Municipales à Paris : Anne Hidalgo et NKM face aux entrepreneurs

A l’initiative de La Tribune, du Medef Paris, de la CGPME Paris, Anne Hidalgo et Nathalie Kosciusko-Morizet ont répondu mercredi soir aux entrepreneurs de Paris et d'Ile-de-France. A un mois du scrutin, les positions s'affûtent...
Une "vraie différence sur le fond, sur la forme, sur le style" entre les deux candidates, selon le président du Medef Paris.

Etait-ce en raison de leurs différences de programme, ou parce que la candidate socialiste, Anne Hidalgo, s'est amusée du "risque" pris par le Medef d'inviter "une ancienne inspectrice du travail"? Toujours est-il que sa rivale, candidate de l'alliance UMP-UDI-Modem, Nathalie Kosciusko-Morizet, a davantage été applaudie en fin d'intervention… par une assistance qui il est vrai lui était sans doute plus acquise...

Les deux principales candidates à la mairie de Paris étaient conviées, à l'initiative de La Tribune, du Medef et de la CGPME, à un "Grand oral" d'une heure chacune. Soutien à l'innovation, urbanisme, circulation, fiscalité, transport : Medef oblige, les questions posées par des entrepreneurs franciliens étaient toutes centrées sur la vie économique de la capitale.

Revue comparative d'un débat qui a permis, assure le président du Medef Paris et de l'UFIP Jean-Louis Schilansky, de mettre au jour une "vraie différence sur le fond, sur la forme, sur le style" entre les deux candidates.

Comment améliorer l'attractivité parisienne ?

"Je veux vivre le mandat de maire en allant chercher l'excellence avec les dents partout où elle est", attaque Nathalie Kosciusko-Morizet, offensive.

"Le déclassement aujourd'hui s'attaque un peu à tout les secteurs, Paris a décroché en terme d'organisation de salons, de colloques, sur la question du tourisme, des loisirs… Ce n'est pas un hasard qu'il y ait une génération qui rêve de créer sa boîte à Londres ou d'aller faire une œuvre d'art à Berlin".

De son côté, Anne Hidalgo veut avant tout promouvoir la "marque Paris" à l'international. "Avoir un territoire de 7 millions d'habitants avec le Grand Paris nous permet de nous mettre à la même échelle que les autres grandes métropoles". Un maire doit être "un ambassadeur de sa ville", entreprises incluses, explique-t-elle. Si elle est élue, Anne Hidalgo mettra en place un "conseil stratégique", pour "éclairer les décisions, avoir cet écho des entreprises pour agir dans un champ de mondialisation des villes. Le Grand Paris est un élément clé."

Incarner Paris

L'actuelle première adjointe à la mairie veut faire de Paris un modèle de "ville-monde". Etre un maire qui fédère et "porte sa ville dans tous les challenges internationaux", dans un contexte de "concurrence féroce des villes dans le monde". "Paris a des singularités que Londres ou New York n'ont pas", assure Anne Hidalgo.

D'accord avec sa rivale, Nathalie Kosciusko-Morizet assène : "les villes doivent être incarnées", prenant l'exemple de l'excentrique maire de Londres, Boris Johnson. "Il fait du marketing de sa ville et passe un seul message : Londres c'est une ville dans laquelle on peut aller pour réussir. Alors qu'il y aurait beaucoup à dire sur sa ville, en terme de circulation, de logement, de chômage des jeunes… Pourtant ça marche !". Et l'ancienne députée-maire de Longjumeau de dépeindre Paris en "ville d'avant-garde, où l'on vient réussir sa vie, quand on est en quête d'émancipation économique ou sociale…". La "ville des Rastignac" des temps modernes, conclut-elle. Les deux candidates, sans surprises, se présentent toutes deux en "ambassadrices" du rayonnement de Paris à l'international.

