Le baril de pétrole flirte avec les 40 dollars

Par latribune.fr  |   |  536  mots
Le baril de pétrole est passé sous les 40 dollars à Londres ce vendredi. A New York, il a touché 42 dollars. Des niveaux qui n'avaient plus été atteints depuis presque quatre ans. Et Merrill Lynch estime que le brut pourrait tomber à 25 dollars l'an prochain.

Le pétrole a cassé ce vendredi le seuil de 40 dollars (à Londres) pour la première fois depuis près de quatre ans, les chiffres désastreux de l'emploi américain ayant conforté le scénario d'une contraction de la demande pétrolière jusqu'en 2009. A la clôture du New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" perdait ainsi 2,86 dollars, à 40,81 dollars. Sur l'Intercontinental Exchange, le Brent de la mer du nord reculait de 2,08 dollars à 40,20 dollars le baril.

Au surplus, dans la matinée, l'Agence internationale de l'énergie a encore révisé à la baisse ses perspectives de demande mondiale de pétrole. Aors qu'elle s'attendait encore en juillet dernier à une croissance de la consommation de 1,6% entre 2008 et 2013, l'AIE ne table plus maintenant que sur une progression chétive de 1,2% sur la période.

Les cours ont perdu plus de 100 dollars, soit plus des deux tiers de leur valeur, depuis leurs records de juillet à plus de 147 dollars. Car la chute s'est accélérée au cours d'une semaine spécialement noire : les prix sont passés jeudi pour la première fois depuis près de quatre ans sous la barre des 45 dollars à New York, un seuil enfoncé la veille par Londres. En une semaine, le pétrole a abandonné plus de 13 dollars à Londres, soit 20% de sa valeur.

Tout au long de la semaine, une pluie d'annonces avait confirmé la gravité de la crise économique en Europe et aux Etats-Unis: entrée officielle en récession des Etats-Unis, effondrement de l'activité industrielle des deux côtés de l'Atlantique, forte baisse des taux d'intérêt européens, à 2,5%, assortie d'une prévision de récession pour la zone euro, de 0,5% l'an prochain. Tout aussi grave, un ralentissement marqué de la croissance dans les pays émergents se dessine.

"Sachant que les marchés émergents avaient été le moteur de la demande mondiale de pétrole au cours des dernières années, la détérioration des perspectives économiques pour les économies hors OCDE est clairement inquiétante", souligne ainsi dans une note Francisco Blanch, de la banque Merrill Lynch. Dans l'hypothèse du pire, les prix du pétrole pourraient tomber à 30 dollars le baril à New York, prévient-il.

S'ajoutant à cela, le marché a été dépité par l'absence de réaction de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) à la chute des prix - le cartel a maintenu inchangés ses quotas de production lors de sa réunion au Caire samedi dernier -, et il semble mettre en doute la capacité du cartel à faire front uni et appliquer les baisses de production décidées.

"L'Opep laisse entendre qu'elle réagira fortement aux niveaux de prix actuels à sa réunion d'Oran (en Algérie, le 17 décembre) mais, selon nous, cela aura peu d'impact sur les prix à court terme, sachant que le marché a les regards braqués du côté de la demande", jugent ainsi les analystes de la banque Barclays Capital. Les cours du pétrole ne repartiront pas à la hausse avant la fin de l'année 2009, estime quant à lui le responsable des indices des matières premières chez Standard & Poor's, Eric Kolts, cité par l'AFP.