Le patron du FMI, Dominique Strauss-Kahn visé par une enquête interne

Par latribune.fr  |   |  585  mots
Le directeur général de l'institution financière est soupçonné d'avoir fait preuve de favoritisme envers une ex-responsable du FMI, avec qui il a eu une liaison. Le rapport de l'enquête doit être rendu d'ici la fin du mois.

D'abord révélée par le Wall Street Journal, l'existence d'une embarrassante affaire concernant une enquête sur un éventuel abus de pouvoir de la part du directeur général du Fonds monétaire international (FMI), le Français Dominique Strauss-Kahn, a été confirmée samedi par l'institution. Le patron du FMI est soupçonné dans le cadre d'une liaison avec une subordonnée.

L'affaire porte sur une relation extra-conjugale qu'aurait eu Dominique Strauss-Kahn, âgé de 59 ans, avec Piroska Nagy, une ancienne haute responsable d'origine hongroise du département Afrique du FMI. Les deux intéressés seraient devenus intimes début 2008, mais l'affaire aurait tourné court peu après, le mari de Piroska Nagy ayant découvert des échanges de courriels compromettants.

De fait, les enquêteurs se demandent si Dominique Strauss-Kahn, ex-ministre français de l'Economie à la tête du Fonds depuis un an, a fait preuve de favoritisme à l'égard de Piroska Nagy dans le cadre de ses missions au sein du FMI, et s'il n'aurait pas également cherché à se venger, une fois la relation terminée.

Piroska Nagy a en effet démissionné en août dernier, au moment où le fonds a supprimé environ 600 postes. Son avocat a indiqué au Wall Street Journal qu'elle n'avait subi aucune pression pour quitter le FMI, et que ses émoluments de départ étaient équivalents à ceux perçus par ses pairs.

Dans un communiqué, le FMI précise que l'enquête a été ordonnée par Shakour Shaalan, président du conseil d'administration du FMI, qui a été informé cet été des allégations visant l'ancien ministre socialiste de l'Economie et des Finances. L'enquête a été confiée à un cabinet juridique extérieur à l'institution internationale - Morgan, Lewis et Bockius LLP - dont les conclusions devront être rendues d'ici la fin du mois.

Dans un communiqué, Dominique Strauss-Kahn a reconnu avoir eu une liaison, précisant que l'"incident qui s'est produit dans ma vie privée" avait eu lieu en janvier 2008. "A aucun moment, je n'ai abusé de ma position de directeur général du Fonds", affirme-t-il. "J'ai coopéré et je continuerai de coopérer avec un conseil extérieur au FMI concernant cette affaire".

Cette enquête n'est pas sans rappeler une autre affaire, qui avait touchée en juin 2007, le président de l'époque de la Banque mondiale, Paul Wolfowitz. Ce dernier avait été contraint à la démission après être intervenu dans le processus de promotion de sa compagne, également salariée de l'organisation. Outre la démission forcée de celui qui avait été initialement nommé pour assainir les pratiques de gestion de l'institution, l'affaire avait sérieusement écorné la crédibilité de la Banque mondiale, débouchant sur une véritable crise institutionnelle. Un scandale d'une telle envergure serait d'autant plus malvenu pour le FMI à un moment où l'institution se concentre sur le soutien aux pays les plus touchés par la crise financière.

L'affaire a pris de l'ampleur ce dimanche, suscitant de nombreuses réactions, notamment de soutien. Les proches de Dominique Strauss-Kahn évoquent ainsi une tentative de déstabilisation. Du côté du gouvernement français, le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, a lui rendu hommage à DSK estimant que ce dernier s'était montré à "la hauteur des évenements" liés à la crise financière. Enfin, le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Tricher s'est dit convaincu que le directeur du FMI sortirait blanchi de l'enquête.