Silvio Berlusconi tire à boulets rouges sur "les relents protectionnistes" français

Par Frank Paul Weber, correspondant permanent de La Tribune à Rome  |   |  409  mots
Après son entrevue à Rome avec Gordon Brown, le président du Conseil italien a fustigé "les relents protectionnistes (...) du plan français d'aide à son secteur automobile". Le Premier ministre britannique est favorable à une régulation des "hedge funds" vers plus de "transparence".

Les efforts de Paris pour rassurer ses partenaires sur ses intentions non protectionnistes ne font apparemment guère effet. Le président du Conseil italien, Silvio Berlusconi, vient de critiquer nommément le plan français de soutien à son secteur automobile comme étant "protectionniste". A l?issue d?une rencontre avec le Premier ministre britannique, Gordon Brown, le Cavaliere a fustigé "les initiatives comme la clause "buy American" (introduite par l?administration Obama puis retirée, NDLR) et le plan français d?aide à son secteur auto obligeant à acquérir des composants français ont un relent de protectionnisme".

Il a toutefois ajouté qu?il ne s?agit pas encore de mesures "qui peuvent vraiment faire du mal". "Nous ne devons pas tomber dans le piège du protectionnisme car avec lui rien n?est résolu", a exhorté Silvio Berlusconi.

Le ministre chargé de la mise en ?uvre du plan de relance français, Patrick Devedjian, et le secrétaire d?Etat aux Affaires étrangères, Bruno Le Maire, ont pourtant présenté comme non protectionniste ce plan français mardi dernier à Rome, rencontrant les ministres italiens des Finances et des Affaires étrangères. Mardi prochain, Silvio Berlusconi et Nicolas Sarkozy présideront un sommet bilatéral franco-italien à Rome.

Gordon Brown a lui aussi stigmatisé le protectionnisme comme "ayant causé tant de dommages lors de récessions antérieures". Le dirigeant britannique a par ailleurs indiqué clairement qu?il est favorable à une régulation des "hedge funds", à l?instar des propositions française et allemande à la veille du sommet de Berlin de ce dimanche réunissant Allemands, Français, Britanniques et Italiens pour une position commune en vue du sommet du G20 du 2 avril à Londres devant réformer le système financier mondial.

"Les régulateurs nationaux sont insuffisants quand désormais les flux financiers sont mondiaux", a déclaré Gordon Brown, indiquant être favorable à la régulations "des secteurs financiers sous-régulés", notamment pour plus de transparence ("disclosure et transparency") de la part des hedge funds". Le Premier ministre britannique s?est aussi dit prêt "à aider les économies des pays d?Europe centrale et de l?Est dans leurs difficultés actuelles".

Les deux dirigeants italien et britannique ont aussi indiqué que la lutte contre le réchauffement climatique sera une priorité du sommet du G8 en juillet en Italie, afin de développer une position commune en vue du sommet de Copenhague à ce sujet.