Les entreprises l'ont bien compris : le consommateur est désormais un être pressé. Il ne veut plus simplement un bien, il le veut rapidement ! D'où une multiplication des services à cet effet. Dans les magasins, on voit ainsi naître d'étranges casiers estampillés « clic and collect ».
Dans le nouveau centre Darty Beaugrenelle, à l'ouest du 15e arrondissement de Paris, ceux-ci permettent de venir chercher son téléviseur ou son micro-ondes une heure à peine après avoir passé sa commande sur la Toile. Il en va de même pour les drives. Ceux-ci permettent aux clients de faire leurs courses sur le Net, puis de venir les chercher en magasin en évitant les files d'attente.
En France, 850 drives ont vu le jour ces douze derniers mois, portant leur nombre total à près de 2.500. Soit plus que le nombre d'hypermarchés !
Dans la même veine, les services de conciergerie se développent. En témoigne l'apparition de DaddyGroom, un nouveau service dédié aux papas soucieux de s'occuper au mieux de leurs bambins. Lancé par Daddy-Coool.fr, un site né en avril dernier visant à épauler les pères de famille, il propose, par exemple, de livrer des repas équilibrés, ou d'organiser des goûters d'anniversaire.
"Fast restauration"
Les food trucks, eux aussi, comblent les désirs des actifs désireux de manger vite et bien. Ces camions-cantine ambulants - qui délivrent des burgers, empanadas et autres sandwiches de qualité - sont de plus en plus nombreux à tirer le frein à main au pied des entreprises le midi (lire aussi les food trucks à la française appuient sur le champignon). C'est le cas de Zesto Food, un food truck de sandwiches qui sillonne, à l'heure du déjeuner, une zone d'activité tertiaire d'Aix-en-Provence. Pour Romain de Saint-Pierre, son patron, les employés n'ont donc plus besoin de marcher jusqu'aux brasseries, restaurants et boulangeries, parfois bien éloignés de leurs bureaux.
Une tendance à courir contre la montre
Pourquoi diable sommes-nous devenus si pressés ? Pour Alain Chenu, professeur de sociologie à Sciences Po Paris, cette tendance à l'accélération des rythmes est notamment la conséquence des chambardements du monde du travail, couplés au boom des nouvelles technologies.
« Les 35 heures ont accouché d'une plus grande flexibilité du travail », rappelle-t-il.
Ce qui fait que l'employé doit souvent gérer un emploi du temps changeant, et donc profiter efficacement de créneaux horaires variables.
À cela, il faut ajouter « la tendance des entreprises à responsabiliser et impliquer davantage leurs équipes ».
Du coup, si l'employé doit lever l'ancre du bureau plus tôt pour voir son banquier, il peut néanmoins rester en alerte en gardant l'oeil sur ses mails professionnels sur son smartphone. Et achèvera ses tâches chez lui, sur son ordinateur personnel connecté à Internet. On a donc bel et bien tourné la page du fordisme, avec seshorairesfixesetimmuables.
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