Polémique entre les Etats-Unis et l'Europe sur les plans de relance de l'économie

Les Etats-Unis ont appelé cette semaine les pays du G20, dont le sommet est prévu le 2 avril à Londres, à maintenir leurs mesures de relance budgétaire jusqu'en 2010 au moins. Plusieurs responsables français et européens ont exprimé de fortes réticences tandis que la Grande-Bretagne s'est rapprochée des positions américaines.

Le ton monte entre les Etats-Unis et l'Union européenne sur leurs plans respectifs de relance, alors que le sommet économique du G20 qui réunit pays industrialisés et grands pays émergents est prévu le 2 avril à Londres et que les ministres des Finances des pays concernés se retrouvent à Londres ce vendredi et demain samedi 14 mars.

Washington a accentué sa pression sur l'Union européenne, l'invitant à faire davantage en matière de politique de relance face à la crise économique. Le secrétaire au Trésor américain, Timothy Geithner, a notamment exhorté mercredi les membres du G20 à s'engager "dans des actions importantes et soutenues qui coïncident avec la durée prévisible de la crise", c'est-à-dire au moins jusqu'en 2010. Aux Etats-Unis, une grande partie des 787 milliards alloués par le plan de relance promulgué en février doit être débloquée cette année-là.

L'appel du Fonds monétaire international (FMI) à mettre en oeuvre des mesures de relance équivalent à 2% du PIB chaque année en 2009 et 2010 est une "référence raisonnable pour guider chacun de nos efforts individuels", a également déclaré Timothy Geithner. Vendredi dernier, le FMI avait conseillé aux Etats de commencer à prévoir des mesures de soutien à l'activité pour 2010. Dans un entretien publié lundi, Larry Summers, conseiller économique du président américain Barack Obama, avait déjà lancé un appel similaire.

Le souhait des Etats-Unis s'est toutefois heurté à la réticence de la plupart des Etats européens, à l'exception notable de la Grande-Bretagne, dont le ministre des Finances, Alistair Darling, a jugé mardi qu'"au regard de la plus grave crise économique mondiale depuis des générations, les gouvernements doivent être préparés à en faire davantage".

"Les pays européens font leur part de l'effort" de relance budgétaire, a répondu ce jeudi l'entourage de la ministre de l'Economie, Christine Lagarde. Pour Bercy, c'est surtout la mise en oeuvre "rapide et efficace" des plans de relance européens qui est essentielle. Dans l'entourage de Christine Lagarde, on souligne en outre qu'en Europe l'effet des dépenses sociales est plus important qu'aux Etats-Unis. "On pense qu'il vaut mieux avoir un plan de relance ciblé plutôt qu'un plan qui vise 95% de la population avec un impact amoindri par des effets de fuite vers les paradis fiscaux", explique-t-on ainsi à Bercy.

Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a également estimé ce jeudi que l'Europe devait "s'en tenir" à ses mesures et ne pas céder aux Etats-Unis, dans un entretien à Il Sole 24 Ore. "Personne n'est en mesure d'anticiper l'ampleur et la durée de la crise [?] N'anticipons pas sur les pires scenarii avant de voir les résultats de nos décisions", a-t-il déclaré au principal quotidien économique italien. José Manuel Barroso a estimé que "la situation américaine est très différente de la situation européenne". Pour autant "nous ne sommes pas en compétition avec les Américains", a-t-il déclaré.

La présidence tchèque de l'UE s'est également montrée très réservée sur les appels des Etats-Unis, soulignant mercredi la nécessité pour l'Europe de contrôler les déficits publics. "Il est vrai que les Américains mettent la main au portefeuille, mais ils n'en sont pas à demander l'aide du FMI, ils n'ont pas à se soucier de stabilité économique pour préserver l'intégrité de leur zone monétaire", a déclaré le vice-Premier ministre tchèque chargé des Affaires européennes, Alexandre Vondra, au parlement européen. Plusieurs Etats de l'UE (Hongrie, Lettonie, Roumanie) ont été contraints de demander des prêts au FMI et aux autorités européennes pour faire face à leurs difficultés financières liées à la crise.

Lundi, les ministres des Finances de la zone euro ont pour leur part clairement rejeté l'appel de Washington à ouvrir davantage les cordons de la bourse.

La Banque mondiale et le FMI craignent désormais un recul de la croissance mondiale en 2009, pour la première fois depuis 1945. Pour stimuler leur économie, les Etats-Unis ont lancé en février un plan de relance doté de 787 milliards de dollars, représentant un effort de quelque 5,5% de leur PIB. Ils tablent sur un déficit budgétaire abyssal de 12,3% en 2009 et de 8% en 2010.

Les pays de l'Union européenne ont engagé des mesures d'un montant total moins important, évalué à 400 milliards d'euros (500 milliards de dollars) par la Commission européenne pour 2009 et 2010, soit 3,3% de leur PIB. Leur déficit public moyen devrait s'élever à 4% cette année, selon Bruxelles.

Commentaires 5
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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On essaie de faire redémarrer un moteur qui semble avoir calé. En fait, le moteur est mort ! Il faut le changer par un autre qui soit meilleur et différent !

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Bon article...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Nos dirigeants n'ont pas encore compris que l'on ne répare pas une machine ancienne avec des pièces de rechange usagées. Cette machine là restera poussive et tombera en panne de façon imprévisible et ne sera donc pas fiable. Comment peut-on accorder ...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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c est vraiment tres inqietant

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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un nouveau moteur, oui, mais écolo et moins rapide !

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