Le discours de Manuel Valls peut-il redonner le moral aux Français ?

Lors de son discours de politique générale, le Premier ministre a décliné une série de mesures en faveur des ménage et des entreprises. Suffiront-elles à restaurer leur confiance ?
Fabien Piliu
Manuel Valls redonnera-t-il confiance aux chefs d'entreprises ?

Avec son discours aux accents gaulliens, qui dresse un portrait terriblement déprimant d'une société française en souffrance, Manuel Valls s'était fixé un objectif clair : redonner confiance aux Français.

A tous les Français ? Tel est son souhait. Mais comme ses annonces dans le domaine économique ne concernent pas tout le monde - tous les ménages, toutes les entreprises -, on peut penser que le Premier ministre espère un large effet de diffusion.  

En effet, seuls les ménages les plus modestes ont retenu l'attention du nouveau locataire de Matignon. Pour augmenter leur pouvoir d'achat, Manuel Valls a annoncé que les salariés payés au SMIC bénéficieront d'une baisse des cotisations salariales à compter du 1er janvier 2015. " Cette mesure permettra de procurer 500 euros par an de salaire net supplémentaire. C'est presque la moitié d'un treizième mois pour un salarié payé au SMIC" a estimé le chef du gouvernement. Ce gain sera dégressif entre le SMIC et 1,3 fois le SMIC ", a-t-il déclaré. A cette mesure s'ajouteront des allègements fiscaux pour stimuler leur pouvoir d'achat. Au total, l'ensemble de ces mesures en faveur des ménages modestes représenteront 5 milliards d'euros d'ici 2017.

Le CICE est inchangé

Pour restaurer la confiance des entreprises, Manuel Valls a également été sélectif. Il aussi joué la montre. Alors que la rumeur circulait concernant la création d'un crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) « Plus », celui-ci est donc inchangé comme La Tribune l'annonçait en fin de matinée.

A l'issue des travaux et des discussions qui se sont tenues lors des Assises de la fiscalité entamées fin janvier, l'exécutif avait en effet longuement réfléchi à la création de deux seuils supplémentaires au CICE, en vigueur depuis le 1er janvier pour stimuler les créations d'emploi des bas et des hauts salaires. Matignon a donc fait machine arrière lors des derniers arbitrages même si, dans son discours, Manuel valls a indiqué qu'il refusait " d'opposer l'effort pour les emplois les moins qualifiés - dont nous avons besoin - et celui pour les emplois qualifiés qui font notre compétitivité - notamment dans l'industrie ". 

En revanche, les indépendants (artisans, commerçants et professions libérales) ne sont pas oubliés. Ils bénéficieront d'une baisse de plus de trois points de leurs cotisations famille dès 2015, ce qui représente un milliard d'euros de baisses de charges.

La suppression de la surcotisation de l'impôt sur les sociétés (IS) en 2016 est officialisée, comme prévu. La suppression de la contribution sociale de solidarité sur les sociétés (C3S), également prévisible, est également actée mais étalée dans le temps, sur trois ans, jusqu'en 2017.

Quid de la promesse de François Hollande ?

Promise par François Hollande le 14 janvier pour réduire le coût du travail, la suppression des cotisations patronales pour financer la branche famille de la Sécurité sociale n'est plus d'actualité. Prévue pour 2017, cette mesure serait repoussée sine die. Pour ne pas tout à fait trahir la parole du chef de l'Etat, Matignon a décidé de les abaisser de 1,8 points en 2016 pour les salaires jusqu'à 3,5 SMIC, "c'est-à-dire plus de 90% des salariés", a précisé le Premier ministre. Actuellement, ces cotisations s'élèvent à 5,4% du salaire brut.

Quant à la baisse de l'IS sous la barre des 30% des bénéfices - la moyenne européenne atteint 27% -, elle aura bien lieu mais par étapes. Le taux d'IS sera réduit à 28% en 2020, avec une premier geste de l'exécutif en 2017 !

"Pour simplifier notre système fiscal, plusieurs dizaines de petites taxes complexes et de faible rendement seront enfin supprimées", a également précisé le Premier ministre.

