Michel Sapin à Bruxelles pour défendre le plan français

Par latribune.fr  |   |  708  mots
Le ministre des Finances défendra ce lundi devant ses pairs le programme français de stabilité. Il table sur un rebond de la croissance, qui permettrait à la fois de réduire le déficit et les impôts en 2015

Le nouveau ministre des Finances, Michel Sapin, se rendra lundi à Bruxelles pour sa première réunion avec ses homologues de la zone euro, l'occasion de défendre la stratégie de la France qui s'est engagée à ramener son déficit à 3% du PIB l'an prochain, au prix d'importantes économies.

La réunion de l'Eurogroupe coïncidera avec la publication des nouvelles prévisions économiques de la Commission européenne. L'exécutif européen fera le bilan de santé des 28 pays de l'UE et donnera son avis sur la trajectoire de la France, sous intense pression pour réduire son déficit public et accroître sa compétitivité.

Une conférence de presse du nouveau commissaire chargé des Affaires économiques, Siim Kallas, est prévue à 09H00 GMT.

Jusqu'ici, la Commission tablait sur un déficit français de 4% cette année et de 3,9% en 2015, loin du retour sous la barre des 3% promis par le gouvernement. Niveau croissance, elle envisageait un PIB en hausse de 1,0% en 2014 puis de 1,7% en 2015, des chiffres conformes aux estimations actuelles du gouvernement français.

Les chiffres publiés lundi devraient montrer une "amélioration profonde" de la situation économique de la France, a estimé mercredi M. Sapin, mais ils ne prendront pas en compte les dernières décisions de Paris, dont le pacte de responsabilité qui prévoit la suppression de 30 milliards d'euros de cotisations patronales d'ici à 2017, avec l'objectif de relancer l'emploi.

En cause: un retard pris par le gouvernement français, qui a été remanié tout début avril et a annoncé dans le foulée un plan de rigueur de 50 milliards d'euros.

Comme ses voisins de la zone euro, la France avait jusqu'à fin avril pour envoyer à Bruxelles son programme de stabilité, qui détaille les principaux points de la politique économique du pays d'ici 2017. Elle devrait finalement le faire parvenir le 7 mai et négocier un délai avec la Commission, "qui lui sera probablement accordé", selon une source européenne.

- Engagements auprès de Bruxelles -

Faute d'avoir toutes les cartes en mains, la Commission devrait se contenter lundi d'une première évaluation du vaste plan d'économies français, de faire un point sur les réformes en cours et estimer si la stratégie de la France est crédible, notamment en matière de réduction du déficit budgétaire.

Sur ce plan, le pays, sous surveillance étroite de Bruxelles, s'est engagé à ramener son déficit à 3% en 2015, après avoir bénéficié déjà de deux reports pour atteindre cet objectif.

Des informations de presse ont fait état récemment de discussions entre la France et la Commission pour l'obtention d'un nouveau délai, ce que Paris a démenti. Elles ont été alimentées par des propos ambigus du président François Hollande qui avait laissé entendre qu'il n'était pas question de "fragiliser" la croissance et que l'effort budgétaire pourrait gripper l'activité.

L'idée en Europe est qu'"il faut certes continuer à assainir les finances publiques mais dans des conditions qui favorisent la croissance", assurait alors une source française.

Ces sujets reviendront sur la table début juin, quand la Commission fera ses recommandations macroéconomiques aux Etats-membres. C'est à ce moment-là qu'elle pourra faire une analyse plus nuancée de la situation de la France et de ses partenaires européens.

Au programme de la réunion de lundi, les ministres des Finances de la zone euro devraient également se pencher sur le sort du Portugal. Lisbonne a passé avec succès vendredi le dernier examen de ses comptes par la troïka de ses créanciers (UE-FMI-BCE), franchissant ainsi l'ultime étape vers la sortie en douceur de son programme d'assistance financière, à l'instar de l'Irlande.

A quelques jours d'une réunion de la Banque centrale européenne (BCE), les ministres devraient également évoquer la question de l'euro fort, à la demande de la France qui s'inquiète pour sa compétitivité à l'export. Le président de la BCE Mario Draghi participera d'ailleurs à l'Eurogroupe.

Peu d'éléments risquent de filtrer de ces échanges. "Plus on en discute publiquement, moins cela a de chance de marcher en raison de l'anticipation des marchés", rappelait récemment un diplomate.