Monaco suspend son projet d'extension sur la mer

Par Sophie Sanchez  |   |  355  mots
C'est un projet pharaonique, entre 5 et 8 milliards d'euros, qui est reporté sine die, en partie à cause de la crise financière.

C?est un coup de tonnerre, lié pour partie à la crise financière. La principauté de Monaco doit tenir une conférence de presse ce mercredi matin pour annoncer qu?elle arrête la consultation sur son projet d?extension sur la mer, ce qui équivaut, selon certaines sources, à le reporter sine die. Un projet peut-être démesuré puisqu?il s?agissait, pour un coût compris entre 5 et 8 milliards d?euros, de faire bâtir d?ici 2018, 275.000 m2 de logements, commerces, bureaux et hôtels afin de permettre à ce micro-Etat de 2km2 de gagner une dizaine d?hectares.

La Principauté aurait craint que les groupements candidats n?aient pas les reins aussi solides qu?ils voulaient le dire et n?aurait pas voulu prendre le risque de se retrouver avec un chantier abandonné en plein milieu de la baie. L?impératif écologique aurait aussi pesé. Le prince Albert estimerait que les études sur l?impact du projet sur la flore et la faune sous-marine n?ont pas été assez poussées.

Sa décision constitue une cruelle déconvenue pour les deux consortiums en lice qui travaillaient sur le projet depuis un an et demi et étaient censés remettre leurs offres finales la semaine dernière. La Principauté avait désigné le 30 septembre les deux finalistes: le consortium "Monte-Carlo Development Company", avec l?architecte britannique Norman Foster et, entre autres, le constructeur français Bouygues; le consortium "Monte-Carlo Sea Land", avec l?architecte américain Daniel Libeskind, et, notamment, le constructeur Limitless, filiale à 100% de Dhubaï World.

Pour un avocat, ce report équivaut à enterrer le projet. "Les consortiums qui s?étaient constitués vont se dissoudre. La crédibilité de la Principauté va être atteinte, elle ne pourra plus lancer d?appel d?offres international", tempête-t-il. "L?Etat français n?aurait jamais arrêté un projet à un tel stade d?avancement", renchérit un autre avocat, en relevant que les deux groupements ne pourront prétendre à une indemnité, en vertu des clauses du concours, alors que chacun d?eux aurait engagé une trentaine de millions d?euros dans les études.