La Chine hausse le ton face à la France et l'UE

Par latribune.fr  |   |  460  mots
Après l'annulation des sommets Chine-UE et Chine-France, en raison d'une future rencontre entre le dalaï lama et Nicolas Sarkozy, Pékin estime que c'est à Paris de faire le nécessaire pour reprendre le dialogue. La finalisation d'une très grosse commande d'Airbus est reportée.

Le dossier tibétain continue d'irriter Pékin. La Chine a estimé ce jeudi qu'il revenait à la France de créer les conditions favorables à la tenue du sommet entre la Chine et l'Union européenne, prévu à l'origine lundi prochain à Lyon et reporté en raison d'une rencontre programmée entre le dalaï lama et le président français Nicolas Sarkozy.

"La date du sommet dépendra du moment où la France, qui assure la présidence de l'Union européenne, adoptera des mesures concrètes pour créer les bonnes conditions nécessaires pour ce sommet", a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Qin Gang. "En Chine, il y a un dicton: "celui qui cause le problème doit le résoudre". Ce n'est pas la Chine qui a provoqué cette situation", a poursuivi le porte-parole.

Par ailleurs, le sommet France-Chine, qui devait se tenir le lendemain à Paris en présence du Premier ministre chinois Wen Jiabao, a également été reporté, selon la présidence française.

Conséquence concrète, une grosse commande d'Airbus pour 150 appareils signé il y a un an qui devait être finalisée à cette occasion a été reportée, comme l'indiquait ce matin notre confrère Les Echos. "L'accord signé avec la centrale d'achat chinoise CASGC l'an passé portait sur un engagement d'achat pour 110 moyen-courriers A320 et 40 long-courriers A330. La finalisation de ce contrat, c'est à dire la ventilation (distribution des avions, ndlr) aux différentes compagnies aériennes chinoise a été reportée", a dit un porte-parole d'Airbus. Mais Airbus indique ne pas craindre une annulation de la commande.
 

Le report sans précédent de ce sommet illustre la volonté d'une Chine, diplomatiquement de plus en plus forte, d'imposer ses vues, estiment des analystes. La question sensible et controversée du Tibet a déjà provoqué par le passé l'annulation par Pékin de visites ou de rencontres avec des responsables étrangers. Il y a près d'un an, le ministre allemand des Finances, Peer Steinbrück, avait été obligé de renoncer à se rendre en Chine à la suite d'une entrevue entre la chancelière Angela Merkel et le Prix Nobel de la paix 1989.

Dès l'annonce de cette rencontre il y a deux semaines, la Chine avait mis en garde la France sur l'impact négatif de cette rencontre sur les relations franco-chinoises, qui avaient déjà connu de vives tensions après la répression des émeutes de mars dernier au Tibet par les Chinois. Le gouvernement chinois accuse régulièrement le dalaï lama de ne pas avoir renoncé à l'indépendance du Tibet. Le chef spirituel des Tibétains en exil affirme, lui, avoir opté pour la "voie moyenne" consistant à réclamer une large "autonomie culturelle".