Aides aux banques : Bruxelles demande des contreparties

Quelque 3.000 milliards d'euros ! C'est le montant des aides publiques aux banques déjà autorisées dans l'Union européenne, dont 2.300 milliards "virtuels", car correspondant à des garanties, et 700 milliards, eux, bien réels. La commissaire européenne à la Concurrence, Neelie Kroes, a repris l'offensive ce mercredi, exigeant en contrepartie de ces aides de sévères restructurations.

La Commission européenne a chiffré ce mercredi les aides au secteur financier auxquelles elle a donné son feu vert depuis le début de la crise : 3.000 milliards d'euros, soit environ 25% du produit intérieur brut (PIB) de l'Union européenne (UE).

Cette impressionnante facture est cependant en partie virtuelle: 2.300 milliards d'euros correspondent à des garanties qui ne seront dépensées que si le bénéficiaire fait défaut. Toutefois, s'y ajoutent environ 300 milliards d'euros de bien réelles recapitalisations et 400 milliards d'aides au sauvetage ou à la restructuration.

A titre de comparaison, pour les plans de relance face à la récession, les mesures engagées par les pays de l'UE sont évaluées à 400 milliards d'euros au total pour 2009 et 2010, soit 3,3% du PIB. Et encore, la moitié résulte de l'augmentation automatique en temps de crise des systèmes de protection sociale tels l'assurance-chômage. Les Etats-Unis ont appelé les Européens à mettre davantage d'argent sur la table, mais beaucoup de gouvernements rechignent à laisser filer leurs déficits.

L'addition des banques pourrait encore grimper. La question des actifs douteux n'est toujours pas tranchée dans la plupart des pays, et la création de structures spéciales pour les accueillir, comme vient de l'annoncer l'Irlande, pourrait coûter cher.

En attendant, plusieurs dossiers bancaires sont toujours sur le bureau de la commissaire européenne à la Concurrence, la néerlandaise Neelie Kroes. Après sept mois de crise, cette dernière reprend l'offensive. "Il incombe désormais aux établissements financiers d'assainir leur bilan et de se restructurer pour garantir un avenir viable", a-t-elle affirmé ce mercredi.

Mi-mars à Francfort, elle avait déjà averti qu'elle n'était "pas là pour faire plaisir" et que "des demi-solutions n'aideront pas", évoquant la nécessité de "restructurer ou fermer des banques, afin que les survivantes aient de meilleures chances".

Elle prévenait aussi que sauver une institution financière ne suffirait pas à justifier n'importe quelle fusion bancaire, disant n'avoir "aucun intérêt à autoriser la création de davantage de groupes "trop grands pour tomber" ("too big to fail"). Une allusion à l'argument de certains gouvernements pour voler au secours de grands groupes, bancaires ou même automobiles, au motif que leur chute fragiliserait toute l'économie.

Dexia et la Commerzbank dans le collimateur

La banque franco-belge Dexia est notamment dans le collimateur de Neelie Kroes, qui a ouvert une enquête approfondie car elle doutait que sa "viabilité" soit assurée après le plan d'aide consenti par les gouvernements français, belge et luxembourgeois.

Le ton monte aussi entre Bruxelles et Berlin concernant la Commerzbank, déjà renflouée de quelque 8 milliards d'euros l'an dernier. Le ministre allemand des Finances, Peer Steinbrück, s'est impatienté samedi de la lenteur de Bruxelles à autoriser une rallonge de 10 milliards alors que la banque risque d'"approcher du dépôt de bilan".

D'après la presse allemande, la Commission ferait pression pour que Commerzbank cède des pans entiers d'activité, notamment en Europe de l'Est. Bruxelles n'a pas voulu commenter, arguant de la confidentialité de ses discussions avec les autorités allemandes.

Commentaire 1
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Qui veut encore croire que la burocratie de l'UE peut sauver les PME? Toujour une longueur de retard par rapport à la maffia des coles blancs qu'eux se autoprotegent avec des sommes faramineuses qui personne n'est en messure de dire quand et comme il...

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