Dans une société hyper-connectée, la démocratie passe aussi à l'ère numérique. Désormais, la colère citoyenne naît sur les réseaux sociaux avant de se propager à la rue. Twitter, Facebook, les blogs et les médias en ligne agissent comme des « accélérateurs » de la prise de conscience collective. Depuis les révolutions arabes de 2011 jusqu'aux manifestations contre la Coupe du monde de 2014 au Brésil, la Toile démultiplie l'accès à l'information, créé le débat, favorise les mouvements populaires.
« Internet et les réseaux sociaux facilitent la capacité des citoyens à se mobiliser et influer sur le cours des événements », explique Jean-Michel Huet, le directeur associé du cabinet de conseil Bearing Point.
Ainsi, dans le tourbillon des jacqueries sociales, ou plutôt fiscales, qui sillonne actuellement la France, les collectifs - bonnets rouges, pigeons, dindons, poussins, moutons... - éclipsent les acteurs traditionnels de la contestation. Syndicats et partis politiques peinent à contrôler et à tirer profit de l'e-révolte.
Dépassé par la puissance de ces collectifs citoyens, le pouvoir vacille. Les pigeons ont donné le signal avec la révolte contre la taxation des plus-values. Les bonnets rouges ont obtenu le report de l'écotaxe. Et les centaines de milliers de manifestants contre le mariage pour tous ont tant effrayé le gouvernement que la PMA (procréation médicalement assistée) et la GPA (gestation pour autrui) ne seront pas abordées dans la grande loi sur la famille prévue pour 2014.
Le « porte-à-porte numérique »
En cette année d'élections municipales et européennes, l'e-citoyen restera au coeur des préoccupations. Peu de candidats oseront défier le suffrage universel sans recourir à Internet et aux réseaux sociaux dans leur campagne, en s'inspirant de ce qu'a fait Obama aux États-Unis. À l'heure du Netcitizen, ou Netizen, on invente le « porte-à-porte numérique ». Les nouvelles technologies peuvent-elles aider la démocratie ?
De plus en plus de voix, à commencer par la CNIL (Commission nationale de l'informatique et des libertés) s'élèvent pour réclamer le vote électronique et la carte électorale biométrique. Peu utilisés dans l'Hexagone, ces outils pourraient se révéler très efficaces pour lutter contre l'abstention... À condition d'éviter les triches et les bugs qui ont parasité, en juin dernier, le vote électronique pour désigner la candidate UMP à la mairie de Paris.
« Techniquement, il est tout à fait possible d'organiser un vote en ligne sécurisé et à grande échelle. Mais la classe politique française n'a pas encore pris la mesure de l'importance de l'ecitoyenneté », déplore Jean-Michel Huet.
En plus d'améliorer le taux de participation, le vote électronique pourrait simplifier l'organisation des élections, éviter les votes nuls et les erreurs de dépouillement. Un prochain combat e-citoyen ?
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