Les pays d'Europe de l'Est inégaux face à la crise

Gel des flux de capitaux internationaux, demandes d'aide au Fonds monétaire international ou à l'Union européenne, valse des Premiers ministres en République tchèque ou en Lettonie... Depuis le début de l'année, les pays d'Europe de l'Est suscitent l'inquiétude des investisseurs. Pourtant, la vulnérabilité des pays d'Europe centrale et orientale (Peco) face à la récession n'est pas homogène.

En Europe, ils passent pour être les principales victimes de la crise économique. Mais les pays d'Europe centrale et orientale (Peco) sont ne sont pas éprouvés de la même manière. Parmi les pays les plus exposés, les pays baltes (Estonie, Lettonie et Lituanie). En témoigne la situation de l'Estonie, dont le taux de chômage avoisine les 12% en janvier, d'après Eurostat. Le gouvernement prévoit, depuis mardi, une baisse du produit intérieur brut (PIB) de 8,5% en 2009. Sachant qu'en 2006 et en 2007, Tallin avait vu son PIB croître respectivement de 10,4% et 6,3%.

Même son de cloche pour la Lettonie, confrontée à l'effondrement de son économie. Au mois de décembre 2008, Riga a notamment décroché une aide financière de 7,5 milliards d'euros auprès du FMI et de l'Union européenne. Sous pression, le Premier ministre Ivars Godmanis a démissionné en février, remplacé par Valdis Dombrovskis, ancien ministre des finances.

Quant à la Lituanie, son gouvernement s'attend à une chute du PIB de 10,5% en 2009, après une hausse de 3% l'an passé, d'après le bureau national des statistiques. Par ailleurs, Vilnius affiche un déficit budgétaire de 3,2% pour 2008, supérieur aux 3% des critères de Maastricht exigés pour rejoindre la zone euro.

"Ces pays sont dans une situation très risquée, s'alarme Juan Carlos Rodado, économiste, spécialiste des marchés émergents chez Natixis. Le retournement du boom du crédit les affecte particulièrement le secteur privé étant d'ailleurs fortement endetté en devises étrangères." Par ailleurs, "ces pays sont aussi fortement dépendants des flux de capitaux internationaux, lesquels se sont soudainement arrêtés avec la crise". Autre facteur aggravant, "l'éclatement de la bulle immobilière depuis 2007 pénalise la demande interne", poursuit l'économiste.

"Du sang et des larmes"

A côté des pays baltes, la Roumanie, la Bulgarie et la Hongrie ne semblent pas en meilleure posture. Ce lundi, l'agence Standard & Poors (S&P) a dégradé la note souveraine de la Hongrie (qui passe de "BBB" à "BBB-"), invoquant la détérioration des indicateurs économiques et budgétaires du pays. D'après les prévisions de S&P, Budapest devrait voir son PIB fondre de 6% en 2009. Misant sur une politique de rigueur, le nouveau Premier ministre hongrois, Gordon Bajnai, qui remplace le socialiste Ferenc Gyurcsany, a déjà promis "du sang et des larmes" pour sortir le pays du marasme économique.

De son côté, la Roumanie a obtenu, la semaine dernière, une aide d'environ 20 milliards d'euros du FMI, de l'Union européenne et de la Banque mondiale. Pour "limiter les effets d'une forte chute des flux de capitaux, tout en réduisant les déficits extérieurs et fiscal", a expliqué le FMI dans un communiqué. "Les risques sont similaires à ceux des pays baltes, mais leur endettement en devises étrangères est moins conséquent", analyse Juan Carlos Rodado.

Touchées par la contraction du commerce mondial, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie (ce dernier pays étant membre de la zone euro depuis  le 1er janvier) s'en sortent un peu mieux que leurs voisins. Ainsi, la croissance de la Pologne sera positive en 2009, a déclaré Grazyna Henclewska, vice-ministre de l'Economie, à l'agence polonaise PAP, "même si elle ne dépassera pas les 2%".

Longtemps épargnée par la crise économique, la République tchèque a toutefois vu son PIB reculer de 0,6% au quatrième trimestre 2008 par rapport aux trois mois précédents. La démission de son Premier ministre, Mirek Topolanek, le 24 mars, est plus due à des divergences liées à l'intégration européenne (Prague assure la présidence de l'Union depuis le 1er janvier), qu'à la récession. Pour Juan Carlos Rodado, "la République tchèque et la Slovaquie bénéficient d'un important tissu industriel qui leur offre un potentiel de rebond en cas de reprise de la demande européenne".

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