La Grèce paralysée par la grève générale et les affrontements

Par latribune.fr  |   |  506  mots
Depuis quatre jours, le pays est en proie à de nombreuses émeutes. Ce mercredi, une grève générale, prévue de longue date, paralyse un peu plus le pays.

Le pays n'avait pas connu de tels affrontements depuis le coup d'Etat militaire de 1974. La mort d'un adolescent de 15 ans, abattu samedi à Athènes par un policier, a provoqué une série d'émeutes sur tout le territoire, révélant la grave crise sociale que subit le pays.

Après quatre jours d'affrontements entre les jeunes et la police grecque, la Grèce reste complètement paralysée. Ce mercredi, une grève générale touche les transports terrestres, aériens et maritimes, les banques, les administrations et les grandes entreprises publiques du pays. Les écoles et les lycées, qui n'ont pas ouvert leurs portes en signe de deuil mardi, sont restés fermés ce matin.

La grève générale était prévue de longue date, mais le Premier ministre, Costas Caramanlis, avait appelé les syndicats à renoncer à toute grande manifestation, pour éviter de nouveaux heurts. Les deux grandes centrales syndicales du pays, qui comptent environ 800.000 membres, ont annulé un grand défilé dans le centre d'Athènes, mais elles ont appelé les travailleurs à un "rassemblement paisible", sur la place Syntagma, en face du parlement grec. De nouveaux heurts sont à nouveau intervenus après l'évènement, entre des groupes de jeunes et la police.

Dans la nuit de mardi à mercredi, les affrontements entre plusieurs centaines de jeunes et les forces de polices se sont poursuivis, même s'il semble qu'ils aient été moins violents que les jours précédents. Pour beaucoup d'observateurs, cette violence révèle le profond malaise et la radicalisation de la jeunesse grecque, minée par l'insécurité économique et le chômage.

Comme dans de nombreux pays d'Europe du Sud, il n'est en effet pas rare que les jeunes restent vivre jusqu'à 30 ans passés chez leur parents, faute de situation économique stable. Pour Petros Rombolis, chercheur à l'Institut du travail de la confédération syndicale GSEE cité par l'Express, "le marché du travail n'absorbe que la moitié des quelques 80.000 diplômés qui sortent tous les ans des universités, le choix c'est le chômage, l'émigration ou la surexploitation". Le divorce entre la jeunesse grecque et l'Etat semble consommé.

Pour l'instant, le maire d'Athènes, Nikitas Kaklamanis, estime à 360 le nombre de magasins "partiellement ou totalement endommagés" depuis samedi. A Salonique, la deuxième ville du pays, plus de 80 magasins et 14 banques ont subi des dégâts. Ce mercredi, dans la capitale, de nombreux magasins n'ont pas levé leur rideau et se sont barricadés, dans la crainte de nouveaux affrontements en marge des manifestations.

Le gouvernement conservateur apparaît de plus en plus sur la sellette, alors qu'il était déjà déstabilisé par une série de scandales et par les retombées économiques de la crise internationale. La crise sociale actuelle pointe ses défaillances, notamment en matière d'éducation et d'intégration. De plus, l'équipe de Costas Caramanlis semble incapable de gérer l'explosion de violence actuelle. L'opposition socialiste a appelé à sa démission.