La Défense enfin décidée à bouger

Par Jean-Pierre Gonguet  |   |  686  mots
Majunga, la dernière née de La Défense est "hyper connectée". Malheureusement, on manque de tours au goût du jour et La Défense est en retard sur Londres, selon Patrick Devedjian.
Paris La Défense devient une marque protégée. Sous l’impulsion de Patrick Devedjian le quartier d’affaires, en grande perte de vitesse, se dote enfin d’une stratégie territoriale partagée et mise en œuvre par les élus comme par les grands de la promotion et de le gestion immobilière. Une première en marketing territorial

« La Défense aurait pu mourir de l'obsolescence de ses tours.» Patrick Devedjian président de Defacto, l'établissement public qui gère désormais le quartier d'affaires de La Défense, est très lucide : « Nous sommes en retard sur Londres en matière de tours et nous n'en avons pas assez au goût du jour. Nos tours ont été les premières et les meilleures, mais, aujourd'hui, elles sont les dernières. Il nous faut absolument monter en gamme dans la rénovation.»

Et, devant les professionnels de l'immobilier d'entreprise, il en rajoute:

« Il y aussi cette dalle qui nécessite des investissements considérables et pour laquelle l'Etat est aux abonnés absents depuis des décennies, et je ne parle même pas de la jachère scandaleuse en-dessous de cette la dalle, cet immense royaume des Nibelungen ! Quand on voit ce que Montréal ou Hong Kong ont fait de leurs sous-sols... Alors, oui, on a un problème et un problème d'image. »

Le président de De Facto a donc pris une initiative originale : une stratégie territoriale partagée réunissant -c'est une première- le public et le privé. Car tout le monde s'est rendu compte des problèmes d'attractivité du territoire, de sa difficulté à se vendre à l'international et à résister à Londres et Francfort. Et, surtout, tout le monde s'est rendu compte que chacun tenait dans son coin un discours totalement différent sur le même territoire.

Quatre hommes de point de vue différent, un même discours

Le résultat assez étonnant a été de voir, au Simi, le Salon de l'immobilier d'entreprise, quatre hommes que rien ne destinait à travailler ensemble tenir le même discours : Patrick Devedjian (député UMP, président du conseil général des Hauts-de-Seine), Patrick Jarry (maire communiste reconverti « Gauche citoyenne » de Nanterre et président de l'EPADESA, l'aménageur de La Défense), Christophe Cuvillier (patron d'Unibail-Rodamco qui vient de construire la tour Majunga) et Serge Grzybowski (président d'Icade qui vient, lui, de rénover la tour Eqho et travaille à un projet de 80.000m2 entre l'Arche et la future Arena 92 du Racing Metro).

« Le territoire a une logique tellement forte, explique Patrick Devedjian, que Patrick Jarry et moi-même, qui n'avons jamais vu la réalité à travers les mêmes lunettes, nous collaborons sans grande difficulté. La logique du territoire s'impose à nos tropismes. »

Il faut dire qu'il y avait un peu le feu au lac et l'impératif de ressouder un peu les rangs pour éviter que La Défense perde pied dans la compétition internationale. Christophe Cuvillier dit pudiquement que « La Défense avait un peu tendance à s'endormir et que cela ne change que depuis très récemment » et Serge Grzybowski répète, lui, à l'envi que sa tour Eqho « est en passe d'être loué à 100% ». Une opération qui participe au léger sursaut de La Défense cette année, même si plus de 13% des mètres carrés proposés à la location ne trouvent toujours pas preneurs et que les bailleurs sont obligés de faire de plus en plus de ristournes pour placer leur marchandise.

Donner un peu de vie à cette dalle sinistre et abandonnée le soir

Cette « stratégie territoriale partagée » va prendre quelque temps à se définir et à être adoptée. Mais tout le monde est d'accord qu'il va falloir faire bouger ce territoire, donner un peu de vie à cette dalle sinistre et abandonnée le soir, et faire que tout cela, selon Serge Grzybowsjki, "vive 24 heures sur 24".

Patrick Jarry a annoncé la discussion d'ici quelques semaines d'un projet stratégique « avec tous ceux qui vivent, travaillent et investissent à La Défense, car il faut savoir où nous allons et le faire savoir ». Le niveau de services aux salariés et aux habitants de La Défense n'est absolument pas au niveau d'un quartier d'affaires international estiment les deux élus. Un quartier d'affaires qui dormait tellement qu'il a l'étrange particularité de n'avoir jamais aucune structure dédiée à l'accueil des nouvelles entreprises.