L’économie polynésienne peut-elle décoller ?

Après une décennie marquée par une forte instabilité politique, la collectivité d'outre-mer a décidé de relancer le tourisme, le principal secteur économique de l'archipel. En dépit des indéniables atouts de Tahiti et de ses îles, le succès de cette stratégie n'est pas assuré.
Fabien Piliu
L'aéroport de Bora-Bora, la perle du Pacifique, est en cours de modernisation

Le 11 avril à l'Assemblée de Polynésie, Gaston Flosse, le président de l'archipel présentait son plan de relance de l'économie de la collectivité d'outre-mer (COM). Parmi les cinquante mesures contenues dans ce plan figurent la relance de la commande publique, le logement et les grands investissements, notamment aquacoles et touristiques.

La priorité accordée au tourisme ne peut surprendre. Il est temps de réveiller un secteur en autogestion depuis une dizaine d'années, marqué par l'instabilité politique qui sévissait en Polynésie depuis 2004. Un projet d'envergure se dessine déjà à Punaauia, à quelques encablures de Papeete, la capitale administrative de la COM : le Mahana Beach. Encore à l'état de chantier, au coût estimé à 1,2 milliard d'euros, cette vaste zone touristique financée par des investisseurs chinois devrait pouvoir accueillir plusieurs milliers de touristes, mais aussi des commerces, des cinémas et un casino. Un autre projet est en cours de réalisation sur Tetiaroa, l'ile privée de Marlon Brando. Il s'appellera... « Le Brando ».

Alors que certaines communes de Tahiti ne parviennent pas à gérer la collecte et le traitement des déchets - la COM et l'Etat se renvoient la balle sur la prise en charge budgétaire de cette mission de service public -, ce complexe lancé par le groupe hôtelier Pacific Beachcomber sera 100% écologique. " C'est une première mondiale. Plus globalement, je suis convaincu que Tahiti et ses îles peuvent inspirer d'autres projets de ce type à travers le monde ", avance Richard Bailey, le PDG de Pacific Beachcomber.

Le premier secteur économique de l'archipel

Pourquoi le tourisme ? D'une part, en contribuant à hauteur de 350 millions d'euros dans les caisses du gouvernement polynésien en 2013, le tourisme est le secteur qui contribue le plus au budget de la collectivité. D'autre part, son identité culturelle intacte, son environnement naturel préservé, ses lagons, ses plages sont des atouts qu'il serait absurde de ne pas valoriser. D'autant plus que ce sont quasiment les seuls de l'économie tahitienne! Le taux de couverture exportations/importations de la COM n'atteignait même pas 12% en 2012 !

En misant - enfin - sur le tourisme qui emploie actuellement 10.000 personnes - sur une population active salariée de 90.000 personnes, dont 25.000 dans la fonction publique - dans 2.700 entreprises, Fenua, le nom polynésien de Tahiti et de ses îles, pourrait ainsi espérer faire reculer le nombre de demandeurs d'emplois. Selon une étude récemment publiée par l'Insee, le taux de chômage a presque doublé en cinq ans. Il est passé de 11,7 % en 2007 à 21,8 % en 2012. Les populations les plus touchées par le chômage sont sans surprise les plus jeunes et des moins diplômés.

Devenir un point de passage naturel

" Ses beautés ne sont pas ses seuls atouts. En raison de sa situation géographique, la Polynésie doit devenir un point de passage naturel entre l'Asie et le continent américain ", a martelé, le vice-président du gouvernement de la Polynésie française lors du Forum francophone des affaires dédié à la Polynésie qui s'est tenu mercredi 7 mai à Paris. Pour atteindre ces objectifs, Nuihau Laurey mise beaucoup sur le soutien de Paris. Actuellement en cours de discussion, le contrat de projet, qui fixera les moyens budgétaires accordés à Fenua sur la période 2015-2020 sera présenté en septembre.

