Le système éducatif français est de plus en plus inégalitaire

Par latribune.fr  |   |  855  mots
L'OCDE a fait administrer des tests à 510.000 élèves âgés de 15 à 16 ans dans 65 pays et territoires économiques à travers le monde.
Entre 2003 et 2012, les performances du système d'éducation de la France se sont nettement dégradées selon l'enquête Pisa de l'OCDE publié ce mardi matin.

Bonnet d'âne pour le système éducatif français. La qualité du l'éducation délivrée par les écoles françaises s'est nettement dégradé entre 2003 et 2012, selon l'enquête Pisa de l'OCDE, qui souligne la forte augmentation du nombre d'élèves en échec scolaire, particulièrement dans les classes sociales défavorisées.

Dans la nouvelle édition, parue mardi, du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (Pisa), qui évalue les compétences des jeunes de 15 à 16 ans dans les domaines de la lecture, des mathématiques et des sciences, la France est rétrogradée à la 25e place des 65 pays ou économies participants.

Singapour, Shangaï  et HongKong premiers de la classe

Dans le précédent Pisa 2009, auquel 75 pays et économies avaient participé, la France occupait la 22e place dans le classement global des compétences, à quelques encâblures de l'Allemagne, qui la devance désormais à la 16e place. L'Estonie, la Pologne, le Viêtnam, l'Australie, l'Irlande, la Slovénie, notamment, sont également devant la France.

A contrario, les élèves asiatiques se distinguent. En sciences, mathématiques et matière de compréhension de l'écrit, trois économies occupent le podium: Singapour, Shanghai  et Hong Kong. Lors du précédent classement effectué en 2009, ces systèmes asiatiques se démarquaient déjà. Les systèmes de Corée du Sud, de Macao et du Japon sont également très bien notés.

En Europe,ceux qui obtiennent les meilleures places sont: le Liechtenstein (8e), la Suisse (9e) et les Pays-Bas (10e). La Finlande, présentée jusqu'il y a peu comme "le" modèle en matière éducative, est 12e.

Les résultats des Français en mathématiques se dégradent

Pour cette édition, un focus a été opéré sur la "performance" des élèves en mathématiques. Ainsi, on s'aperçoit qu'en France,  elle sont moindres qu'auparavant. Entre 2003 et 2012, la France est passée de la catégorie des pays dont la performance est supérieure à la moyenne de l'OCDE à celle des pays dont la performance est dans la moyenne de l'OCDE.

Globalement, il y a "beaucoup plus d'élèves en difficulté (...), ce qui sous-entend que le système s'est dégradé principalement par le bas entre 2003 et 2012" jugent les auteurs de l'étude et le fossé entre "très bons" et "très mauvais" élèves s'est creusé. Comment expliquer ce "mal français", qui empire cette étude?  L'OCDE avance que cela est du à une forte corrélation entre l'origine sociale des élèves et leurs résultats à l'école, "bien plus marquée que dans la plupart des autres pays de l'OCDE". Et s'ils prennent plus de plaisir dans l'apprentissage des mathématiques que dans la moyenne des pays de l'OCDE, les élèves français sont les plus anxieux.

Au final, le verdict de l'étude est sans appel : "En France, le système d'éducation est plus inégalitaire qu'il ne l'était neuf ans auparavant. En d'autres termes, lorsqu'on appartient à un milieu défavorisé, on a aujourd'hui moins de chance de réussir en France qu'en 2003".

Référence internationale, le Pisa est aussi contesté par des acteurs et spécialistes du monde éducatif qui déplorent des résultats biaisés selon eux par la relativité de l'échantillon (Macao comparé aux États-Unis par exemple) et les critères d'évaluation de pédagogies parfois fort différentes.

"Alerte rouge pour Vincent Peillon"

Il n'en reste pas moins que certains profitent de ces mauvais résultats pour tirer la sonnette d'alarme. Ce mardi matin, l'ancien ministre de l'Enseignement supérieur, Laurent Wauquiez, (UMP) a vu une "alerte rouge pour M. Peillon" dans les résultats de cette enquête. Aux micros de BFM TV et de RMC, il a critiqué le fait que "l'on cherche à traiter tous les enfants de la même manière" et demandé qu'on mette du renfort "sur le cœur du métier": à savoir la lecture, l'écriture, le calcul.

A voir dans le futur, quelle prise en compte sera faite de ces critiques. Lors de la publication des résultats 2009, le ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse d'alors - Luc Chatel - avait décrété la "mobilisation générale" pour lutter contre l'échec scolaire en visant notamment le "fléau" du déterminisme social. Depuis, sans nier le fait que des efforts ont été fourni, la France a malgré tout perdu des place dans le classement Pisa. Les élèves issus de l'immigration sont deux fois plus susceptibles d'être  en échec scolaire et les auteurs de l'étude constatent que "lorsqu'on appartient à un milieu défavorisé, on a aujourd'hui moins de chance de réussir en France qu'en 2003".

Ces conclusions ont été tirés de tests administrés à 510.000 élèves âgés de 15 à 16 ans dans 65 pays et territoires économiques à travers le monde. La prochaine étude Pisa devrait être réalisée en 2015 pour des résultats publiés en 2016.

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