"Pour la Commission, il est temps de travailler à la coordination des mesures de relance"

A la veille des sommets de Berlin des quatre grands pays de l'UE ce dimanche, et de Bruxelles (1er mars), le secrétaire d'Etat chargé des Affaires européennes, Bruno Le Maire, explique à La Tribune l'attitude française, critiquée notamment à la Commission européenne et à Berlin.

La Tribune : La commissaire européenne à la concurrence, Neelie Kroes, a vivement critiqué mardi soir à Paris les "politiques protectionnistes" créant "des emplois grâce à l'argent des contribuables (?) soudoyant les multinationales et volant les emplois de son voisin". Vous avez rencontré madame Kroes, comment expliquez-vous ses critiques ?

Bruno Le Maire : Nous avons expliqué, en amont, à la Commission européenne avec beaucoup de précision nos mesures. Face à la crise, la priorité est d?apporter des réponses concrètes aux citoyens français et européens. Beaucoup d?Etats membres sont confrontés aux mêmes difficultés que les nôtres et veulent aussi sauver l?emploi dans leur pays. Ce n?est pas le moment de jeter la pierre à qui que ce soit. Les responsables politiques qui le font sont dans l?erreur. Mais pour la Commission comme pour les Etats membres, il est temps maintenant de travailler à la coordination de ces mesures.

Cela pèsera-t-il pour le renouvellement de la Commission ?

La question du renouvellement des fonctions des uns ou des autres n?est pas d?actualité. L?urgence est au règlement de la crise. En tant qu?élu local, je veux pouvoir dire aux citoyens que non seulement le gouvernement français agit avec efficacité, mais que l?Europe intervient aussi pour sauver l?industrie européenne, pour défendre l?emploi.

La France fait l?objet d?une procédure de la Commission pour déficit public excessif, le plan français d?aide à l?auto est critiqué comme protectionniste : la France devient-elle le mauvais élève de l?UE ?

Absolument pas ! La France inscrit toute son action dans le cadre de l?UE et travaille main dans la main avec ses partenaires, en particulier la présidence tchèque. Aucun autre pays européen n?a fait autant que la France pour la coordination des politiques économiques européennes. Et nous continuons à travailler pour une Europe politique plus forte. Le reproche de protectionnisme est inutile et injuste.

Concrètement, à quoi doit ressembler cette "coordination économique européenne" ?

Nous avons déjà réussi à mettre la coordination économique européenne à l?ordre du jour alors qu?il y a encore quelques mois, c?était un tabou. C?est un progrès. La tournée que nous venons d?effectuer avec Patrick Devedjian à Londres, Berlin, Prague et Rome va dans ce sens. La présidence tchèque de l?UE, pour sa part, travaille pour que le Sommet européen extraordinaire consacré à la crise économique du 1er mars à Bruxelles donne des résultats concrets. Le président de la république et la chancelière allemande ont déjà proposé à la Présidence tchèque des priorités pour ce sommet, en particulier la question du crédit.. En plus de la lutte contre le protectionnisme sur laquelle nous sommes tous d?accord, il faudra avancer pour défendre l?emploi, définir une politique industrielle européenne et mettre en oeuvre une coordination plus étroite des actions de relance économique.

Les responsables allemands ont été les plus virulents à critiquer le protectionnisme français. La concertation franco-allemande n?est-elle pas insuffisante ?

Il y a un processus de rencontres régulières entre les responsables français et allemands, qui a toujours existé et qui fonctionne bien. Je suis moi-même tous les quinze jours en Allemagne. Mais il faut renforcer cette concertation pour répondre à la crise économique et financière. Le conseil des ministres franco-allemand du mois prochain pourrait être consacré à la relance économique afin de dégager des réponses communes, notamment pour le secteur automobile préoccupant beaucoup dans nos deux pays. On le voit en Allemagne avec la question du soutien au constructeur Opel. Nous voulons des constructeurs européens plus forts En ce sens le plan de soutien automobile en France est massif et efficace, il répond aux nécessités absolues de ce secteur. Mais la crise est radicalement nouvelle : nous avons besoin d?avancer unis pour préparer l?industrie automobile européenne de demain.

Etes-vous inquiet des difficultés économiques actuelles de plusieurs pays-membres de l?UE en Europe centrale ?

Notons d?abord que la zone euro a bien résisté aux turbulences et que l?euro est donc une protection forte face à la crise. Quant aux pays européens qui n?ont pas l?Euro, il faut être vigilant et garder rigueur et sang froid.

La France est-elle favorable à une suspension des règles du Pacte de stabilité durant la crise ?

Pourquoi suspendre les règles du Pacte de stabilité ? Elles autorisent déjà une certaine flexibilité. En outre, aucun Etat ne peut s?affranchir des règles décidées en commun. Il ne faut pas confondre le court terme - l?urgence de défendre l?emploi et nos compétences industrielles, avec le long terme, soit la réduction de la dette publique en France et dans les autres pays européens, dès que la conjoncture économique le permettra.

Commentaire 1
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Pourquoi on ne supprime pas les chariots au supermarché? Ca va créér aussi des emplois. On fabrique des voitures personne ne veut acheter. Le déficit de la France sera plus de 4% de la PIB. Pendant les très bonnes années comme depuis 2007 avant la cr...

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