Inquiétude dans le monde après l'offensive terrestre de Gaza

Par Source AFP  |   |  1159  mots
L'offensive israélienne dans la bande de Gaza a provoqué dimanche des réactions d'inquiétude et des appels au cessez-le-feu partout dans le monde. Alliés indéfectibles d'Israël, les États-Unis ont empêché l'adoption d'un texte au Conseil de sécurité de l'ONU sur l'offensive et se sont simplement prononcés pour "un cessez-le-feu durable"

L'offensive israélienne dans la bande de Gaza a provoqué dimanche des réactions d'inquiétude et des appels au cessez-le-feu partout dans le monde. Après plusieurs capitales européennes samedi (Paris, Londres, Madrid....), des manifestations contre l'offensive israélienne ont encore rassemblé ce dimanche des dizaines de milliers de Marocains à Rabat, près de 5.000 Libyens à Tripoli et autant d'Australiens à Sydney et Melbourne. Des dizaines de milliers de Turcs ont défilé à Istanbul, à l'appel d'un petit parti islamiste, qui a revendiqué 700.000 manifestants. Des milliers d'islamistes ont également manifesté en Indonésie, plus grand pays musulman de la planète.


Les efforts pour trouver une solution diplomatique reposaient sur deux missions distinctes, l'une européenne, l'autre menée par le président français Nicolas Sarkozy, et sur un émissaire russe, dépêché en urgence dimanche dans la région. Alliés indéfectibles d'Israël, les Etats-Unis ont empêché l'adoption d'un texte au Conseil de sécurité de l'ONU sur l'offensive samedi soir et se sont simplement prononcés pour "un cessez-le-feu durable", "le plus vite possible". Mais, a averti Washington, celui-ci ne doit pas permettre un retour au statu quo ante, où Israël subissait des tirs de roquettes de la bande de Gaza contrôlée par le mouvement islamiste.


Les troupes israéliennes sont entrées dans la bande de Gaza samedi soir, après huit jours de bombardements, pour tenter de mettre fin à ces tirs de roquettes contre l'Etat hébreu. La délégation européenne pilotée par le ministre tchèque des Affaires étrangères Karel Schwarzenberg a appelé dimanche à Prague au cessez-le-feu entre les deux parties. Le droit d'Israël à l'auto-défense "n'autorise pas des actions qui affectent massivement les civils", avait jugé plus tôt la présidence tchèque de l'Union européenne. En cas d'accord, l'Union européenne est prête à contribuer à une mission d'observateurs internationaux pour le maintien de la paix, a fait savoir le Haut représentant pour la politique extérieure de l'UE, Javier Solana.
 

Alors que le président Sarkozy se rend lundi et mardi en tournée au Proche-Orient pour tenter de débloquer la situation, la France a "condamné l'offensive terrestre israélienne contre Gaza, comme elle condamne la poursuite des tirs de roquettes". Pour la France, comme pour la Norvège et la Suède, l'escalade militaire complique ses efforts, et ceux de l'Union européenne, des membres du Quartette et des Etats de la région pour faire cesser les combats. Jugeant le "moment très dangereux", le Premier ministre britannique Gordon Brown a estimé justement qu'il fallait "immédiatement" "travailler encore plus dur pour un cessez-le-feu immédiat".


Si l'Espagne a "exhorté" Israël à mettre fin à son offensive terrestre", d'autres voix en Europe se sont faites plus compréhensives à son égard.
"Condamner Israël ne rime à rien car il faut traiter la question des deux côtés. (...) Tant que les attaques à la roquette continuent, Israël dira toujours: +nous ne pouvons pas accepter cela+ et je le comprends", a déclaré le Premier ministre néerlandais Jan Peter Balkenende. De même, l'Allemagne a souhaité un cessez-le-feu qui garantisse "la sécurité à long terme d'Israël", en mettant notamment fin aux attaques à la roquette du Hamas et à la contrebande d'armes dans la bande de Gaza. La Russie, "extrêmement préoccupée", a envoyé, dès dimanche, un émissaire dans la région pour contribuer aux efforts diplomatiques visant à obtenir un cessez-le-feu.


Le Conseil de sécurité de l'ONU a discuté pendant quatre heures samedi soir de la situation à Gaza sans pouvoir s'entendre sur un texte appelant à un arrêt des hostilités, en raison de l'opposition des Etats-Unis. "Ce qui s'est passé au Conseil de sécurité est une farce qui montre l'ampleur de la domination sur ses décisions exercée par l'Amérique et l'occupant sioniste", a réagi le mouvement islamiste Hamas. Avant même la réunion d'urgence du Conseil de sécurité, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon avait demandé la fin immédiate de l'offensive terrestre israélienne.
 

Qualifiant l'entrée des chars israéliens dans la bande de Gaza "d'agression effroyable", l'Egypte, incontournable dans les négociations, a convoqué les ambassadeurs des cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité pour protester contre l'absence de résolution de l'ONU. De nombreuses voix se sont élevées, dont celles de la Chine, du Pakistan, de la Jordanie et de la Grèce, pour appeler à l'arrêt immédiat des opérations militaires. Le pape Benoît XVI a également appelé à une "action immédiate pour mettre fin à la situation actuelle tragique", en déplorant "le refus du dialogue" qui aboutit à ses situations qui "accablent" les populations. La Turquie a "condamné" et jugé "inacceptable" le lancement de l'opération terrestre, qui, pour le Japon, ne fera "qu'aggraver" la situation. Le Premier ministre algérien Ahmed Ouyahia a accusé l'Etat hébreu de commettre des "crimes contre l'humanité" contre la population de Gaza, tandis que le président du parlement iranien Ali Larijani prédisait que la bande de Gaza deviendrait un "cimetière" pour les Israéliens.

 

Nicolas Sarkozy au Proche-Orient pour "chercher les chemins de la paix"

 Nicolas Sarkozy se rend lundi et mardi au Proche-Orient pour tenter de "trouver les chemins de la paix". Le président français avait annoncé son initiative lors de ses voeux aux Français le 31 décembre, indiquant qu'il se rendrait au Moyen Orient "dès lundi parce que c'est la vocation de la France de chercher partout les chemins de la paix". Au cours d'une tournée éclair au programme très serré, le chef de l'Etat se rendra dans quatre pays et dans le territoire palestinien de Cisjordanie. Lundi, il déjeunera à Charm el-Cheikh (sud de l'Egypte) avec Hosni Moubarak, le président égyptien avec lequel il copréside l'Union pour la Méditerranée, puis rencontrera le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, à Ramallah, avant un dîner de travail à Jérusalem avec Ehud Olmert, Premier ministre israélien. Mardi, il rencontrera les présidents syrien Bachar al-Assad à Damas, puis libanais Michel Sleimane à Beyrouth. Il ira ensuite présenter ses voeux aux soldats français de la Finul dans le sud du Liban, comme programmé à l'origine. Il sera rejoint à cette étape par ses responsables gouvernementaux de la défense, Hervé Morin et Jean-Marie Bockel.
Nicolas Sarkozy, qui a passé les rênes de l'UE à Prague le 1er janvier, avait proposé aux Tchèques de l'accompagner au Proche-Orient. Ceux-ci ont préféré envoyer dans la région leur ministre des Affaires étrangères, Karel Schwarzenberg, (de dimanche à mardi) avec ses homologues suédois et français, Carl Bildt et Bernard Kouchner, ainsi que la commissaire européenne aux Relations extérieures, Benita Ferrero-Waldner. La délégation se joindra à Nicolas Sarkozy à Ramallah.