Les Boliviens se prononcent sur une nouvelle Constitution

Les Boliviens votent dimanche par référendum, à l'appel du président Evo Morales, pour adopter une nouvelle Constitution, permettant surtout au président de se représenter et destinée aussi à donner une place prépondérante aux communautés indigènes, à la justice sociale et au rôle de l'Etat, notamment dans la gestion des ressources naturelles.

Les bureaux de vote ont ouvert dimanche matin en Bolivie à 8H00 locales (12H00 GMT, 13H à Paris), où 4 millions d'électeurs se prononcent par référendum sur un projet de Constitution accordant une plus grande place aux communautés indigènes (Aymara et Quechua). Les Boliviens doivent participer obligatoirement au scrutin qui se terminera à 20H00 GMT.

Le texte veut donner une meilleure représentation aux Indiens au Congrès et plus d'autonomie dans leurs régions, combattre les inégalités sociales les plus criantes et accroître le contrôle de l'Etat sur la vie économique et sur la gestion des ressources naturelles en particulier. Il prévoit que l'Etat bolivien se séparera de l'Eglise catholique en devenant "indépendant" des religions, qu'il reconnaît toutes mais sans statut particulier pour l'une d'entre elles.

Selon les sondages d'opinion, 55% des électeurs devraient voter "oui" à ce référendum qui permettra par ailleurs au président de gauche Evo Morales de briguer un second mandat cette année. Le président aurait souhaité pouvoir ensuite se présenter une troisième fois mais a dû renoncer à cette idée.

Evo Morales a, de fait, dû édulcorer le texte soumis au vote pour répondre aux critiques de la puissante opposition de droite, dont les leaders dans les provinces ont mené l'an dernier une véritable guerre d'usure contre le gouvernement central. Après trois années de polémiques qui ont amené le pays au bord de la guerre civile en septembre 2008, le gouvernement socialiste est parvenu à trouver un compromis avec une partie de l'opposition en remaniant largement le texte. Plus de 150 articles sur 400 ont ainsi été modifiés pour que le Sénat, dominé par la droite, accepte de convoquer le référendum.

Les gouverneurs de régions de Santa Cruz (est), Chuquisaca et Tarija (sud) et Pando au nord ont cependant appelé à voter pour le "non", jugeant trop faible la place accordée aux autonomies régionales. Ruben Costas, le puissant gouverneur de Santa Cruz, la capitale économique du pays, a qualifié le projet de Constitution de "totalitariste".

Les 2.700 bureaux de vote seront surveillés par 200 observateurs de l'OEA (Organisation des Etats américains), de l'Unasur (Union des nations sud-américaines) et de l'Union Européenne.

Evo Morales, un Indien Aymara, est le premier président bolivien issu de la communauté indigène. Au pouvoir depuis trois ans, il a facilement remporté en août dernier un referendum sur son maintien au pouvoir, avec 67% des voix. La majorité de la population bolivienne est d'origine indienne mais la vie politique et économique a longtemps été dominée par une petite élite sociale d'origine européenne.

La nationalisation d'une compagnie pétrolière à l'avant veille du scrutin

A l'avant veille du référendum constitutionnel, vendredi, Evo Morales a annoncé la nationalisation de la compagnie pétrolière Chaco, détenue auparavant à 51% par Pan American Energy, filiale de BP. Le président Morales avait déjà annoncé la nationalisation de Chaco le 1er mai 2008 avant d'ouvrir des négociations avec Panamerican Energy sur les conditions de transfert de la totalité des actions, qui ont échoué. La compagnie publique des hydrocarbures YPFB prendra le contrôle de 99% des actions de Chaco, qui travaille en Bolivie dans l'exploration et l'exploitation de gisements, gère une compagnie d'électricité et une usine de distribution de gaz naturel et de gaz dérivé du pétrole. La Bolivie possède les deuxièmes réserves de gaz d'Amérique du Sud, après celles du Venezuela.
 

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