Défaillances d’entreprises : toujours la loi de la jungle !

Selon les statistiques des défaillances d’entreprises dévoilées par la cabinet d’études Altares, les micro-entreprise sont en première ligne. En revanche, pour les PME de plus de 50 salariés, l’horizon s’éclaircit. Le nombre d’emplois menacés reste stable.
Fabien Piliu
Au total, 16.858 entreprises ont fermé leurs portes entre janvier et mars.

Elles sont petites et fragiles. Selon le baromètre trimestriel du cabinet Altares, la sinistralité des micro-entreprises sans salarié a bondi de 13,5 % au premier trimestre 2014 sur un an. Au total, 6.900 micro-entreprises ont déposé le bilan en trois mois, soit 800 de plus qu'un an plus tôt. Les TPE employant de 1 à 9 salariés s'en sortent à peine mieux. " Après un début d'année 2013 compliqué, durant lequel les redressements judiciaires et les liquidations judiciaires [RJLJ] avaient augmenté de 7 %, le premier trimestre 2014 est mieux orienté [-2,7 %], mais encore 8.455 petites entreprises ont connu une procédure collective ", constate Altares.

Selon le Panorama des TPE réalisé en mars par le syndicat des indépendants pour la Médiation du crédit, 75% des besoins de trésorerie des TPE concernent des sommes inférieures à 15.000 euros. " Le fait est que les TPE sont situées au bout de la chaîne commerciale. Elles n'ont donc pas la possibilité d'assurer un fonds de roulement en jouant sur les délais clients et fournisseurs, comme peuvent le faire les entreprises de plus grande taille ", précise le document du SDI.

" Pour un certain nombre d'entre elles, la question du financement de leu développement ne se pose plus. Elles ont rapidement besoin de prêts à court terme pour financer leur trésorerie. La question n'est pas de maintenir en vie des entreprises qui ne sont pas viables. La plupart des TPE actuellement en difficultés ont prouvé depuis 2008 que le leur modèle était solide économiquement ", explique à La Tribune Jean-Guilhem Darre, le délégué général du Syndicat des Indépendants (SDI).

Les PME résistent

En revanche, les PME de 50 salariés qui ont réussi à passer la crise de 2008-2009 et survécu depuis cette date à l'atonie de la croissance tricolore entrevoient peut-être la bout du tunnel. En effet, le nombre de PME de plus de 50 salariés ayant fait faillite sur les trois premiers mois de l'année est au plus bas depuis 2008. Altares ne compte que 113 défaillances d'entreprises de cette taille au premier trimestre 2014, contre 153 un an plus tôt. Ce qui représente une baisse annuelle de 28 %.

Au total, 16.858 entreprises ont fermé leurs portes entre janvier et mars, ce qui permet de relativiser la portée de la reprise économique. Selon l'Insee, le PIB progresserait de 0,9% cette année.

Le commerce souffre, l'industrie respire un peu

Au niveau sectoriel, la sinistralité frappe différemment. Si les défaillances reculent dans l'industrie manufacturière (-6,9% sur un an) et le commerce inter-entreprises (-2,8%), les tensions observées dans le bâtiment (+2,3%), frappé traditionnellement par une cessation de paiement sur quatre, et les services aux entreprises (+4,8%) restent vives. Dans ce secteur, les activités financières et d'assurance sont particulièrement touchées (+38,6%), en particulier les fonds de placement (+50%) ou les agents et courtiers d'assurances (+42%). Les métiers dépendant de la consommation sont également dans la nasse. Ainsi, les cessations de paiement augmentent ainsi de 3,5 % dans les services aux particuliers, particulièrement chez les coiffeurs (+13,1%). Dans la restauration (+2,5%), la restauration rapide (+5,8%) souffre davantage que la restauration traditionnelle (+1,4%).

Dans le commerce de détail, la hausse des défaillances reste contenue (+2,7%) mais plusieurs activités dérapent fortement. C'est le cas vente à distance (+41,2%), du meuble (+11%) ou du prêt à porter (+6,8%). La dégradation est également sévères dans quelques métiers de bouche comme des épiceries (+17,9 %), boucheries (+23,3 %) et chez les artisans boulangers (+14,1 %).

Les activités de santé sont-elles épargnées. Si les volumes de défaillances restent faibles, les RJLJ augmentent de 15 % dans les pharmacies, 18 % dans l'optique et 12 % dans la santé humaine.

Le nombre d'emplois menacés ne varie pas

Sans réelle surprise, compte tenu du tableau contrasté dressé par Altares, le nombre d'emplois menacés par ces défaillances reste élevé. Selon ses calculs, 62.800 postes seraient susceptibles de disparaître. Autant qu'il y a un an.

" Le manque de cash est alors vite insurmontable et le crédit fournisseur une fausse alternative ; les trois quarts de PME défaillantes ce premier trimestre réglaient leurs fournisseurs avec plus de 15 jours de retard. Panne de consommation des ménages pour les unes, modèle à réinventer pour d'autres, les TPE comme les PME n'ont plus les moyens financiers de faire le dos rond en attendant une reprise qui leur échappe encore. La liquidation judiciaire est redoutée par beaucoup d'entre eux mais aussi par leurs clients comme leurs fournisseurs,qui faute d'avoir vu venir la défaillance de leur partenaire commercial, pourraient à leur tour manquer la reprise ", explique Thierry Million, le directeur des études du cabinet Altares.

Que fait le gouvernement ?

En attendant une véritable reprise économique, le plan de " résistance économique " présenté en février par Arnaud Montebourg, alors simple ministre du Redressement productif peut-il permettre de réduire cette sinistralité ? Il ne concerne que les entreprises de plus de 400 salariés, et tout particulièrement celles appartenant au secteur industriel.

Quant à l'ordonnance portant réforme de la prévention des difficultés des entreprises et des procédures collectives présentée en Cosneil des ministres le 12 mars par Christiane Taubira, la Garde des Sceaux qui renforce et étend les mesures relatives à la détection et à la prévention des difficultés des entreprises, il est encore trop tôt pour en mesure les effets.

Fabien Piliu
Commentaire 1
à écrit le 15/04/2014 à 18:08
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Comme indique dans l'article, le gouvernement n'a RIEN fait pour aider les independants: hausse des cotisations RSI, pas le droit au CICE, hausse des taxes en general...

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