Trichet : il existe des "risques systémiques de liquidité et de solvabilité"

Par latribune.fr  |   |  968  mots
Le président de la Banque centrale européenne dresse un bilan de la crise au cours de laquelle le système financier dans son ensemble à mal fonctionné. Il rappelle les fondamentaux du pacte de stabilité européen que doivent respecter tous les gouvernements de l'Union.

"La période est marquée par des tensions très fortes, des risques systémiques de liquidité", affirme Jean-Claude Trichet, ce mardi 23 décembre, ajoutant que "début septembre, nous nous sommes trouvés en présence d'un risque systémique de solvabilité". Au cours de cette crise, "c'est le système [financier] tout entier qui a mal fonctionné", a-t-il ajouté. Absolument "tout doit être amélioré", Il demande de ne "protéger personne, aucune entité publique ou privée" et à "tout corriger". Dans deux déclarations, l'une à l'Institut Montaigne à Paris, l'institut de recherche proche de Claude Bébéar, l'autre dans une interview au Frankfurter Allgemeine Zeitung à publier vendredi, le président de la Banque centrale européenne dresse en quelque sorte un bilan provisoire de la crise actuelle et liste les pistes pour en sortir.

"Il faut se méfier" d'abord, dit Jean-Claude Trichet, du danger de vouloir "identifier des boucs émissaires", que ce soit les agences de crédit, les banques commerciales ou d'investissemnt ou les autorités qui n'auraient "pas été suffisamment vigilantes", souligne le président de la Banque centrale européenne (BCE). "Il nous faut prendre nos responsabilités et rendre l'économie de marché beaucoup plus résiliente", souligne-t-il.

Jean-Claude Trichet relève la "crise de méfiance" des marchés, échaudés par "l'onde de méfiance" de la mi-septembre. Ils ont sous-estimé les mesures prises par les banques centrales et gouvernements pour remédier à la crise financière. Il fait état cependant d'une lente amélioration sur le marché monétaire. "Il y a un mouvement de reprise de confiance qui va dans le bon sens," indique Jean-Claude Trichet  qui ajoute que la redescente des cours du pétrole avait un effet désinflationniste et expansionniste.

Il souligne le rôle salutaire de l'euro a permis de maintenir la stabilité dans les 15 pays de la zone euro durant la crise de l'année écoulée. "Nous avons une monnaie qui est aussi crédible et inspire autant confiance, les taux d'intérêt le prouvent, que le franc ou le mark autrefois," dit-il. Et il ajoute: "Imaginez ce qui se serait passé si au cours de l'année écoulée nous avions été avec 15 ou 16 monnaies différentes. Nous en avons fait l'expérience en 1992-1993 dans un environnement beaucoup moins exigeant". Et il insiste: "l'euro, l'instrument qui nous permet d'achever le marché unique, nous permet aussi de maintenir la stabilité."

Le patron de la BCE a également expliqué sa politique des derniers mois, rappelant que la banque centrale avait réduit son taux directeur de 175 points de base lors des trois derniers mois. La BCE a réduit son taux de financement de 50 points de base en octobre puis en novembre et encore de 75 pdb le 4 décembre, une baisse sans précédent, pour le ramener à 2,5%. Il a souligné que les baisses de taux opérées par la BCE étaient "sans équivalent depuis la Deuxième Guerre mondiale en rapidité et ampleur des décisions." Quant à la prochaine période, il a repris son antienne, soulignant que l'institution n'est "jamais préengagée" mais a une aiguille dans sa boussole qui est la stabilité des prix, "proche mais en-dessous de 2%". "Je répète proche de 2%", a-t-il insisté, une manière de souligner que la BCE ne voulait pas d'une inflation trop basse.

Jean-Claude Trichet a longuement salué la coopération des banques centrales et des gouvernements du monde entier face à la crise. Face aux "tensions très fortes et risques systémiques de liquidité", les banques centrales ont érigé des "lignes de défense" des deux côtés de l'Atlantique, souligne le patron de la BCE. Et face au risque systémique de solvabilité, les gouvernements ont agi en apportant garanties et capitaux aux banques. "Dans un monde difficile l'ensemble des responsables ont su prendre les problèmes à bras le corps", se félicite-t-il.

Dans ce contexte, évoidement, il plaide pour une poursuite de la politique conduite jusqu'à présent par la BCE. Les pays de la zone euro doivent réfléchir soigneusement aux niveaux de nouvelles dettes qu'ils contractent pour soutenir leurs économies, a prévenu lJean-Claude Trichet. "Je répète que tous les pays de la zone euro doivent faire un usage approprié de l'importante marge de manoeuvre que le Pacte (de Stabilité et de Croissance) donne actuellement à plusieurs pays en terme de politique budgétaire".

Les règles du Pacte - un budget à l'équilibre sur le moyen terme et un déficit public théoriquement inférieur à 3% du produit intérieur brut - sont "très importantes" pour la zone euro, a ajouté Jean-Claude Trichet, selon lequel "les pays qui ont une marge de manoeuvre modeste, ou pas de marge du tout, devraient respecter le Pacte tel qu'il est rédigé." Jean-Claude Trichet a également souligné que la BCE devait atteindre son objectif de stabilité sur les prix quelles que soient les circonstances, même en cas de crise. Les plans de relance devraient donc se conduire encore et toujours sous contrainte.

Jean-Claude Trichet souligne le large consensus à l'échelon international sur le besoin d'une plus grande transparence sur les marchés financiers. Il existe un "accord sur les grandes directions vers lesquelles il faut aller" et un "large consensus sur un niveau beaucoup plus élevé de transparence des institutions financières, des marchés et beaucoup plus de transparence des institutions financières", indique-t-il Comme un point d'orgue à ce salut à la coopération mondiale, le patron de la BCE jette: "l'Angleterre sait qu'elle est la bienvenue dans l'euro, ceci a toujours été dit par tous les gouvernements et la BCE, et comme vous le savez c'est une décision qui apprtient au peuple britannique lui-même"