Obama : "Tous les piliers de la reprise" seront en place en 2009 mais la fin de la crise n'est pas pour demain

Par latribune.fr  |   |  766  mots
Les Etats-Unis sont confrontés à une chute record du marché de l'emploi, dont les chiffres ont été publiés dans la nuit de vendredi à samedi. La Fed est inquiète. Même si les chiffres du crédit à la consommation laisse planer un certain optimisme.

Le président américain Barack Obama estime que "tous les piliers de la reprise" aux Etats-Unis seront en place en 2009. Dans un entretien publié samedi 7 mars sur le site internet du "New York Times", le président américain a indiqué que le temps qu'il faudra "avant que la reprise ne se traduise par un marché de l'emploi plus fort dépendra d'un grand éventail de facteurs", ajoute le président. "Je ne pense pas que quiconque puisse lire dans une boule de cristal".

Cette déclaration intervient alors que plusieurs signes laissent penser à une crise plus longue que prévue. Ainsi, samedi 7, le président de la Réserve fédérale américaine, Ben Bernanke, a déclaré que la Banque centrale continuerait d'agir "aussi longtemps que nécessaire" avec "tous les instruments à sa disposition" pour restaurer la stabilité financière et la croissance. Jusqu'à présent, le président de la Fed n'avait jamais fait mention d'une durée quelconque pour son intervention. En disant être prêt à agir "aussi longtemps que nécessaire", M. Bernanke ajoute donc une nuance peu optimiste.

De plus, les chiffres officiels du chômage publiés vendredi 6 ont montré un marché de l'emploi en chute libre. Au bout de quinze mois de récession, le pourcentage de la main-d'oeuvre employée ayant perdu son emploi est désormais supérieur à ce qu'il avait été pendant les quinzepremiers mois de celle de la récession de 1981-1982, très meurtrière pour l'emploi. Mais cette phase de repli économique s'était arrêtée au bout de seize mois, alors que la récession actuelle ne semble pas près de s'achever.

Certes, une note plus optimiste est venue de la publication, vendredi 6 dans la nuit européenne, des chiffres de l'encours des crédits à la consommation aux Etats-Unis. Ils sont remontés en janvier contre toute attente, en hausse de 3,8 milliards pour atteindre 2.564,4 milliards de dollars, gagnant 0,8% en rythme annuel par rapport à décembre, après trois mois de baisse, selon les chiffres corrigés des variations saisonnières publiés vendredi par la Réserve fédérale. Cette hausse a surpris les analystes, qui tablaient sur une baisse de 5,0 milliards de dollars de l'encours de ces crédits. C'est une bonne nouvelle pour l'économie américaine, car l'emprunt y finance une bonne part de la consommation, moteur traditionnel de la croissance actuellement en panne. Cependant, ces chiffres doivent être lus avec prudence car ils sont sujets à de fortes révisions d'un mois sur l'autre.

Dans son entretien avec le "New York Times", Barak Obama évoque également la nécessité d'une coordination avec les autres pays "parce que ce qu'une partie de ce que nous voyons en ce moment sont des faiblesses en Europe qui sont en réalité plus importantes qu'ici et qui ricochent vers nous et ont un impact sur nos marchés".

Le président envisage de dépenser 250 milliards de dollars supplémentaires pour sauver les banques américaines. Il estime que cette nouvelle provision inscrite au budget devrait suffire.

"Nous allons nous assurer que le système financier est stabilisé avec les ressources à disposition. Nous pensons que les 250 milliards sont une bonne estimation et n'avons pas de raison de réviser cette estimation dans le budget", dit-il, ajoutant vouloir "[faire] tout ce qu'il faut pour éviter" d'avoir à demander au Congrès une rallonge pour renflouer encore le système financier.

Au final, dans une allocution prononcée samedi 7, le président américain s'est déclaré dans l'incapacité d'annoncer un rebond dès cette l'année. "Depuis le jour de mon investiture, je sais que sortir de cette crise ne sera pas chose aisée, que cela ne se produira pas du jour au lendemain, et que nous resterons confrontés à des jours difficiles dans les mois à venir", a-t-il dit.

Dans cette allocution, Barack Obama s'est engagé à mettre un terme aux pratiques budgétaires "irresponsables" qui appartiennent selon lui "au passé". Il a déclaré que son administration avait hérité d'un déficit budgétaire de 1.300 milliards de dollars (1.030 milliards d'euros) qu'il a qualifié d"'irresponsable et d'insupportable". L'administration Obama, qui a présenté le mois dernier un projet de budget pour 2010 de 3.552 milliards de dollars, table sur un déficit budgétaire record de 1.752 milliards de dollars en 2009, réduit à 1.171 milliards en 2010.

"C'est une estimation honnête d'où nous en sommes et où nous devons aller", a affirmé Barak Obama, qui veut réduire le déficit de moitié d'ici à la fin de sa présidence en 2013.