L'édito de la Tribune : "la Belgique existe"

Par Sophie Gherardi  |   |  363  mots
Par Sophie Gherardi, directrice adjointe de la rédaction de La Tribune

België barst ! Crève, Belgique. Le slogan des ultras flamands semble soudain appartenir à une période révolue. Tard dimanche soir, l?Etat belge a débloqué en urgence 3,5 milliards d?euros pour sauver KBC, la plus grande banque de Flandre. Après Fortis et Dexia, les deux principales banques belges, c?est le troisième fleuron de la finance que les autorités ont dû secourir.

En l?occurrence, il ne s?agit ni d?une nationalisation, ni d?un démantèlement. En échange des facilités qu?il octroie, le gouvernement belge entre au capital et disposera de deux sièges au conseil d?administration, mais sans prise de contrôle. Rien ne suggère, du côté de l?opinion nationaliste flamande, un mouvement de refus : l?aide de l?Etat belge, non merci ! Au contraire. Les séparatistes, qui constituent une portion bruyante mais minoritaire de la population flamande, reprochent d?ordinaire à la Belgique de siphonner l?argent de la Flandre pour le redistribuer en Wallonie. Ils trouveront peut-être que l?injection de capitaux publics dans le bancassureur n?est qu?un juste retour des choses.

En attendant, le gouvernement belge réalise une sorte de tour de force. Yves Leterme, le premier ministre, a réussi à se maintenir au pouvoir depuis six mois sur des bases extrêmement fragiles. Ce Flamand considérait il y a encore quelques mois que la Belgique en soi «n?avait pas de valeur ajoutée». Il a plusieurs fois remis la démission de son gouvernement parce qu?il ne parvenait pas à faire accepter par les élus francophones une renégociation des pouvoirs au sein de la Belgique.

Et c?est à cet homme là, le moins philobelge des dirigeants qu?ait produits ce pays depuis sa création en 1830, qu?il revient d?incarner l?Etat unitaire et salvateur dans la crise. Il y a gagné une surprenante popularité chez les Wallons et les Bruxellois. La Belgique a prouvé sa pertinence dans la crise. Reste à savoir jusqu?où son Etat peut s?engager sans y perdre sa propre crédibilité financière.

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