BCE : le taux directeur en passe d'être baissé à 1%

Par Isabelle Croizard  |   |  509  mots
La Banque centrale européenne (BCE) devrait baisser ce jeudi son principal taux directeur et atteindre ainsi un nouveau plancher historique, à 1%, depuis la création de l'institution monétaire en 1998.

C'est dans un contexte très particulier que va se dérouler le conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) ce jeudi. Un climat où flotte un parfum de renouveau de l'économie mondiale, caractérisé par l'apparition de "green shoots", ces bourgeons identifiés par Ben Bernanke, président de la Réserve fédérale américaine. Ils sont moins développés dans la zone euro qu'aux Etats-Unis, où bon nombre d'indicateurs virent au vert, ce qui a permis à Bernanke d'afficher son optimisme mardi et de prédire une reprise avant la fin de l'année.

Mais son homologue de la BCE, Jean-Claude Trichet, a donné un rendez-vous plein de promesses à ses interlocuteurs le mois dernier et les marchés ne lui pardonneraient pas de les décevoir. Seulement voilà?: Trichet n'est qu'un "primus inter pares» et la cassure entre "faucons" et "colombes" n'a cessé de s'élargir depuis le conseil d'avril.

C'est clair?: il faudra bien trouver un consensus, mais aucune décision ne pourra être prise à l'unanimité. Le débat tourne autour de trois questions. La première concerne le plancher souhaitable pour le taux de refinancement. Actuellement à 1,25%, le principal taux directeur de la BCE devrait être abaissé à 1%, le point bas de son histoire. Mais ce mur est-il infranchissable?? Autrement dit, la décision probable de ce jeudi est-elle la dernière du cycle?? Si l'on décortique les interventions récentes des gouverneurs, le cycle de détente des taux serait proche de son terme.

Deuxième sujet litigieux: est-il envisageable de laisser tomber à zéro le taux des dépôts, actuellement de 0,25% et qui fait office de vrai faux taux directeur, puisque c'est sur lui que s'aligne le taux au jour le jour, l'Eonia? C'est peu probable, ce qui signifie qu'elle laisserait ce taux plancher inchangé, réduisant à nouveau, comme au plus fort de la crise du crédit, le corridor d'encadrement de son taux directeur qu'elle avait "normalisé" à 100 points de base. Avec, pour inconvénient, d'empêcher le marché interbancaire de répercuter pleinement la détente du taux directeur officiel.

Le troisième contentieux porte sur l'élargissement de l'arsenal de mesures non conventionnelles. Il semble exclu que la BCE s'engage dans un programme de rachats d'obligations souveraines. Outre les difficultés juridiques qu'il soulève en Europe, ceux mis en place par la Fed et la Banque d'Angleterre ont montré les limites de leur capacité à maintenir les taux à long terme au plus faible niveau possible. La BCE veut à tout prix éviter d'être en situation d'échec.

Il est également peu probable qu'elle intervienne beaucoup plus activement sur le marché des obligations d'entreprises, compte tenu de la part prépondérante du financement bancaire de l'activité dans la zone euro. En revanche, soucieuse avant tout de soutenir le système bancaire, à qui elle fournit des quantités illimitées de liquidités, la BCE devrait allonger la maturité des opérations de refinancement des banques commerciales jusqu'à au moins un an, contre six mois actuellement.