Nicolas Sarkozy se penche de nouveau sur la moralisation du capitalisme financier

Par latribune.fr  |   |  800  mots
A l'occasion d'une conférence internationale qui se tient ce jeudi à Paris, le président français a estimé que la moralisation du capitalisme ne devait pas se transformer en discours anticapitaliste. La chancelière allemande Angela Merkel et l'ex Premier ministre britannique Tony Blair sont également présents.

La crise financière revient sur le devant de la scène politique internationale. Après le G20 organisé à Washington en novembre dernier, une conférence internationale se tient ce jeudi à Paris, sur le thème "Nouveau monde, nouveau capitalisme" qui réunit Nicolas Sarkozy, la chancelière allemande Angela Merkel et l'ex Premier ministre britannique Tony Blair. Très mobilisé sur le sujet, le chef de l'Etat français est revenu pour l'occasion sur la nécessité de moraliser le capitalisme, sans verser toutefois dans l'anticapitalisme.

"La crise du capitalisme financier n'est pas la crise du capitalisme" a-t-il déclaré lors de son discours d'ouverture, ajoutant : "l'anticapitalisme, c'est une impasse, c'est la négation de tout ce qui a permis d'asseoir l'idée de progrès".  "On doit moraliser le capitalisme et pas le détruire (...) il ne faut pas rompre avec le capitalisme, il faut le refonder", a insisté le chef de l'Etat, accusant ceux qui refusent cette "refondation" de "faire le lit de ceux qui veulent détruire la capitalisme".

Le président de la République s'est prononcé une nouvelle fois pour un capitalisme "d'entrepreneurs" que l'Etat devrait "animer, entraîner". "Il faut rééquilibrer les rôles respectifs de l'Etat et du marché", a-t-il déclaré, estimant que la crise actuelle signait "le retour de l'Etat (et) la fin de l'idéologie de l'impuissance publique".

Nicolas Sarkozy a également averti les Etats-Unis qu'ils n'accepterait pas un retour à la "pensée unique" en matière de gestion des marchés financiers. "J'ai toujours été partisan d'une alliance très proche avec les Etats-Unis mais que les choses soient claires, au XXIe siècle il n'y a plus une seule nation qui peut dire ce qu'il faut faire ou ce qu'il faut penser", a-t-il indiqué.

Pour sa part, la chancelière allemande Angela Merkel, dont les positions en particulier sur les plans de relance restent souvent en décalage avec celles du président français, a reconnu que les pays touchés par la crise, y compris l'Allemagne, accumulaient "des montagnes de dettes", mais qu'il s'agissait actuellement de "la seule possibilité" de lutter contre ses conséquences sur les marchés et l'économie.

La dirigeante politique fait notamment référence au "nouveau paquet" de relance gouvernementale préparé par son gouvernement de l'ordre de 50 milliards d'euros sur deux ans et qui doit permettre "d'investir dans l'avenir", à travers notamment "les technologies économiques en énergie", et en se préparant "aux changements démographiques". Ce plan doit être présenté officiellement la semaine prochaine, avec des mesures qui s'étaleront sur 2009 et 2010.

La chancelière allemande a aussi jugé que pour réformer le système financier et éviter une nouvelle crise, "nous avons besoin de la volonté politique pour inciter les marchés financiers à ne pas prendre trop de risques". "J'espère que ces nouvelles règles prendront leur premier contour dès le mois d'avril" et que "les acteurs des marchés financiers n'essaieront pas cette fois encore d'empêcher les politiques de mettre en oeuvre ces réglementations", a-t-elle averti.

Angela Merkel a ainsi prôné la création d'un conseil économique international à l'Onu, afin de contribuer à changer les règles du capitalisme mondial. "Nous avons besoin d'une nouvelle réglementation des marchés mais cela ne suffira pas", a-t-elle ajouté, prônant une "architecture internationale" adaptée au XXIe siècle.

De son côté, l'ex-Premier ministre britannique Tony Blair, co-organisateur du colloque avec Nicolas Sarkozy, a souligné que s'il "a longtemps été admis que (la mondialisation) devait comporter des valeurs pour être équitable, il est maintenant clair qu'elle a besoin de valeurs aussi pour fonctionner". Ces valeurs doivent reposer sur autre chose que "le profit à court terme", notamment sur l'investissements et le développement", a-t-il souligné.

Cette conférence, qui se tient jusqu'à vendredi, devrait également voir intervenir le président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet, le directeur général de l'Organisation mondiale du Commerce Pascal Lamy, la commissaire européenne chargée de la concurrence Nelly Kroes, le ministre indien du Commerce Kamal Nath et le ministre italien de l'Economie Giulio Tremonti. Les prix Nobel d'Economie Amartya Sen, Joseph Stiglitz et Edmund Phelps feront également partie des orateurs. Le prochain sommet du G20 se tiendra lui le 2 avril à Londres. Le ministre britannique des Finances, Alistair Darling, a invité ses homologues du G20 à une réunion ministérielle le 14 mars à Londres, en préparation du sommet qui réunira dans cette même ville les dirigeants des grands pays développés et émergents. Dans un courrier envoyé mercredi à ses homologues, Alistair Darling réaffirme la nécessité de renforcer la coopération internationale en matière de régulation et de supervision des marchés financiers.