquence de ce repositionnement: la société ne produisait plus ces dernières années que deux pianos par mois, contre près de 140 au début des années 2000.

250.000 pianos fabriqués en deux siècles

La disparition de ce fleuron musical français, qui a conçu et fabriqué durant deux siècles près de 250.000 pianos et acquis une réputation internationale, sonne le glas d'une longue tradition manufacturière française dans le domaine musical.

"Cette disparition est symptomatique du plan social de grande ampleur actuellement à l'oeuvre dans le secteur des métiers d'art", estime la Confédération française des métiers d'art (CFMA).

De son côté, la présidente du Conservatoire international de musique de Paris, Françoise Levéchin, évoque "une grande catastrophe pour l'école du piano français". "C'est impensable qu'on ne puisse pas la soutenir, qu'on ne puisse pas sauver cette maison très ancienne qui est une grande manufacture française et qui fait partie de l'histoire du piano", déplore-t-elle.

"Un savoir-faire exceptionnel français"

Un appel a toutefois été lancé par le président des pianos Klein, autre fabriquant historique de pianos en France. Celui-ci indique ainsi dans un communiqué la nécessité de "préserver le savoir-faire exceptionnel français dans la conception de pianos de qualité, facteur de rayonnement culturel essentiel pour la France à l'étranger".

La construction d'un piano Pleyel nécessite 5.000 pièces, entre 500 et 1.500 heures de travail, regroupant 20 métiers différents (luthiers, ébénistes, vernisseurs, laqueurs...), rappelle en outre le constructeur sur son site.