L'impact de la hausse des cours du brut

Certains espèrent aussi une baisse rapide et durable des cours du pétrole ! Située à 17.000 kilomètres de Paris, la Polynésie, dont la surface équivaut à celle de l'Europe, est une destination onéreuse. Dans les années 90, le prix d'un billet Paris-Papeete coûtait 1.000 euros environ, dont 2500 étaient consacrés à financer le kérosène. " Depuis, le prix du bail de brut est passé de 40 à 120 dollars. Résultat, le coût du kérosène s'élève à ...1.000 euros ", regrette Michel Monvoisin, le PDG d'Air Tahiti Nui et président du GIE Tahiti Tourisme.

S'adapter et moderniser

C'est la raison pour laquelle les élus et les acteurs du tourisme polynésien souhaitent faire de leurs îles une destination touristique privilégiée pour l'Asie anglo-saxonne, plus proche. " En Asie, la notoriété de l'ile de Bora-Bora est plus importante que celle de Tahiti. Il faut donc que l'on adapte notre stratégie marketing et que l'on modernise nos infrastructures pour faire venir davantage de touristes ", explique Nuihau Laurey. La réhabilitation des aéroports de Tahiti-Faaa et de Bora-Bora sont d'ores et déjà en cours.

En 2013, 37% des touristes provenaient du continent nord-américain - un pourcentage en hausse, gonflé par la vague de froid qui a frappé le nord et l'est des Etats-Unis -, 35,3% d'Europe, 12,2% du Pacifique et 10,6% d'Asie.

Un secteur en panne ?

En attendant que le contenu du contrat de projet soit fixé, le secteur touristique affiche actuellement un bilan mi-figue mi-raisin. Selon l'Institut statistique de la Polynésie française (ISPF), la fréquentation hôtelière a reculé de 3,5% sur un an en mars. En mars, toujours, le coefficient de remplissage a augmenté de 1,8 point par rapport à février pour atteindre 57,1%. A l'origine de cette timide augmentation, une baisse de l'offre de chambres causée par les quatre fermetures d'hôtels depuis mars 2013.

Globalement, le tourisme hors croisière montre des signes inquiétants. En effet, le nombre de touristes dits "terrestres", qui représente pas moins de 71% des visiteurs de la Polynésie a reculé de 6,7% sur un an au premier trimestre.

Point positif, la fréquentation touristique grimpe de +10,9% sur la même période. Mais cette performance s'explique "exclusivement par le doublement du nombre de croisiéristes au mois de mars", relativise l'ISPF. En cumul depuis janvier, 40.242 touristes ont mis le pied en Polynésie française - un chiffre en hausse de +11% par rapport au premier trimestre 2013 - débarqués pour la majeure partie d'entre eux par les nouveaux paquebots internationaux réalisant des croisières intra polynésiennes dans les eaux de Fenua.

Seulement du marketing ?

Une jolie stratégie marketing suffira-t-elle à faire venir plus de touristes en Polynésie ? Richard Bailey n'en est pas convaincu. " Fenua a beaucoup d'atouts. L'accueil chaleureux des Polynésiens ne suffira pas. Il y a encore beaucoup de points à améliorer pour que le tourisme décolle enfin ", explique-t-il citant notamment l'instabilité fiscale locale et nationale, les pesanteurs administratives, la défaillance de certaines missions de services publics, les inconnues institutionnelles entourant les relations entre la France et la Polynésie. Entre autres.

Fabien Piliu
Commentaires 21
à écrit le 14/07/2014 à 21:54
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Bonjour Fabien Je me permets quelques commentaires : -Les investisseurs chinois ont un intérêt mais n’ont pas signé d’accord d’investissement car un certains nombres de détails sont à régler (acheminement aérien, accord de la municipalité, plan des...

à écrit le 13/07/2014 à 22:01
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Les économies ont déjà décollé. ou plutôt les déficits. La réalité est inversement proportionnelle à la quantité d'aides données à titre politicienne pour éviter les émeutes. Donc c'est sur que l'économie de la Polynésie est capable de décoller. Mais...

à écrit le 13/07/2014 à 19:55
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Sur que les Allemands, Danois, Autrichiens, Suisses, Suédois etc n'ont pas à se fader les dom et les Tom etc... Déjà la c'est mort.