L'enjeu crucial de la circulation

"70% des parisiens sont favorables à la fermeture des quais rive gauche", estime Anne Hidalgo, provoquant une bronca dans l'auditorium, pas convaincu. "Une ville comme Paris est une ville dans laquelle il y a de la mobilité. Une mobilité qui ne serait que la voiture personnelle, et à laquelle il n'y aurait pas d'alternative, ce n'est pas une vraie mobilité". Pour la candidate socialiste, alliée aux Verts, "il faut des alternatives, les transports en commun, les tramways, les bus propres, tout ça va dans le même sens." En cas de victoire le 30 mars prochain, elle "défendra deux demandes : l'utilisation des voies de circulation prioritaire pour les véhicules électriques, et une augmentation du nombre de bornes de rechargement."

tweet municipales hidalgo

NKM articule sa communication sur les transports autour de trois axes : "moins de stress, moins de pollution, plus de liberté". Au delà des annonces de principe, "NKM" entend "adapter la politique à chaque quartier" : sur les grandes artères, "il faut que ça batte, que ça bouge". Quant aux Halles ou au Sentier, "ils doivent être aménagés différemment". Pourquoi pas, explique-t-elle, selon un système "à la romaine" : dans la capitale italienne, on se sert d'outils numériques permettant de "réserver l'espace aux résidents et commerçants". "Il y a quelques années, c'était très difficile à contrôler, aujourd'hui c'est relativement simple".

 

Plus d'enseignes ouvertes le dimanche ?

Sur l'ouverture des magasins le dimanche, demandée par certaines enseignes - et une majorité de l'auditorium du Medef -, les positions des candidates étaient connues. Anne Hidalgo n'est "pas partisane d'une généralisation" mais s'est dit favorable à une "étude dans le cas des sept zones touristiques", précisant qu'il conviendrait aussi de se demander si ce nombre de zones ne devrait pas évoluer. Elle a aussi demandé à ce qu'on "arrête de s'auto-flageller" car il y a, selon elle, plus de commerces ouverts le dimanche à Paris qu'à Londres.

NKM veut libéraliser "par l'extension et la création de nouvelles zones d'ouverture le dimanche", notamment dans les "rues du luxe" du centre de Paris. La candidate UMP a évoqué la mine dépitée des touristes asiatiques voyant les boutiques de l'avenue Montaigne fermées le dimanche et le soir "à des heures où leur porte-monnaie est encore rempli". Permettre les magasins d'ouvrir davantage le dimanche, poursuit-elle, "ça correspond aux nouveaux rythmes de la vie, c'est 24/24 c'est ça une grande ville. Il faut aussi penser à ceux pour qui c'est un nouveau rythme familial", pour la garde des enfants par exemple.

L'épineux dossier de la fiscalité

Anne Hidalgo joue la prudence sur les impôts. Elle a réitéré ses critiques à l'égard de la politique fiscale nationale et pris ses distances sur ce point avec François Hollande : "on, et c'est un "on" national - est allé beaucoup trop loin sur la fiscalité. Il faut revenir à des choses beaucoup plus raisonnables". La candidate PS, qui avait annoncé le matin même qu'elle ne comptait pas augmenter la fiscalité des entreprises parisiennes, a incriminé la réforme Fillon de la taxe professionnelle (devenue la CET) "qui, au lieu de diminuer les charges sur les entreprises, les a accrues". Une situation qu'elle déplore, "d'autant que Paris ne profite de ces prélèvements qu'à hauteur de 834 millions d'euros", le reste étant "parti dans des péréquations régionales et nationales". Et de conclure : "Si la fiscalité a été accrue, ce n'est pas le fait de la ville de Paris, mais du gouvernement précédent".

Renvoyer la balle dans le camp adverse, c'est aussi la méthode employée par NKM. A ses yeux, la promesse d'Anne Hidalgo de ne pas augmenter la fiscalité ne tient pas. "Le texte sur le Grand Paris prévoit automatiquement une hausse de la cotisation foncière des entreprises", assure-t-elle. "Je ne suis pas pour le machin administratif qui est en train de se construire et va coûter 3,4 milliards d'euros, à la charge des parisiens et des entreprises". Au contraire, NKM assure vouloir se battre contre les hausses d'impôts, et même, "dans la mesure du possible", de les réduire. Ce qui passe, pour elle, par une "réduction des dépenses d'une commune habituée à être riche" grâce aux droits de mutation.

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>>> VIDEO [MUNICIPALES 2014] Hidalgo / NKM face au Medef 

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