Affaire Karachi : six renvois en correctionnelle dont Nicolas Bazire de LVMH

Par latribune.fr  |   |  524  mots
L'ancien directeur de cabinet d'Edouard Balladur et directeur général du groupe Arnault, holding du PDG de LVMH, Nicolas Bazire, est renvoyé en correctionnelle pour complicités et recel d'abus de biens sociaux. (Photo: Reuters)
Six personnes, dont l'ancien ministre Renaud Donnedieu de Vabres, l'homme d'affaires Ziad Takieddine, l'ancien conseiller de BPCE Thierry Gaubert et le membre du comité exécutif de LVMH Nicolas Bazire ont été renvoyés en correctionnelle jeudi soir. Ils sont mis en cause dans le volet financier de l'affaire Karachi, conformément aux réquisitions du parquet.

Rattrapées par la justice. Les six personnes renvoyées hier soir en correctionnelle sont soupçonnées d'être en lien avec une présumée affaire de corruption, en marge de contrats d'armement et de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995. 

Recel d'abus de biens sociaux et fraude fiscale

Renaud Donnedieu de Vabres, ministre UMP de la Culture de 2004 à 2007, était, entre 1993 et 1995, conseiller spécial au cabinet du ministre de la Défense, François Léotard, sous le gouvernement d'Edouard Balladur. Il est renvoyé en correctionnelle pour complicité d'abus de biens sociaux et recel d'abus de biens sociaux.

L'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine, renvoyé pour complicité et recel d'abus de biens sociaux, organisation frauduleuse d'insolvabilité, fraude fiscale et blanchiment de ce délit, a déclaré l'été dernier avoir financé la campagne de l'ex-Premier ministre via des sommes issues de ces commissions.

Deux proches d'Edouard Balladur sont aussi jugés. D'abord Nicolas Bazire, membre du conseil d'administration et du comité exécutif de LVMH, pour complicités d'abus de biens sociaux et recel d'abus de biens sociaux. Ensuite, Thierry Gaubert, ancien directeur des relations publiques de François Pérol, président du groupe BPCE (Banques populaires- Caisses d'épargne) pour recel d'abus de biens sociaux.

Très proche de Bernard Arnault, Nicolas Bazire est aussi directeur général du groupe Arnault, la holding familiale du PDG de LVMH, dont il pilote les investissements. Selon Reuters, personne n'était joignable auprès du groupe de luxe pour commenter ces informations.

Sarkozy bientôt entendu?

Seront aussi jugés un autre intermédiaire en armement, pour complicité et recel d'abus de biens sociaux, et Dominique Castellan, ex-PDG de la branche internationale de la Direction des constructions navales, pour abus de biens sociaux.

Les cas de l'ancien Premier ministre Edouard Balladur et de l'ex-ministre de la Défense François Léotard pourraient quant à eux être étudiés par la Cour de justice de la République (CJR), seule compétente pour juger les délits commis par des membres de gouvernement dans l'exercice de leurs fonctions. La Commission des requêtes de la CJR, seule habilitée à se prononcer sur l'opportunité de poursuites, devrait rendre son avis début juillet.

Les juges parisiens estiment que les éléments de l'enquête rendent par ailleurs nécessaire l'audition par cette Cour de Nicolas Sarkozy, alors ministre du Budget, comme témoin assisté.

Des rétrocommissions pour financer la campagne de 1995

Ils semblent convaincus qu'une partie des commissions perçues par l'intermédiaire en armement Ziad Takieddine à la faveur de contrats signés avec l'Arabie saoudite et le Pakistan ont servi à financer la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995 via un système de rétrocommissions.

L'une des hypothèses envisagées est que la fin du versement des commissions, ordonnée par Jacques Chirac en 1995, aurait provoqué l'attentat de Karachi, en représaille contre la France. Lors de leur enquête, ils ont découvert que 20 millions de francs (3 millions d'euros) avaient été versés sur le compte de campagne de l'ex-Premier ministre, dont 10 millions au lendemain du premier tour.