Pluie de mauvais indicateurs au Royaume-Uni

Par latribune.fr  |   |  617  mots
L'horizon économique ne cesse de s'assombrir au Royaume-Uni, une batterie d'études sur la consommation et l'immobilier ayant montré ce mardi une nouvelle dégradation de l'activité fin 2008 et en 2009.

Les mauvais indices pleuvent outre-Manche. Les ventes de détail ont chuté de 1,4% en décembre par rapport au même mois de 2007, et de 3,3% en données comparables, a annoncé le British Retail Consortium (BRC), la fédération des commerçants britanniques. "C'est le pire mois de décembre depuis que l'enquête (mensuelle) a commencé il y a quatorze ans, et, hormis la période de Pâques, c'est la pire performance mensuelle jamais enregistrée", a indiqué l'organisation professionnelle.

Selon le BRC, le secteur de la chaussure a été le seul à voir ses ventes progresser. En revanche, l'habillement, l'ameublement et les équipements onéreux ont encore chuté. Le BRC ajoute que les consommateurs ont retardé leurs achats, boudant les enseignes pendant la première quinzaine du mois, dans l'attente de promotions et de soldes anticipées.

Seul type d'enseignes à bénéficier d'une dynamique toujours soutenue, les commerces en ligne ont vu leurs ventes grimper de 30%, les consommateurs se montrant de plus en plus séduits et les distributeurs ayant rallongé les délais de commande pour les cadeaux de Noël.

De son côté, la Chambre de commerce (British Chambers of Commerce, BCC) a indiqué qu'elle allait probablement devoir abaisser ses prévisions pour 2009. Elle table pour le moment sur une contraction de 2,2% du produit intérieur brut britannique. Dans son dernier bulletin de conjoncture trimestriel, la BCC a en effet indiqué avoir relevé les pires niveaux d'activité dans l'industrie et les services, depuis le début de ses enquêtes en 1989, et a signalé un risque grandissant de faillite d'entreprise, notamment parmi les plus petites.

Elle s'est dite "surprise" par la sévérité du retournement de la conjoncture, et son chef économiste David Kern a conseillé à la Banque d'Angleterre de baisser ses taux d'intérêt "aussi près que possible de zéro", et de suivre l'exemple de la Fed américaine en mettant en place une politique "d'assouplissement quantitatif", afin d'éviter que la récession ne vire à la dépression.

Enfin, le nombre de transactions immobilières a touché un nouveau plus bas durant le quatrième trimestre 2008, tombant à 10,1 par agence contre 10,6 au trimestre précédent, selon des statistiques de l'Institut royal des experts en immobilier (RICS), publiées mardi également. Ces chiffres ont jeté un froid, alors que les Britanniques attendent encore de connaître les chiffres du PIB du quatrième trimestre, publiés le 23 janvier, qui doivent confirmer l'entrée en récession du pays. Après une première contraction de 0,6% au troisième trimestre, il pourrait s'être replier encore plus fortement, de l'ordre de plus de 1%, selon certains économistes.

Pour Howard Archer, économiste chez IHS Global Insight, cité par l'AFP, cette batterie de chiffres signale "un affaiblissement généralisé et profond de l'économie britannique". Il a estimé que cela laissait présager une contraction de 2,9% du PIB cette année, ce qui serait la plus grave depuis la fin de la seconde guerre mondiale.

Dernier mauvais indicateur, le déficit commercial britannique s'est creusé à un niveau record en novembre, ce qui semble suggérer que la faiblesse de la livre sterling n'a pas relancé les exportations contrairement à ce qu'avait espéré la Banque d'Angleterre. Selon les statistiques officielles publiées ce mardi, le déficit ressort à 8,330 milliards de livres (9,18 milliards d'euros) contre 7,631 milliards en octobre. Il s'agit du déficit commercial le plus important historiquement.

Les exportations ont reculé de 6% de novembre contre une baisse de 2% pour les importations. Les exportations vers les pays de l'Union européenne sont restées stables pendant la période mais celles vers les pays extérieurs à l'Union ont plongé de 12,5%.