Les Etats-Unis accusent la Chine de "manipuler" sa monnaie

Par latribune.fr  |   |  445  mots
Le président Barack Obama estime que la Chine "manipule" sa monnaie, a affirmé Timothy Geithner, le nouveau secrétaire du Trésor américain. Un terme que l'administration Bush s'est toujours refusée d'utiliser et qui pourrait conduire à de nouvelles mesures pour enjoindre Pékin à réévaluer le yuan.

Washington va user "agressivement" de tous les moyens diplomatiques pour pousser Pékin à accélérer sa réforme monétaire, a déclaré Timothy Geithner, le nouveau secrétaire du Trésor américain, en réponse aux questions écrites du comité des finances du Sénat américain. Il a également réitéré sa croyance dans les bienfaits d'un dollar fort.

Les propos de la nouvelle administration américaine tranchent nettement avec ceux de leurs prédécesseurs. En clair, elle accuse la Chine de "manipuler" sa monnaie, de maintenir le yuan à un niveau sous-évalué pour accentuer la compétitivité de ses entreprises sur le marché international. L'équipe de George W. Bush s'est toujours refusé à utiliser publiquement ce terme, même si le département du Trésor de l'époque pressait Pékin de revoir sa politique monétaire depuis 2005 et avait obtenu quelques améliorations.

Selon la loi américain, accuser la Chine de "manipuler" le yuan implique que le Trésor va débuter des négociations avec les autorités chinoises pour réduire le surplus commercial de la République populaire avec les Etats-Unis" et éliminé tout avantage monétaire "injuste". Cette déclaration de Timothy Geithner pourrait également donner le feu vert au Congrès pour rédiger une loi qui rendrait plus difficile l'entrée de produits chinois sur le sol américain.

Cette déclaration est osée, car elle comporte des risques que la Chine refuse de coopérer avec l'administration de Barack Obama sur plusieurs sujets de politique internationale et économique. Les marchés craignent également des représailles de la part de Pékin, qui pourrait se mettre à vendre massivement ses bonds du Trésor américain.

Mais pour Chris Rupkey, chef économiste chez Mitsubishi UFJ interrogé par Bloomberg, étant donné les relations économiques étroites entre la Chine et les Etats-Unis, de telles représailles sont irréalistes. "La Chine détient tellement de bonds du Trésor que (si elle se mettait à vendre massivement, ndlr) elle provoquerait une baisse des cours. Ce qui serait se tirer une balle dans le pied."

En revanche, pour But Ashraf, analyste à Londres également interrogé par Bloomberg, il y a une contradiction entre le soutien déclaré de Timothy Geithner à un dollar fort et ses critiques contre la faiblesse du yuan, spécialement lorsque les Etats-Unis ont besoin que la Chine finance son plan de relance économique via la dette. De plus, il craint que le moment soit mal choisi pour pointer du doigt la politique monétaire de la Chine, alors que celle-ci a vu sa croissance violemment ralentir ces derniers mois.