Quels commentaires peut-on faire de ce discours ? Si les artisans devraient se réjouir de la baisse des charges annoncée, il faut s'attendre à ce que les dirigeants de PME soient déçus sachant que les suppressions de la cotisation de l'IS et de la C3S ne concernent que les moyennes et grandes entreprises. En effet, la première est acquittée par les entreprises affichant un chiffre d'affaires supérieur à 250 millions d'euros. La seconde concerne les entreprises dont le chiffre d'affaires dépasse 760.000 euros. " En matière fiscale, disons-le clairement, les grands gagnants sont es grands groupes. Puis viennent les 10% d'entreprises assujetties à la C3S et enfin, en queue de peloton,les 90% de TPE et de PME françaises à qui l'on promet un hypothétique impôt sur les sociétés à 28% en 2020 ", estime la CGPME.

Le choc de compétitivité est-il puissant ?

Ces mesures seront-elles assez puissantes pour restaurer la confiance des entreprises vis-à-vis de l'État et leur permettre d'améliorer leur compétitivité, embaucher et innover ? Compte tenu de la nature de ce Pacte, les contreparties réclamées aux entreprises - aussi minimales soient-elles - en matière d'emploi seront-elles respectées ? Si la suppression des charges patronales pour les salariés payés au SMIC devraient favoriser les recrutements d'emplois peu qualifiés - avec le risque de renforcer le phénomène de trappe à bas salaires -, le maintien du CICE en l'état et la réduction des cotisations familiales patronale semblent insuffisamment calibrés pour restaurer le taux de marge des entreprises et redresser leur compétitivité. Quand le gouvernement décide de provoquer un choc de compétitivité sur le coût de 30 milliards, le Medef plaide - dans le désert - pour un choc d'au moins 100 milliards d'euros. 

Pourquoi Matignon a changé son fusil d'épaule

En concoctant un Pacte à l'ambition mesurée, au-delà de la question du vote de confiance des députés dont le résultat laisse peu de place au doute, le Premier ministre ne tente-t-il pas de s'attirer les bonnes grâces de tous les tendances de la majorité ? Peut-être. Il faut se rappeler que le Pacte de responsabilité a été très attaqué par l'aile gauche du PS qui le considérait comme un cadeau fait aux entreprises. Pour Manuel Valls, qui se situe à l'aile droite du PS, il est urgent et impératif de rassembler toutes les familles qui composent la majorité actuelle pour pouvoir gouverner sereinement.  

A ce calcul s'en ajoute peut-être un autre. Sachant que toute mesure est financée par des économies supportées par l'État (État, Collectivités locales et Sécurité sociale), dont le montant s'élèvera à 50 milliards d'euros, le gouvernement a peut-être préféré restreindre ses efforts en faveur des entreprises pour limiter les dégâts attendus dans la fonction publique.

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Fabien Piliu
Commentaires 23
à écrit le 02/05/2014 à 23:13
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Encore une de plus!

à écrit le 12/04/2014 à 12:41
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Vive la France ! : Impôts en hausse, taxes en hausse, fin de la liberté d'expression, multiplication des aides à des personnes qui ne les méritent même pas, tolérance des fraudes de certaines minorités, journée pour les roms, guignols qui prennent d...

à écrit le 09/04/2014 à 12:54
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De belles paroles mais Hollande nous a fait déjà fait le coup et on voit le résultat! Pour Valls, j'attends les resultats et les actions réelles et immédiates. Mais faut pas oublier qu'Hollande est toujours la. Soit Valls arrive à le ballionner soit...

à écrit le 09/04/2014 à 10:52
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le lyrisme est peut-être bien vu par ces pairs mais par les électeurs émotifs cela ne marchera que 5 minutes , non le problème c'est que ces électeurs de gauche on encore entendu une flopée de cadeaux et qu'eux seront toujours desservis en dernier a ...

à écrit le 09/04/2014 à 10:19
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Comme il a fallut 2 ans à HOLLANDE-AYRAULT pour mettre la France dans la situation actuelle: chômage, déficits, dettes, prélèvements obligatoires, activité économique nulle ou presque. Il en faudra largement autant pour inverser toutes les tendances ...

