Chili : Nicholas Regnault, à la conquête du Nouveau Monde

En ce début d'année, La Tribune publie chaque jour le portrait d'un ou d'une Français(e) qui connaît le succès à l'étranger. Aujourd’hui, Nicholas Regnault, français de 32 ans, pour qui fonder une entreprise de distribution de pièces à l'industrie gazière lui a permis de combler son désir d'Amérique du Sud.
"Il n'y a rien d'impossible. Les tripes, ça peut faire franchir des océans et des montagnes", affirme Nicholas Regnault.

"Faire quelque chose en Amérique du sud". C'est ce qui a conduit Nicholas Regnault, jeune conquérant de 32 ans, à s'établir avec femme et enfant à Santiago du Chili, la capitale chilienne. Contrairement à d'autres, il ne s'agissait pas pour lui de fuir la France en soi, mais de voyager, découvrir d'autres cultures.

"Je suis de grand-mère espagnole et de grand-père portugais, j'imagine que c'est dans les gènes de partir pour voir ce que l'on peut construire ailleurs", explique-t-il.

Deux ans pour faire ses armes

Tout ne s'est toutefois pas fait en un jour. "J'ai mis deux ans à mettre en place mon projet", raconte le jeune homme. Ses premières amours pour le Chili remontent à son stage de sept mois qu'il a effectué à la mission économique française de Santiago dans le cadre de ses études à l'ESCD 3A, une école de commerce spécialisée dans les pays d'Amérique Latine.

Ce qui le frappe, c'est le dynamisme du pays où il y a encore beaucoup à faire, contrairement à la vieille Europe, où le développement est tel qu'il y est difficile de réussir. Au Chili, "le champ des possibles est plus vaste", selon Nicholas.

Mais ses premiers pas dans la vie active se feront en France, dans une PME picarde où il occupe le poste de Responsable export. Un moindre mal, car ce premier emploi lui permet de voyager trois à quatre fois par an à travers le monde. Dans sa PME, tout le monde est au courant de son envie d'Amérique Latine. Il en parle régulièrement autour de lui, et, un jour, il se décide.

"A partir du moment où j'ai pris ma décision et où j'en ai parlé autour de moi, je ne peux pas revenir dessus", affirme Nicholas.

Les premiers coups de pouce venus des Français

Reste à définir un projet concret. "Cela aurait pu être n'importe quoi", dit-il. N'importe quoi certes, mais pas n'importe comment, car le jeune entrepreneur est marié, et père d'un enfant. Il informe alors son patron de son départ prochain et lui demande s'il peut lui être utile. Celui-ci, intéressé, sera son premier client. Un projet est né : s'occuper de la distribution de pièces à destination de l'industrie gazière. Un secteur en plein essor en Amérique du Sud. Sans cet appui, il aurait sans doute fait autre chose, confie-t-il.

Une fois sur place, le rêve met un an avant de vraiment prendre forme. "Il y a des difficultés auxquelles on ne pense pas avant d'arriver. Par exemple, il est impossible d'ouvrir un compte ici sans être recommandé", et les chiliens ne l'aident pas beaucoup. Être étranger est un handicap supplémentaire. Heureusement, il peut compter sur le réseau français.

Des bureaux sont même mis à sa disposition par un conseiller du commerce extérieur français suite aux conseils de la mission économique. Il obtient alors les soutiens nécessaires pour ouvrir son compte en banque et obtenir des facilités bancaires. Sa société, Energuias, peut alors exister. Nous sommes en 2009.

"Je l'ai voulu au plus profond de moi"

Après des mois à travailler d'arrache-pied, sans compter ses heures et dans "un stress permanent", sa société passe le cap de la première année et commence à grandir. Aujourd'hui, au bout de quatre ans, ils sont quatre, réalisent un chiffre d'affaires compris entre 1,5 et 2 millions de dollars et dégagent des bénéfices. Une représentation a été ouverte au Pérou, un pays sur lequel il travaille depuis son arrivée, et il vise déjà la Colombie, le Brésil et l'Uruguay.

Fier d'avoir accompli tout ce chemin, il explique que la plupart de ses amis sur place sont chiliens. Fidèle à son premier souhait, sa "priorité n'est pas de rencontrer des Français". Une pratique courante chez la plupart des expatriés, qui aiment se retrouver entre eux, selon lui.

"Tout ce que j'ai, je l'ai voulu au plus profond de moi, ce n'est pas un accident", affirme-t-il fièrement. De cette expérience, dans laquelle il a été soutenu par son épouse, qui l'a suivi jusqu'au bout, il tire un enseignement : "Il n'y a rien d'impossible. Les tripes, ça peut faire franchir des océans et des montagnes". C'est selon lui, le message qu'il faudrait transmettre pour combattre la morosité française.

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