Pacte de responsabilité : le patronat et François Hollande se rendent coup pour coup

En déplacement avec François Hollande aux Etats-Unis, le président du Medef ne se contente pas d’encadrer la délégation de chefs d’entreprises. Interdit lundi de conférence de presse par l’Elysée, Pierre Gattaz a évoqué les contreparties que l’exécutif comptait réclamer aux entreprises dans le cadre du Pacte de responsabilité.
Fabien Piliu
Les contreparties, la pomme de discorde entre l'Elysée et le patronat

Le pacte de responsabilité verra-t-il le jour ? Initialement salué par le patronat, l'initiative présentée par François Hollande lors de la Saint Sylvestre est en train de tourner au pugilat. En déplacement aux Etats-Unis avec une quarantaine de chefs d'entreprises dans le sillage du cortège présidentiel, Pierre Gattaz, le président du Medef, n'a pas mâché ses mots. " J'ai dit depuis le 1er janvier que j'accompagne ce pacte car il est nécessaire pour la France, pour nos emplois. J'attends du gouvernement qu'il me précise en mars quelle est la trajectoire de baisse de la fiscalité sur des entreprises. On ne pourra avancer au niveau des entreprises que si on redonne de l'oxygène et donc des marges aux entreprises françaises qui sont actuellement les plus faibles d'Europe ", a-t-il déclaré mardi à une poignée de journalistes.

Le Medef veut fixer des objectifs précis

Concrètement, si et seulement si la fiscalité baisse, Pierre Gattaz a indiqué que le Medef entrerait " rapidement dans les travaux avec les partenaires sociaux, le gouvernement sur, non pas des contreparties, mais des engagements de mobilisations : où peut-on créer de l'apprentissage ? Dans quelle filière ? Où peut-on créer de l'emploi ? Quel verrou faire sauter pour créer de l'emploi? ", a-t-il précisé. " Il faut arrêter de gérer par la contrainte. Aujourd'hui quand on parle de contreparties, j'entends aussi des gens qui disent 'on va vous obliger, vous contraindre, vous mettre des pénalités, si vous ne le faites pas, on va vous punir'. Il faut arrêter ce discours insupportable. On est toujours dans l'incitation négative en France (...) Il faut coincer le gars et le punir. Je ne comprends pas le mot 'contreparties' (...) il faut définir un projet commun sur la création d'un million d'emploi en cinq ans -ce qui est le projet du Medef (...) nous avons des engagements réciproques (...) l'objectif est de créer de l'emploi, de la croissance et un terreau attractif qui restaure de la confiance ", a-t-il poursuivi.

Quand la diplomatie et la préséance sont évoquées

Comment expliquer ces déclarations ? Pierre Gattaz a-t-il été piqué au vif par l'annulation de la conférence de presse que le Medef souhaitait organiser mardi, le premier jour de la visite officielle de François Hollande aux Etats-Unis. Pour justifier cette annulation, l'organisation patronale a évoqué des raisons " diplomatiques et de préséance ".

Plus probablement, le président du Medef entend riposter aux attaques venues de France. Ce mardi, réagissant devant les députés PS aux propos du président du Medef, Jean-Marc Ayrault a déclaré que le dialogue social ne pouvait pas reposer sur " des oukases ".

« Ni trique, ni fouet », pour Pierre Moscovici

Dimanche, Pierre Moscovici avait expliqué que le gouvernement ne fera "pas de cadeau unilatéral" aux entreprises sur les contreparties en termes d'emplois auxquelles elles s'engageraient en échange d'une baisse de charges dans le cadre du pacte de responsabilité. " Ni trique, ni fouet, ni conditionnalité bureaucratiquement vérifiée, en revanche, pas non plus de cadeau unilatéral ", avait déclaré le ministre de l'Economie lors de l'émission " Tous politiques " de France Inter-Le Parisien-France 24.

Vendredi, à l'issue de son entretien avec Pierre Gattaz, Harlem Désir avait lancé la première charge."J'ai dit que nous attendions du Medef qu'il s'engage très fortement sur les contreparties, sur les embauches, sur la qualité des emplois, sur la formation, mais aussi sur l'investissement en France pour développer les sites de production en France ", avait déclaré le Premier secrétaire du PS à l'AFP.

La CGPME n'est pas en reste

La CGPME est également très remontée. " La CGPME le dit et le répète : les chefs d'entreprise en période de crise n'hésitent pas à diminuer leur propre rémunération pour préserver leur entreprise et éviter de licencier ", explique la Confédération dans un communiqué, reprenant une enquête de l'Insee récemment publiée sur la rémunération des dirigeants salariés. selon cette étude, la rémunération des chefs d'entreprise de moins de 20 salariés a baissé de 6,4% en 2011 et ce, quel que soit le secteur, portant la rémunération mensuelle moyenne d'un dirigeant d'une entreprise de cette taille à 3.990 euros.

" La rémunération diminue, la marge baisse. Dans un tel contexte, les débats sur les contreparties à la baisse éventuelle des charges apparaissent bien dérisoires à ceux qui se battent au quotidien pour maintenir leur activité et garnir leur carnet de commande, quitte à se serrer la ceinture ", estime la CGPME.

