Reportage : un Français au Mexique en pleine grippe porcine

Par Sébastien Couasnon, au Mexique  |   |  556  mots
Journaliste à BFM Radio où il présente chaque jour de 15 à 17 heures Intégrale Bourse avec Sidonie Watrigant, Sébastien Couasnon est parti au Mexique. Il raconte la situation sur place face à l'épidémie de grippe porcine.

Une semaine après le déclenchement de l?alerte sanitaire, le Mexique retient son souffle. Car les jours qui viennent seront cruciaux. Le président Felipe Calderon, qui s?était peu exprimé jusque là, est intervenu à la télévision mercredi soir : ses concitoyens doivent collaborer pour éviter toute propagation massive du virus.

En attendant, les 106 millions de Mexicains vivent au ralenti. C?est d?abord vrai à Mexico, où la plupart des cas suspects de grippe porcine ont été détectés. La fréquentation des restaurants est en chute libre. Cinémas, discothèques et musées sont fermés jusqu?au 5 mai. Désormais, ce sont les administrations qui vont refuser le public, et ce dans tout le pays, à commencer par les écoles (tous niveaux confondus). Seuls certains services indispensables comme les hôpitaux, le ramassage des ordures, ou les stations essences (publiques au Mexique, grand producteur de pétrole) restent ouverts.

Les grands media (Televisa, CNN en español, etc.) consacrent l?essentiel de leurs journaux à l?épidémie. Des docteurs et autres responsables de la santé publique répondent aux questions des téléspectateurs. Il est ainsi répété fréquemment que la grippe porcine se transmet de personne à personne, en moins d?une semaine les ventes de viande de porc au Mexique ont toutefois fondu de 85%.

Par prévention, il est fortement recommandé de porter un masque de protection (notre photo) et de se laver régulièrement les mains. Aussi, dès lundi, pharmacies et supermarchés ont été pris d´assaut. Même dans une ville comme Guadalajara (5 millions d?habitants) où pourtant aucun cas de grippe porcine n?a été détecté jusqu?à ce jour, il est pratiquement impossible de se procurer dans le commerce masques (« cubrebocas ») et autres produits antibactériens pour les mains.

Pour ceux qui ont la chance d?être équipés, il est difficile de garder son masque des heures durant alors que le thermomètre dépasse les 30 degrés sur la quasi-totalité du territoire. Difficile aussi du jour au lendemain de ne plus embrasser ses proches et de ne pas serrer la main tendue par son coiffeur ou son voisin lorsqu?ils vous saluent.

Les suspensions de vols vers le Mexique annoncées par l?Argentine ou le Pérou ne sont pas comprises par la population mexicaine qui y voit une mise en quarantaine injuste voire ridicule au vu d?un problème mondial. Au Mexique, le secteur du tourisme est déjà lourdement affecté par la fermeture des sites archéologiques et le report de nombreux voyages au départ de l?Europe ou d?Amérique du Nord. Ces fermetures ont vidé les hôtels de la capitale. La chute est cependant moins forte pour le moment dans des villes comme Puerto Vallarta sur la côte Pacifique. La station balnéaire, très prisée des Américains, annonce des réservations en baisse de « seulement » 20%.

Ce jeudi, les Mexicains semblent soulagés de voir que les autorités sanitaires américaines ne recommandent pas la fermeture des frontières avec le pays, «le virus est déjà passé au travers », selon les propres mots de Barack Obama, prononcés lors de la conférence de presse à l?occasion de ses 100 jours à la Maison Blanche.