Véronique Morali : "davantage de partages et moins de replis sur nos intérêts privés"

Véronique Morali, anciennement directeur général du groupe international de services financiers Fimalac, a fondé un site en 2008, Terrafemina.com, qui parle aux femmes de toutes les facettes de leur vie, travail, carrière, consommation, cuisine, famille, etc. Elle a créé une association d'aide à la recherche d'emplois pour les femmes de plus de 45 ans, Force Femmes.

Véronique Morali, vous êtes présidente fondatrice du site terrafemina.com. « Le monde ne sera jamais plus comme avant », a-t-on beaucoup entendu. Partagez-vous ce diagnostic ?

On aimerait bien que ça change car « le monde ancien » a démontré son incapacité à anticiper la déflagration brutale que nous avons vécue. Nous n'avons rien vu venir ! Et pourquoi ? Parce que le monde, que ce soit dans les entreprises, au niveau des pays ou entre les pays, fonctionne sur une ultraspécialisation, dans un cloisonnement étanche entre les disciplines, les compétences, les acteurs, les régulations. Cette société, trop focalisée sur la défense des intérêts particuliers ou nationaux, nous a empêchés de comprendre, et plus encore, d'anticiper ce qu'il s'est passé. Il est aujourd'hui indispensable de sortir de cette logique en silos pour développer un système plus efficient, en mettant en commun ce qu'il y a de meilleur dans les différentes disciplines, c'est-à-dire en créant une véritable transversalité ayant un but : la construction de l'intérêt général.

Comment peut s'imposer cette manière de travailler quand le monde entier est construit sur cette spécialisation dans l'optique de maximiser la performance ?

À quelle échéance cette vision estelle réaliste ? Demain, peut-être pas, mais on ne peut exclure qu'à vingt ou trente ans, les prochaines générations s'en emparent. Quoi qu'il en soit, au moment où apparaît la rareté des ressources naturelles, financières et humaines, nous n'avons plus le choix. On ne peut plus se raconter des histoires, et faire semblant de croire que nous sommes dans un parmonde d'abondance absolue. Mais ne soyons pas naïfs, ce n'est pas simple : car pour mettre ainsi en commun les informations, les ressources, les savoir-faire, cela suppose que chacun accepte que l'on empiète sur son territoire, et d'abandonner au moins partiellement son agenda. C'est bien cette logique qui doit être en oeuvre pour promouvoir un vrai développement durable, c'est-à-dire de la croissance dans le bien-être collectif, une croissance qui n'hypothèque pas l'avenir de la planète.

Quels seraient, selon vous, les acteurs les mieux placés pour promouvoir cette manière de travailler ?

A côté des états et des acteurs qui ont toute leur place dans le « monde d'après », nombreux sont ceux qui oeuvrent dans l'ombre pour le maintien de l'équilibre malgré les tensions qui menacent : il s'agit des associations, des ONG, des réseaux, etc., mus par le souci de maintenir, sur le terrain, la cohésion sociale et pour tout dire, une certaine solidarité. Alors que la crise remet au goût du jour les valeurs qui animent ces organismes, le « monde d'après » doit donner toute sa place à ces acteurs de la société civile qui, eux, sont par nature dans une démarche transversale.

Commentaire 1
à écrit le 27/10/2009 à 12:25
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Merci Véronique de cette analyse qui illustre ce que dit si puissament Edgar Morin : "le seul remède à la complexité, et nous sommes plongés dans la complexité,c'est la sodidarité". le monde nouveau sera solidaire disloqué.

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