Fabien Piliu
Commentaires 22
à écrit le 12/02/2014 à 8:55
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Le Medef ... vraiment pas de vision à long terme !

à écrit le 12/02/2014 à 8:35
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Nous lecteurs de La Tribune nous reformatons le titre ainsi : " Le patronat et François Hollande se rendent coup de main pour coup de main, ils sont main dans la main, et leur jeux de rôle est en parfaite conformité à ce que les français d'en bas co...

à écrit le 12/02/2014 à 1:59
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ce pacte n'est évidemment qu'un piège politique qui vise à transferer la responsabilité des échecs le moment venu... sauf que le poisson ne mort plus à rien. parole de pêcheur.

à écrit le 11/02/2014 à 20:55
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Je suis chef d'entreprise et on ne m'obligera jamais à faire ce que je ne veux pas. Depuis 5 ans que nous vivons des moments difficiles nous avons fait le maximum pour préserver l'emploi. Maintenant, c'est terminé. Les entreprises qui ne sont pas ren...

à écrit le 11/02/2014 à 20:21
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Un électeur de Hollande : «J'ai honte et je demande pardon»

le 12/02/2014 à 6:02
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Mais non, mais non, faut pas ! Vous auriez voter pour l'autre brelle, c'était kif kif, vu qu'ils prennent tous les 2 leurs ordres à la maison mère à Tel Aviv et à sa succursale de Wall Street...

à écrit le 11/02/2014 à 20:07
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Il ne veut pas entendre parler de contreparties. Qui a parlé d'un million d'emplois ? Qui porte un pin's avec écrit 1 million ? Gattaz a été plus démago qu'un politicien en campagne et maintenant il est pris à son propre jeu. Maintenant faut assumer ...

le 11/02/2014 à 23:29
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1 million c'est pas plutôt son (ou ses) salaire(s) ?

à écrit le 11/02/2014 à 19:32
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Je suis chef d'entreprise, je gagne 800 Euros net par mois et je prends tous les risques pour ces gens (FH et PG) qui n'en valent pas la peine. Mon pays est une grosse .....

le 11/02/2014 à 20:44
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je compatis Si ton pays ne fonctionne pas, l'europe elle marche ! :) Tu peux travailler en allemagne ou au royaume-uni sans les dialogues de sourds franco/francais. C'est très facile (la(es) langue(s) est le seul challenge)

à écrit le 11/02/2014 à 19:22
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Nous parlons et nous marchons à coté du vélo ! Notre gros problème est de souffrir d’un manque de pédagogie dont l’éducation nationale et le patronat sont les vecteurs. Comme il me parait difficile que l’éducation se réforme pour nous dire « nous ne...

à écrit le 11/02/2014 à 19:17
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Tout cet argent des contribuables dépensé dans ce voyage pour aller s'engueuler devant les investisseurs étrangers. Quelle honte, à tout point de vue.

à écrit le 11/02/2014 à 19:00
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Sans doute la griserie de l'avion et du voyage...Gattaz voyage habituellement peu hors des frontières ceci explique sans doute cela !

à écrit le 11/02/2014 à 18:40
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Il peuvent se rendre coup pour coup pour la galerie, mais le perdant à ce jeu c'est Hollande car si cela cafouille, c'est lui qui joue sa carrière politique.

le 11/02/2014 à 20:48
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non justement/tristement, la france nivel (?) par le bas. hollande peut très bien se faire re-élire grâce a son immobilisme/incompétence (cf chirac)

à écrit le 11/02/2014 à 18:35
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1 million sur 5 ans? les marges 2013 ds entreprises industrielles sont de 23%, contre 26% en 1982... hormis des emplois aides et des emplois de ' service a la personne' sponsorises, on ne voit pas bien...

à écrit le 11/02/2014 à 18:22
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Y EN A QUI ONT DE L AVANCE ! LOL https://fr-fr.facebook.com/photo.php?fbid=611716062245751&set=a.537279586356066.1073741826.537275039689854&type=1&theater

à écrit le 11/02/2014 à 18:03
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un pacte de fumisterie por tout dire!

à écrit le 11/02/2014 à 17:32
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Le pacte de responsabilité, c'est comme les emplois aidés, un flop assuré. Hollande devrait regarder en visitant les USA comment fonctionne une économie libérée des idées socialistes étatiques.

le 11/02/2014 à 18:21
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C'est exactement cela. Dans le privé, on n'a pas besoin d'emplois aidés. Si on a de l'activité, on embauchera même aux conditions actuelles. Alors, les milliards, il faut les utiliser à relancer la consommation et à aider les entreprises à exporter p...

à écrit le 11/02/2014 à 17:05
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Ce pays est grotesque, on s echarpe sur 10 milliards de baisses de charges supplémentaires.. L inculture économique crasse des elites politiques francaises empeche tout debat serein et constructif

le 12/02/2014 à 8:29
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Utilisons les 10 milliards a racheter de la dette et a doubler le smic plutôt que l'offrir a ces ingrats

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