Pas de reprise en France en 2015, estime l'OFCE

Par latribune.fr  |   |  657  mots
La baisse des prix du pétrole, tombés sous les 90 ollars le baril, soutient la croissance
Si la baisse du pétrole et de l'euro vont soutenir la croissance l'an prochain, la politique budgétaire aura toujours un impact négatif. En outre, la désinflation entraîne une hausse des taux d'intérêt réels, préjudiciable elle aussi à l'expansion. Le PIB n'augmenterait donc pas beaucoup plus de 1% l'an prochain,

L'institut de recherche économique OFCE prévoit une amélioration de la croissance économique en France l'an prochain, mais pas à un niveau suffisant pour faire baisser le chômage ou résorber significativement le déficit public.

Selon l'OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques), la France devrait afficher une croissance de 0,4% de son produit intérieur brut cette année, puis de 1,1% en 2015, "grâce à l'atténuation de deux des facteurs négatifs qui ont étouffé la croissance depuis 2010: les conditions de crédit et la réduction des déficits".

La dépréciation récente de l'euro et la montée en puissance du CICE (crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi) devraient par ailleurs permettre au pays de regagner en compétitivité, "facteur qui aura joué très négativement en 2014".

Du mieux grâce à la baisse du pétrole et de l'euro

Les prévisions de l'institut sont proches de celles du gouvernement, qui s'attend à une progression du PIB de 0,4% cette année et de 1% l'an prochain, tout comme le FMI et l'OCDE.

Mais l'OFCE obtient sa prévision de 1,1% en 2015 avec des hypothèses plus favorables que celles retenues par le gouvernement français pour le prix du pétrole et le niveau de l'euro face au dollar, souligne Eric Heyer, directeur-adjoint du département analyse et prévision . L'institut est donc plus prudent que le gouvernement concernant la performance propre à l'économie française.

En tout état de cause, cette progression serait insuffisante pour enrayer la hausse du chômage, estime Xavier Timbeau, directeur du département analyse et prévision, qui estime à 1,5% le niveau de croissance qui permettrait de "stabiliser" le taux de chômage.

Légère hausse du chômage

L'institut table ainsi sur un taux de chômage de 9,8% l'an prochain, après 9,7% cette année.

Et il estime que le déficit public ne devrait que faiblement se résorber, à 4,3% en 2015 après 4,5% cette année. Des chiffres encore une fois proches des prévisions du gouvernement, qui vise 4,4% en 2014 et 4,3% en 2015.

La zone euro, boulet de l''économie mondiale, notamment en raison de budgets toujours restrictifs

Au-delà des frontières, c'est l'ensemble de la zone euro qui peine à renouer avec la croissance, ce qui en fait "le boulet de l'économie mondiale", souligne M. Timbeau. L'OFCE voit le PIB de cette région augmenter de 0,8% cette année (soit 0,5 point de moins que sa précédente prévision, en avril) et de 1,3% en 2015 (-0,3 point).

Si l'austérité se fait moins marquée, les projets de budget des différents pays de la zone sont toujours "restrictifs", remarque l'économiste. "On est loin de l'expansion budgétaire, notion aujourd'hui enterrée", ajoute-t-il.

La France connaît l'austérité

A cet égard, l'OFCE estime que la France a bel et bien connu l'austérité, d'abord sous forme de hausses d'impôts (de 2011 à 2013), désormais en raison d'un plan d'économies. Ainsi,  les quelques hausses d'impôts que supporteront les ménages en 2015 et surtout la baisse des dépenses, feront plus que compenser l'effet positif de allègements fiscaux en faveur des entreprises (CICE, pacte de responsabilité). Ainsi que le souligne Eric Heyer, "tous les organismes internationaux font  l'hypothèse que des coupes dans les dépenses ont un effet plus restrictif sur l'économie que les hausses d'impôts". Ces coupes joueront donc fortement en 2015, la politique budgétaire amputant la croissance à hauteur de 0,6% (une "impulsion budgétaire négative de 0,56 point, très précisément).

Hausse des taux d'intérêt réels

En outre, au sein de l'Europe, et surtout au sud -Espagne, Portugal-  "le mouvement de désinflation entraîne une hausse des taux d'intérêt réels", c'est-à-dire des taux d'intérêt hors inflation, qui efface les bénéfices de la réduction observée des taux nominaux, soulignent les experts.