Le pire est peut-être à venir pour l'emploi américain. Pourtant, les chiffres donnent déjà le tournis. 533.000 postes supprimés en novembre, le sixième plus mauvais mois depuis 1945 et la plus mauvaise performance depuis décembre 1974. Plus de 1,9 million d'emplois détruits par l'économie américaine depuis le début de l'année. En attendant les chiffres de décembre, 2008 s'annonce comme la deuxième plus mauvaise année pour l'emploi depuis la fin de la seconde guerre mondiale.

Ces derniers jours, de nombreuses sociétés américaines ont annoncé d'importants plans sociaux, laissant craindre le pire pour les prochains mois. Et ce malgré l'annonce, ce samedi, d'un vaste programme de relance de l'économie par Barack Obama, dont la prise de fonction interviendra le 20 janvier. Le futur président espère ainsi créer 2,5 millions d'emplois d'ici à 2011 alors que le taux de chômage a atteint en novembre 6,7% de la population, au plus haut depuis 1993. Et le nombre de chômeurs a dépassé la barre des 10 millions.

Touché de plein fouet par la crise financière, les banques américaines s'apprêtent à réduire fortement leurs effectifs. A l'image de Citigroup. L'établissement new-yorkais à la dérive et sauvé fin novembre par une nouvelle injection de fonds de l'Etat américain va ainsi supprimer 52.000 postes dans les prochains moispour redescendre à 300.000 postes. Il faut remonter à 1993 et aux 60.000 postes détruits chez IBM pour trouver trace d'une restructuration aussi importante.

De son côté, JPMorgan Chase va fortement tailler dans les effectifs de Washington Mutual, l'ancienne première caisse d'épargne américaine reprise fin septembre au bord de la faillite. Au total, 9.200 des 43.000 employés de WaMu seront licenciés, dont 4.000 avant la fin de l'année. Ces suppressions s'ajoutent aux réductions d'effectifs déjà en cours chez JPMorgan, qui aurait commencé à supprimer environ 10% de ses effectifs.

Chez Bank of America (BofA), 30.000 emplois seraient menacés selon la chaîne américaine d'informations financières CNBC. Si cette information venait à être confirmé par la banque de Caroline du Nord, pas moins de 10% des effectifs seraient ainsi supprimés. Toujours selon CNBC, Merrill Lynch serait particulièrement touchée. La banque d'affaires, dont le rachat par BofA sera conclu avant la fin de l'année, pourrait voir ses effectifs fondre de 10.000 postes.

Le secteur financier n'est pas le seul touché par cette vague de plans sociaux. Le ralentissement économique et la contraction de la consommation des ménages, principal moteur de la croissance américaine, affectent l'ensemble de l'activité américaine. Notamment le secteur automobile, qui devrait obtenir une aide d'urgence de la part de l'Etat. General Motors, le premier constructeur américain, devrait supprimer 31.500 emplois d'ici à 2012.

AT&T, le premier opérateur américain de télécommunications, va de son côté supprimer 12.000 postes avant la fin de l'année prochaine, soit 4% de ses effectifs. Victime notamment d'une baisse des abonnements à ses services de téléphonie fixe, le groupe a moins bien fait que prévu au troisième trimestre, dégageant tout de même un bénéfice net de 3,2 milliards de dollars.

Les chimistes américains vont également procéder à des réductions d'effectifs. Dow Chemical a ainsi annoncé ce lundi la suppression de 11% de ses effectifs mondiaux et la fermeture de vingt usines. Au total, 5.000 emplois seront détruits en raison de la dégradation de la conjoncture. Le groupe souhaite économiser 700 millions de dollars par an. Il va par ailleurs être fermer temporairement 180 sites.

Son concurrent DuPont a indiqué la semaine dernière qu'il allait réduire ses effectifs de 2.500 postes alors qu'il table sur une baisse de 15% de ses ventes au quatrième trimestre et s'attend désormais à enregistrer une perte sur la période. Le groupe a par ailleurs revu à la baisse ses prévisions de résultats pour l'année prochaine.

Le conglomérat industriel 3M, créateur notamment du Scotch et du Post-it, a annoncé ce lundi la suppression de 1.800 postes d'ici à la fin de l'année, une mesure entrant dans un plan général de réductions des coûts. Le groupe a revu à la baisse ses prévisions pour l'ensemble de l'année et pour l'année prochaine.

Dans le secteur des médias, Viacom va réduire ses effectifs de 7%, soit 850 emplois. Le mois dernier, le propriétaire des studios Paramount et des chaînes câblées MTV et Comedy Central avait annoncé une chute de 37% de son bénéfice trimestriel. D'autre part, NBC Universal, filiale du conglomérat géant General Electric, va supprimer 500 emplois, soit 3% de ses effectifs, dans le cadre d'un plan d'économies de 500 millions de dollars.

Adobe Systems supprimera 600 emplois (8% de ses effectifs) alors que le concepteur de logiciels a déçu les marchés en publiant des résultats préliminaires au quatrième trimestre inférieurs aux attentes des analystes.

Enfin, UAL Corporation, la maison mère de la compagnie aérienne United Airlines, va détruire 1.200 postes au début de l'année prochaine, dans le cadre d'un plan de restructuration visant à réduire ses effectifs de 7.000 emplois. Le groupe a souffert en début d'année des prix du carburant avant d'être touché par la stagnation du trafic aérien.