Une semaine marquée par la récession qui s'amplifie en Europe

Par latribune.fr  |   |  935  mots
A la Une de l'actualité cette semaine, l'amplification de la récession en France et dans la zone euro. L'adoption de la loi "Création et Internet", les nouvelles pertes de Natixis, et l'amende record infligée à Intel ont également fait les gros titres.

La récession s'amplifie en France et dans la zone euro

La dégradation de l'économie française s'est poursuivie au premier trimestre. Le Produit intérieur brut (PIB) a ainsi reculé de 1,2% sur les trois premiers mois de l'année. Et en glissement annuel, la chute atteint 3,2%. Face à cette forte contraction de l'activité, le ministère de l'Economie a abaissé ses prévisions pour l'ensemble de l'année, tablant désormais sur une chute de 3%, contre un repli de 1,5% précédemment attendu. La récession, qui se définit communément par deux trimestres consécutifs de baisse du PIB, aurait en réalité débuté dès le deuxième trimestre 2008, selon les nouvelles estimations dévoilées ce vendredi par l'Insee. La France a en effet vu son PIB reculer de 0,4% au deuxième trimestre 2008 puis de 0,2% au troisième trimestre, pour lesquels l'Insee donnait jusqu'alors respectivement un recul de 0,3% et une progression de 0,1%. Le quatrième trimestre, au cours duquel la France a encaissé de plein fouet l'impact de la crise internationale, s'est soldé par un plongeon du PIB de 1,5%. Au total, la croissance française en 2008 s'établit donc à seulement 0,3%, contre une précédente estimation de 0,7%.

La situation n'est pas meilleure chez nos voisins. La zone euro s'est enfoncée ainsi un peu plus dans la récession au premier trimestre, avec un recul de 2,5% de son PIB par rapport au trimestre précédent, une baisse sans précédent. L'Union européenne dans son ensemble a également enregistré une contraction historique de son activité de 2,5%, après un repli de 1,5% au trimestre précédent. En Allemagne, la première économie de la région, le PIB a plongé de 3,8% sur la période. Il a reculé de 1,8% en Espagne et de 2,4% en Italie. La chute atteint 1,5% au premier trimestre au Portugal, 2,8% aux Pays-Bas, 3% au moins en République tchèque, 2,6% en Roumanie et 2,8% en Autriche.

La loi "Création et Internet" enfin adoptée

Les débats parlementaires autour du projet de loi "Création et Internet" permettant notamment de lutter contre le téléchargement illégal, sont clos. Par leur vote majoritairement favorable par 188 voix contre 14, les sénateurs en ont signé l'épilogue. Toute l'UMP et la grande majorité des centristes ont voté pour, la gauche n'a pas pris part au vote. Seuls les sénateurs Verts et du Parti de gauche ont voté contre. Avant que le projet ne se transforme en loi, la ministre de la Culture, Christine Albanel, doit encore franchir quelques étapes, notamment le Conseil constitutionnel que le parti socialiste a décidé de saisir. Elle devra également s'arranger du vote du parlement européen sur le "paquet télécoms", s'opposant aux suspensions d'accès Internet par une autorité autre que judiciaire. Or, le texte français prévoit qu'une Haute autorité pour la diffusion des oeuvres et la protection des droits sur Internet (Hadopi), institution administrative, sanctionne le téléchargement illégal en suspendant de deux mois à un an l'accès Internet après deux mises en garde ("riposte graduée"). Point rassurant pour le gouvernement français, la Commissaire européenne Viviane Reding chargée des nouvelles technologies, a réagi juste après l'adoption, jugeant qu'il n'y avait rien d'illégal dans le texte même s'il lui déplaît "politiquement".

Nouvelle perte pour Natixis

Nouvelle perte trimestrielle pour Natixis, la quatrième consécutive. La filiale commune des groupes Banque Populaire et Caisse d'Epargne a en effet accusé un déficit de 1,839 milliard d'euros au premier trimestre de l'année. Ces pertes sont dues à la structure de cantonnement de l'établissement, qui regroupe un portefeuille d'actifs illiquides d'une valeur de 33,7 milliards d'euros. Ces derniers sont ainsi isolés du reste des actifs de l'établissement. A elle seule, cette structure a dégagé un déficit de 1,876 milliard d'euros. Du coup, la perte réalisée par Natixis au premier trimestre est plus de trois fois supérieure au consensus des analystes réalisé par Dow Jones Newswires, qui tablait sur un résultat négatif de 518 millions d'euros. Pour faire face à cette nouvelle perte, les deux actionnaires, Caisse d'Epargne et Banque Populaire vont injecter 3,5 milliards d'euros: 1,5 milliard d'euros sous forme d'avance et 2 milliards sous forme de titres de dette.

La Commission européenne inflige une amende record à Intel

1,06 milliard d'euros. Voila le montant qu'Intel, le numéro un mondial des microprocesseurs, devra payer, pour abus de position dominante. Cette amende représente 4,15% de son chiffre d'affaires annuel, alors que le droit autorise Bruxelles à aller jusqu'à 10%. Il aura fallu pas moins de neuf années de procédure, amorcée par une plainte du numéro deux mondial des microprocesseurs AMD, pour permettre à la Commission européenne d'établir qu'Intel avait entravé l'émergence d'une concurrence sur le marché des microprocesseurs. Cette amende est supérieure à celle infligée à Microsoft en 2004 (497 millions d'euros, depuis alourdie à 899 millions d'euros pour non-respect des sanctions imposées). La Commission reproche au numéro un mondial des microprocesseurs, qui équipe 80 % des ordinateurs dans le monde, d'avoir voulu marginaliser son concurrent AMD par différentes pratiques commerciales déloyales. En consentant, par exemple, des rabais indus à des distributeurs et constructeurs informatiques pour établir une relation exclusive ou presque, en dédommageant certains fabricants en échange du ralentissement ou de l'annulation de leurs commandes à AMD, ou encore en vendant des produits à des prix inférieurs à leurs coûts de fabrication. Le feuilleton pourrait connaître d'autres épisodes, Intel ayant décidé d'interjeter appel de la décision.