La rigueur financière imposée à l'enseignement par Silvio Berlusconi mobilise les jeunes et les enseignants

Grève générale demain jeudi dans l'enseignement en Italie. Le gouvernement de Silvio Berlusconi cherche à économiser 8 milliards d'euros dans le budget de l'éducation d'ici 2012. Les premières mesures votées aujourd'hui par la majorité de droite ne s'attaquent pas aux médiocres performances des écoliers italiens.

C?est ce jeudi 30 octobre que la protestation du monde scolaire et universitaire italien devrait atteindre son point culminant. Une grève générale e dans l?enseignement a en effet été convoquée par toutes les principales centrales syndicales de la Péninsule. Le cortège de manifestants, enseignants mais aussi étudiants et élèves, de ce jeudi matin à Rome entre les places de la République et celle du Peuple viendra couronner plusieurs jours de vives protestations dans toutes les principales villes d?Italie, mettant parfois les jeunes au prise avec la police. Les étudiants et lycéens sont en effet mobilisés contre la loi introduisant plusieurs modifications au fonctionnement de l?école italienne. 

La majorité de droite de Silvio Berlusconi a adopté malgré tout cette loi ce mercredi matin au Sénat par 162 voix contre 134 (et trois abstentions).

La loi de la ministre Mariastella Gelmini est toutefois loin d?être une réforme pour un système scolaire italien en déshérence depuis des années. Une note de conduite est (ré-)introduite dans les bulletins des élèves du secondaire, susceptible, si l?élève n?obtient pas la moyenne sur ce point, de lui valoir un redoublement.
Une des mesures les plus critiquées est le retour à un instituteur unique dans l?école primaire à partir de la rentrée de septembre 2009. Depuis 1990, trois instituteurs sont en effet chargés de deux classes d?écoliers. Le gouvernement impose ainsi aux instituteurs deux heures de plus d?enseignement (24 au lieu de 22 heures) et espère en conséquence réduire le nombre d?enseignants.
Silvio Berlusconi a fait voter la suppression de 87400 postes d?enseignants d?ici l?automne 2011, auxquels s?ajoute aussi la disparition, en trois ans, de 44500 emplois administratifs dans les écoles.
Pour mettre en ?uvre ces coupes, le gouvernement a prévu d?augmenter progressivement le nombre d?élèves par classe de l?école primaire. Selon l?OCDE ; la taille moyenne des classes de primaire italiennes est de 18,4 élèves contre, par exemple, 22,5 élèves par classe dans le primaire en France. Le ministre des Finances, Giulio Tremonti, a l?intention d?économiser près de 8 milliards d?euros d?ici 2012 sur le budget de l?enseignement. Il a en effet promis à la Commission européenne et ses partenaires dans l?Union européenne (UE) que l?Italie n?aura plus de déficit public à partir de 2011.

Le retour à l?instituteur « unique » dans l?enseignement primaire est critiqué aussi pour sa possible implication sur la natalité. Avec moins d?enseignants, beaucoup de parents qui travaillent craignent que les écoles de leurs enfants renoncent à la pleine journée d?école, c?est-à-dire à l?enseignement l?après-midi, permettant parallèlement à leurs parents, notamment les mères, d?occuper un emploi sans avoir à se préoccuper de la garde de leur progéniture.

Mais la protestation ne se limite pas aux mesures touchant à l?école primaire.
Les chercheurs sont sur le pied de guerre car en juin le gouvernement a voté la réduction en cinq ans d?1,5 milliard d?euros des fonds à la recherche. La possibilité pour les universités publiques de se transformer en fondations privées, susceptibles d?attirer des fonds privés, est au centre de la protestation des étudiants italiens. Après avoir la semaine dernière menacé d?envoyer la police rétablir l?ordre dans les universités et les lycées, Silvio Berlusconi a souligné aujourd?hui « qu?à propos de l?université, rien n?est décidé ».
Le Cavaliere a probablement compris que la protestation des jeunes pourrait compromettre sa propre popularité assez élevée après six mois d?exercice du pouvoir.
L?opposition de gauche veut, elle, l?obliger à un référendum sur la loi de la ministre de l?enseignement.
Il reste que ni le gouvernement, ni l?opposition ne semblent vouloir réaliser une réforme de l?enseignement qui pourrait améliorer, à terme, les performances des écoliers italiens, parmi les plus basses dans les diverses enquêtes de l?OCDE, le club des pays les plus développés.

 

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