L'Europe veut relancer la lutte contre les paradis fiscaux

Par latribune.fr  |   |  481  mots
Une réunion internationale à l'initiative de la France et de l'Allemagne doit se tenir mardi à Paris pour relancer la lutte contre les paradis fiscaux. Ces derniers sont de plus en plus dans la ligne de mire avec l'éclatement de la crise financière.

Dans la droite ligne de la "moralisation" du capitalisme financier chère à Nicolas Sarkozy, les paradis fiscaux sont dans la ligne de mire. Une réunion internationale à l'initiative de la France et de l'Allemagne  doit se réunir mardi à Paris pour remettre au goût du jour la lutte contre ces "trous noirs" de la finance mondiale.

Les ministres français du Budget Eric Woerth et allemand des Finances Peer Steinbrück réuniront à Bercy, pour une matinée, les représentants d'une vingtaine de pays et l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE). Dix ministres seront présents, représentant, outre la France et l'Allemagne, le Royaume Uni, la Belgique, les Pays-Bas, la Suède, la Norvège, le Danemark, l'Irlande et l'Australie. La Suisse et le Luxembourg participeront, de même que l'Italie, l'Espagne, le Japon, le Canada, la Corée du Sud, le Mexique, l'Islande et la Finlande. Les Etats-Unis, en campagne électorale, ont, eux, décliné l'invitation.

Mardi dernier, le gouvernement français avait donné le coup d'envoi de cette lutte. "Des trous noirs comme les centres offshore ne doivent plus exister", affirmait ainsi le Premier ministre François Fillon à l'Assemblée nationale. "Leur disparition doit préluder à une refondation du système financier international".

"Est-ce qu'il serait normal qu'une banque à qui nous garantirions des prêts ou à qui nous octroierions des fonds propres, sans forcément avoir tout ou une partie du capital, continue à travailler dans les paradis fiscaux ? Réponse: non", a renchéri le lendemain le président Nicolas Sarkozy.

De plus, dans un entretien à La Tribune à paraître lundi, le ministre français du Budget, Eric Woerth, souhaite établir une liste "plus réaliste" de paradis fiscaux que celle dressée par l'OCDE. Pour le ministre, il existe "un décalage incroyable entre la réalité telle qu'elle (est) perçue par l'opinion et la liste des paradis fiscaux" non coopératifs établie par l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE).

"Nous allons confronter la liste officielle de l'OCDE avec les intentions affichées par les Etats qui n'y figurent plus mais qui n'ont pas amendé leur législation comme ils s'y étaient engagés", explique Eric Woerth. "Et d'ici la mi-2009, nous devrions avoir établi une liste plus réaliste de paradis fiscaux, étape indispensable pour aller plus loin".

L'OCDE recense une quarantaine de paradis fiscaux, dont 35 ont pris des engagements de transparence et d'échanges d'informations avec l'Organisation. Seuls trois (le Liechtenstein, Andorre et Monaco) sont qualifiés de "non coopératifs".

Pour l'ONG Transparence International France, il y aurait une "cinquantaine" de paradis fiscaux dans le monde, dans lesquels "plus de 400 banques, deux tiers des 2.000 "hedge funds" et deux millions environ de sociétés écran" gèreraient quelque "10.000 milliards de dollars d'actifs financiers". Soit quatre fois le PIB de la France.