à écrit le 09/04/2014 à 10:13
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FN , FN , FN.

à écrit le 09/04/2014 à 7:50
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La démission c est maintenant ! Peut importe le temps passe mais Hollande ne trouvera jamais le manuel de sa boite a outil

à écrit le 09/04/2014 à 0:06
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Quand on a un premier ministre qui prends Zaki Laidi pour un intellectuel, on peut s'attendre au pire...

à écrit le 08/04/2014 à 20:08
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Les patrons se seront contents que le jour où les salariés seront payés 100 euros. Les propriétaires bailleurs et rentiers ne seront content qu'avec le statut de marchand de sommeil , avec 400 euros pour 10 personnes dans un 20 mètres carrés.

le 08/04/2014 à 21:20
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N'importe quoi... 3 lignes, 2 fautes, 1 avis caricatural au possible (et tellement bien justifié avec ça !), bref... 0 intérêt. Parfois, il vaut mieux se taire qu'étaler publiquement sa stupidité.

le 09/04/2014 à 0:05
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>Pfff Tout à fait, d'ailleurs montrez l'exemple!

le 09/04/2014 à 7:47
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Les patrons ne seront contents que le jour où les salariés seront payés 30 euros par mois. Les propriétaires-bailleurs et rentiers ne seront contents qu'avec le statut de marchands de sommeil , avec 600 euros pour 10 personnes dans un 10 mètres carr...

le 09/04/2014 à 10:57
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a paix sociale , faut voyager , car on trouve déjà des salariés dans le monde qui ont faim et qui doivent faire survivre leurs familles , donc des emplois a 30 euro par mois ils sont preneurs et ils sont quelques millions a attendre qu'une entreprise...

à écrit le 08/04/2014 à 19:53
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IL parait que Hollande, nous a entendu et compris, par l'intermédiaire de Valls...ah! bon ??? !

à écrit le 08/04/2014 à 19:48
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Je suis ravie de savoir que l'on va augmenter mon salaire pour que je puisse être imposable (donc aucun gain de pouvoir d'achat) alors que d'autre vont passer sur la tranche supérieure pour un pouvoir d'achat virtuel!

à écrit le 08/04/2014 à 18:57
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Mille-feuilles administratif ! Quel crédit accorder à celles et ceux qui ont voté en septembre 2012, l'annulation du conseil territorial qui supprimait les conseillers régionaux et départementaux ! Valls a t-il voté contre ?

à écrit le 08/04/2014 à 18:25
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Avec la suppression des cotisations patronales sur le SMIG, voilà le retour de la trappe à pauvreté! Et on ne se soucie pas des entreprises à haut niveau de qualification qui quittent la France. Que restera-t-il du pays dans 20 ans ?

le 08/04/2014 à 21:22
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@robert: Pour le PS, ce sont les smicards qui créent de la valeur ajoutée en France, tout est dit...

à écrit le 08/04/2014 à 18:16
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500€ en plus par an, c'est tout pour voter socialiste,ca fait pas rêver la classe ouvrière,

à écrit le 08/04/2014 à 18:08
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Comment ce discours pourrait nous redonner confiance, sachant qu'il ne fait que traduire (et c'est un début, attendez-vous à voir fleurir les "réformes structurelles" à tours de bras), la volonté des technocrates bruxellois de faire rentrer la France...

à écrit le 08/04/2014 à 17:51
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premiere chose à faire montrer l'exemple en supprimanT à effet immediat les privileges des deputes et senateurS ex la reserve parlementaire ,leur retraite PUIS EN DIMINUER LE NOMBRE

le 08/04/2014 à 18:27
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Comment, vous oseriez toucher aux avantages-nombreux- bien mérites par des députés qui se dévouent pour votre bien être ?

à écrit le 08/04/2014 à 17:42
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L'action du gouvernement passe nécessairement par la réforme de la fiscalité. Comme rien n'a été précisé, cela laisse le champ libre à Coe-Rexecode pour proposer un projet valable.

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