La BCE laisse inchangé son taux directeur à 4,25%

Par latribune.fr  |   |  592  mots
La Banque centrale européenne (BCE) réunit ce jeudi son conseil en pleine tourmente boursière.
La BCE pourrait néanmoins ouvrir la voie à un assouplissement d'ici à la fin de l'année. Son président, Jean-Claude Trichet, rejette l'idée d'un plan de sauvetage financier sur le modèle américain en Europe.

La Banque centrale européenne (BCE) a réuni ce jeudi son conseil en pleine tourmente boursière. Comme attendu par les spécialistes, la BCE n'a pas modifié son principal taux directeur à 4,25% malgré la pression de nombreux gouvernements.

Toutefois l'idée d'une détente des taux devrait rapidement faire son chemin. Les économistes, qui pour la plupart n'attendaient pas de modification du taux directeur cette année, commencent à revoir leurs scénarii. Certains, comme JP Morgan ou Goldman Sachs, s'attendent désormais à une baisse d'un quart de point du loyer de l'argent lors du conseil de la BCE du 2 décembre, qui pourrait s'accompagner de trois, voire quatre, baisses des taux en 2009. Chez Bank of America, on envisage deux ouvertures des vannes du crédit en 2009, en février et en avril. Elles pourraient néanmoins intervenir plus tôt si la situation financière ne se normalise pas.

"Pour prendre notre décision, nous avons examiné deux options - maintenir les taux inchangés, et l'autre, réduire les taux d'intérêt. Notre conclusion est que nous avons bien fait de maintenir les taux d'intérêt comme ils sont. Mais nous avons examiné les deux options", a commenté Jean-Claude Trichet lors de sa traditionnelle conférence de presse. Pour l'avenir, "nous ne prenons jamais d'engagement par avance et faisons à tout moment ce que nous jugeons approprié", a-t-il poursuivi. 
 
Interrogé sur la prochaine réunion de crise organisée à Paris par Nicolas Sarkozy, il a répondu: "je ne dis jamais, quelle que soit la réunion à laquelle je participe, à quoi celle-ci aboutira. Je pense que cela permettra globalement aux autorités qui vont se réunir d'échanger leurs points de vue (...), de comparer leurs notes et de voir comment elles pourraient s'éclairer mutuellement par leurs conversations." Pour autant, un plan similaire à celui décidé par le gouvernement américain "ne correspond pas à la structure politique de l'Europe", a-t-il déclaré, soulignant notamment que l'Union européenne n'avait pas de "budget fédéral".
 
Concernant la coopération entre les banques centrales, "laissez-moi souligner le niveau incroyable de confiance mutuelle que nous avons dans cette coopération. Certaines décisions sont prises dans un laps de temps extraordinairement court", a-t-il commenté.
 
 
Plus généralement, "l'activité économique dans la zone euro est en train de faiblir, estime-t-il. Les perspectives économiques sont sujettes à des risques de baisse accrus (...) Les statistiques les plus récentes confirment que l'activité économique dans la zone euro s'affaiblit, avec une contraction de la demande intérieure et un durcissement des conditions de financement".
 
 
Par ailleurs, selon lui, "la disponibilité des crédits bancaires n'a pas encore, à ce jour, été considérablement affectée par les tensions actuelles (...) Nous avons discuté de manière extensive de l'intensification récente des turbulences sur les marchés financiers et de son possible impact sur l'activité économique et sur l'inflation, en reconnaissant le niveau extraordinairement élevé d'incertitude qui découle des tout derniers développements."
 
 
Le patron de la BCE est aussi revenu sur son cheval de bataille favori: "les risques haussiers pour la stabilité des prix ont un peu diminué, mais n'ont pas disparu. Notre message sur la modération et la nécessité d'éviter les effets de second tour s'adresse très très vigoureusement à ceux qui ont une évolution nominale que nous jugeons très anormale. Nous avons un message général, mais nous avons aussi un message pour ceux qui connaissent une hausse qui est, en terme d'évolution nominale, anormale".