à écrit le 13/07/2014 à 17:32
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Dans le cadre de la Continuité Territoriale Française, tous les élus de tout l'Outre-Mer, doivent exiger la suppression des taxes aériennes, qui représentent 50% du prix du Billet d'avion.

le 13/07/2014 à 18:31
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Et qui paiera la différence comme d'habitude: les métropolitains. Qu'ils commencent par s'aligner sur la métropole en supprimant l'octroi de mer et en appliquant une TVA à 20 % sans oublier la suppression de l'abattement de 20 % de l'impôt sur le rev...

à écrit le 13/07/2014 à 12:42
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très difficile à administrer !

à écrit le 13/07/2014 à 8:00
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- L'agriculture la robotique industrielle,L'internet,Le soutien à la recherche dans le secteur

à écrit le 12/07/2014 à 16:29
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Avec G Flosse, ils n'iront pas bien loin ! ils n'en ont pas eu assez, il y a des années de sa gouvernance? l'homme est compliqué!

à écrit le 12/07/2014 à 11:51
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Ce genre de titre relève de la mauvaise ironie, franchement. La personne qui a commenté dans ce forum sous le pseudo "Parasites" a très bien compris la réalité en Polynésie française. Si même en métropole les experts peinent à faire décoller notre éc...

à écrit le 11/05/2014 à 16:40
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Ici aussi c la fin d un modèle . On avait deux moteurs dans notre économie : l armée qui se désengage avec la fin des essais atomique et le moteur restant est celui de l administration française ( éducation incluse). Comme dans tous les territoires ...

à écrit le 10/05/2014 à 13:54
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Il faudrait qu'ils apprennent à compter plus sur eux-mêmes et moins sur la métropole, trop endettée et dont les habitants ont un niveau de vie en chute.

à écrit le 10/05/2014 à 6:58
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c'est facile il suffit de donner toute l'ile en gestion aux Suisses ou aux Allemands et de chasser l'ensemble de la classe politique de Polynesie ...

à écrit le 10/05/2014 à 5:49
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Trois pages pour arriver à la seule ligne qui compte: "Pour atteindre ces objectifs, Nuihau Laurey mise beaucoup sur le soutien de Paris. " Comme dab: envoyez le pognon! Rien ne change. Flosse est a la maneuvre. Il sait comment faire

le 10/05/2014 à 18:54
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La Polynésie est, a l'instar de la métropole, dirigée par une clique de parasites qui ne savent que prélever des taxes sur le travail des autres pour vivre confortablement. Ces gens n'ont pas le début d'un commencement de compréhension de ce que le m...

le 12/07/2014 à 16:31
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PAS FAUX! sont tous lamentablement identiques !!!

à écrit le 10/05/2014 à 0:30
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Des citoyens pauvres dans un pays riche: Les richesses

à écrit le 09/05/2014 à 20:36
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"Les populations les plus touchées par le chômage sont sans surprise les plus jeunes et les moins diplômés" est du recuit manipulateur. Pn ne vopit pas beaucoup de vieux dans le secteur touristique et les métiers sont souvent peu qualifiés (même si o...

à écrit le 09/05/2014 à 17:55
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G. F. est plus intéressé par la dime qu’il pourra prélever à tous les niveaux de cette manne que par le plan lui-même. Quant au tourisme en Polynésie, c’est bon pour les étrangers car pour un français, je ne vois pas l’intérêt de faire des milliers d...

à écrit le 09/05/2014 à 16:56
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C'est sûr, les polynésiens vont décoller pour venir en France métropolitaine !

le 09/05/2014 à 18:15
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Faut vraiment rien connaitre de la Polynésie et des polynésiens pour écrire cela. Ce dont ils ont besoin, c'est comme ici, l'arrêt de l'augmentation des taxes, des impôts et de l'immigration incontrôlée, notamment chinoise.

le 13/07/2014 à 20:00
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Chinois légaux ou illégaux, ils bossent eux ET ne réclame rien eux ET ne reportent pas leurs échecs ou médiocrité sur les autres...ET ne foutent pas le box on eux... En gros il manque de chinois ici bas.

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