Demain mardi 27 mai, au bureau politique de l'UMP, on va rejouer « Règlement de compte à OK Corral " ou les "Tontons flingueurs". Le président Jean-François Copé, va ouvertement jouer son poste, les papys flingueurs et anciens premiers ministres, François Fillon, Jean-Pierre Raffarin et Alain Juppé, ne vont lui faire aucun cadeaux.
Premier reproche, bien sûr, avoir laissé le Front National arriver en tête (24,96%) aux européennes avec plus de quatre points d'avance sur l'UMP (20,80%). On ne mettra même pas à son crédit la centaine de municipalités gagnées en mars, les barons de l'UMP estimant qu'il s'agit là d'une victoire collective.
Seconde « casserole » pour Jean-François Copé, l'affaire Bygmalion. Une société chargée d'organiser des évènements internes à l'UMP, dirigées par des proches du président, et qui aurait encaissé 18 millions d'euros. Une somme colossale à propos de laquelle pèse un sérieux doute de surfacturation. Pour quel profit ? la question reste ouverte.
"Les casseroles" de Jean-François Copé
Le moins que l'on puisse dire, est que Jean-François Copé navigue un peu dans sa ligne de défense. Après avoir nié les faits, il a ensuite expliqué qu'il fallait regarder ailleurs pour voir à qui cette opération aurait éventuellement profité (la campagne de Nicolas Sarkozy ?). Enfin, il affirme maintenant qu'il ne savait rien et qu'il « n'a jamais vu les factures »… alors que ses principaux lieutenants occupent tous les postes clés à l'UMP. Peu crédible, penseront les membres du bureau politique. Pourtant, Jean-François Copé se défend en annonçant "qu'il va porter plainte" dans le cadre de cette affaire. Une aubaine pour des juges qui vont être ravis de pouvoir un peu plus plonger leur nez dans les finances de l'UMP... D'autant plus que l'avocat de Bygmalion reconnait que l'entreprise a établi des fausses factures... au profit de la campagne de Nicolas Sarkozy. Ce qui va provoquer du grabuge.
Enfin, la cicatrice laissée par l'élection à la présidence de l'UMP en 2012, avec le combat ubuesque qui a opposé François Fillon et Jean-François Copé, est très loin d'être refermée. A cet égard, François Fillon ne s'est pas gêné dimanche soir pour évoquer « une crédibilité atteinte » et « l'honneur mis en cause ». Ca flingue dur !
Statutairement, le président de l'UMP ne peut pas être destitué. Jean-François Copé sera donc obligé - si l'on doit en arriver là - de démissionner sous « l'amicale pression » de ses pairs. Beaucoup de ses « amis » souhaitent plus ou moins ouvertement un tel scénario, Outre les anciens premiers ministres, il y a aussi Valérie Pecresse, Bruno Lemaire, Xavier Bertrand, NKM, Laurent Wauquiez. Bref, tous ceux qui ont des ambitions… … Dans un tel cas de figure, il pourrait être remplacé par une direction collégiale temporaire, en attendant l'élection d'un nouveau président.
Quid de la présidence de l'UMP?
Mais, se pose alors un problème de calendrier. C'est en effet en 2016 que l'UMP doit organiser une primaire pour désigner son candidat à l'élection présidentielle de 2017. Est-il alors opportun, avant cet évènement qui s'annonce sensible, d'organiser une campagne pour la présidence du parti ? Le risque est grand de décourager les militants, lassés par les déchirements internes.
Mais au-delà du « problème Copé », qu'il reste président ou pas, va se poser la question de la ligne à adopter par l'UMP face au Front National. Alain Juppé a été très clair dimanche soir. Il a rappelé que la vocation de l'UMP - dont il est l'un des pères fondateurs - était de rassembler la droite républicaine et le centre… et non pas d'aller chasser sur les terres du FN. D'autres, à l'inverse, notamment la mouvance « La Droite Populaire » emmenée par le député Thierry Mariani, vont sans doute vouloir franchir le Rubicon et passer une alliance avec un Front National devenu fréquentable à leurs yeux.
Vers une recomposition de la droite et une alliance avec le FN?
Si ces deux tendances deviennent inconciliables, et c'est le risque, alors Alain Juppé n'y pourra rien mais « son » UMP implosera et la recomposition de la droite sera alors lancée avec, d'un côté, un grand parti tendance « centre droit » pro-européen, regroupant une partie de l'ex UMP avec l'UDI, et, de l'autre coté, un parti « conservateur populaire » de tendance souverainiste, regroupant certaines mouvances de l'ex UMP et, à plus ou moins long terme, le Front National… Marine Le Pen aura alors réussi ce que son père n'avait pas été capable de faire : banaliser le Front National, lui donner une image respectable... Essentiel avant l'élection présidentielle de 2017.