L'augmentation des demandes de médiations du crédit pourrait se prolonger

Selon Jeanne-Marie Prost, la médiatrice nationale du crédit, leur nombre devrait augmenter de 10% cette année par rapport à 2012. Les petites entreprises du bâtiment et des services, notamment dans l’hôtellerie et la restauration, souffrent tout particulièrement.
Fabien Piliu
Les entreprises et les banques renouent le dialogue avec la médiation nationale du crédit

Au regard de la sinistralité actuelle des entreprises, le contraire aurait été étonnant. Depuis le début de l'été, le nombre de dossiers déposés par les entreprises sur les bureaux de la Médiation nationale du crédit augmente très nettement. "A ce rythme, nous devrions enregistrer environ 4.400 dossiers contre 4.077 en 2012 ", déclare Jeanne-Marie Prost, la médiatrice nationale du crédit. Un chiffre qui reste toutefois largement en dessous du pic observé en 2009. Au plus fort de la crise financière et bancaire, la médiation nationale du  crédit avait traité 16.000 dossiers.

Avec 38% des demandes de médiation, les services sont surreprésentés, marqués par les difficultés de l'hôtellerie-café-restauration qui concentre à lui seul 28% des dossiers déposés au cours des dix premiers mois de l'année. Viennent ensuite le commerce, avec 26% des dossiers, le bâtiment et les travaux publics (19%), l'industrie (15%) et l'agriculture (2%).

Les TPE et les PME ont surtout des problèmes de trésorerie

Sans réelle surprise, ce sont les petites entreprises qui ont le plus souvent recours à la médiation, traitée au niveau local par les services départementaux de la Banque de France. En effet, 95% des dossiers sont déposé par des entreprises ayant moins de 50 personnes dans leurs rangs. Dans 60% des cas, l'objet de la médiation porte sur des prêts de moins de 50.000 euros. Autrement dit, la médiation est le plus souvent appelée au secours pour résoudre des problèmes de trésorerie. "Les demandes de médiations pour débloquer des demandes de financements d'investissements sont très rares. Les banques auraient plutôt tendance à se battre sur de tels dossiers ", constate Jeanne-Marie Prost.

Le nombre élevé des défaillances explique-t-il à lui seul cette augmentation des demandes de médiation, dont 60% sont réussies ? La médiatrice apporte une réponse nuancée. " Evidemment, la conjoncture n'est ps bonne. Les secteurs lés à la consommation paient un lourd tribut à la crise. La visibilité des chefs d'entreprises est de plus en plus réduite. Mais pour autant, faut-il incriminer les banques ? Dans certains cas, oui, cr elles ne jouent pas leur rôle au côté de l'entreprise, mais certains dossiers déposés à la Médiation peuvent aussi mettre en évidence des erreurs de gestion du chef d'entreprise ", explique-t-elle. Selon une enquête récente de l'Insee, dont les conclusions sont reprises par le rapport annuel de la Commission européenne sur les PME publié ce mercredi, les entreprises et en particulier les TPE et les PME ont davantage pâti d'un choc de demande que d'un choc de crédit.

La notoriété grandissante de la médiation, fruit des efforts répétés de communication dans les territoires mais aussi du soutien des experts comptables, des fédérations professionnelles, des réseaux consulaires et des organisations patronales, sont aussi à l'origine de cette hausse des dossiers.

Pas le vrai problème

Dans ce contexte, ceux qui accusent les banques de couper le robinet du crédit ont-ils tort ? " Pour l'instant, les statistiques de la banque de France n'indiquent aucune restriction de l'accès au crédit même si, comme l'indique les remontée se terrain que nous avons, certaines banques demandent plus de garanties aux entreprises pour prolonger leurs lignes de crédit. Globalement, les entreprises ne souffrent pas d'un problème d'accès au crédit mai plutôt d'une baisse de leurs chiffre d'affaires et de leur taux de marge ", indique Jeanne-Marie Prost.

L'impact des règles prudentielles

Cette augmentation des dossiers de médiation peut-elle se prolonger en 2014 ? Jeanne-Marie Prost l'envisage sérieusement malgré les espoirs de reprise. « Parce que la croissance est atone, la demande de crédit est plutôt faible actuellement. Si la reprise se confirme, les banques devraient face à une augmentation des demandes de prêts. Il n'est pas sur qu'elles aient les moyens d'y répondre, compte tenu du nouveau cadre prudentiel ", poursuit-t-elle.

Fabien Piliu
Commentaires 2
à écrit le 28/11/2013 à 16:30
Signaler
Tous les raisonnements ne peuvent empêcher que cette médiation est comme un pied de nez à la pensée unique du "Marché juge suprême" ; la loi de la concurrence serait inefficace au point qu'il faille régenter avec des fonctionnaires de l'Etat . Cela c...

à écrit le 27/11/2013 à 17:38
Signaler
Vous mettez un pays en chute économique et cela donne du travail aux fonctionnaires qui ne savent pas compter. C'est de l'auto alimentation avec nivellement par le bas de tous les français. Ah non ! pas les politiciens !!!!! A suivre

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.